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Appels à contributions
Écrire à la chaîne. Génétique des productions sérielles (Genesis, n° 54)

Écrire à la chaîne. Génétique des productions sérielles (Genesis, n° 54)

Publié le par Marc Escola (Source : Matthieu Letourneux)

Appel à contributions

Écrire à la chaîne

Génétique des productions sérielles

Genesis, n° 54

 

Publiée par Sorbonne Université Presses et par voie numérique (https://journals.openedition.org/genesis/), la revue Genesis  (Manuscrits-Recherche-Invention) est spécialisée en critique génétique. Elle prépare un numéro consacré à la génétique des productions sérielles sous la direction de Matthieu Letourneux et de Luce Roudier.

 

Argumentaire

Traditionnellement liée à un questionnement sur la singularité du geste artistique à travers l’étude des différentes étapes de la création, la critique génétique s’est peu intéressée aux productions sérielles. Or, la logique poétique et esthétique propre à celles-ci engage un processus spécifique. En effet si par œuvres sérielles, nous entendons toute création qui met en jeu, dans ses logiques de production ou de réception, un ensemble plus vaste d’œuvres qui lui sont liées et à partir desquelles elle se pense, alors de telles productions sont caractérisées par des logiques de création contraintes que l’étude génétique aura vocation à restituer.

Qu’il s’agisse de textes investissant volontairement un ensemble de conventions (fictionnelles ou médiatiques), de récits publiés dans une collection fortement thématisée (comme Harlequin ou la Série noire), de modalités d’écriture contraintes par les modes de publication sériels (livraisons, feuilletons, fascicules), de fictions de genre (policier, sentimental), d’œuvres à personnage récurrent ou liées à des cycles romanesques, ou encore de fictions s’inscrivant dans un ensemble transmédiatique plus large (comme les novellisations), les cas de productions sérielles sont variés, mais ils mettent tous en jeu des questions liées à l’unicité de l’œuvre et à l’autonomie du geste artistique. Ces questions sont au cœur de la réflexion génétique.

L’étude génétique de la production sérielle nous invite à considérer attentivement les techniques et les routines d’écriture mises en place pour répondre aux contraintes de productivité et de lisibilité des œuvres sérielles. Ainsi, pour donner une série d’exemples ; il s’agit de penser la genèse d’une œuvre dont l’éditeur se présente comme un acteur essentiel de sa création et de sa sérialisation, soit en intervenant directement sur celle-ci, soit tout simplement en orientant l’horizon d’attente par ses choix de publication. Comment penser cette genèse quand la création de l’œuvre (novellisation, produit dérivé…), inscrite dans un système médiatique plus large qui l’encadre, est soumise à l’intervention de toute une série d’acteurs secondaires spécifiques (ayant-droits, responsables marketing, propriétaires de la licence) ? Plus simplement, quelle incidence a sur le processus de création le fait de « jouer le jeu » des stéréotypes, de choisir d’écrire une œuvre qui se conforme au genre ou au support dans lequel elle s’inscrit ? Comment, de même, se met en place le système de la production sérielle, chez des auteurs habitués à produire à intervalles rapides de nouvelles aventures d’un même personnage ? Comment, a contrario, de telles logiques laissent-elles une place aux stratégies de singularisation – quelle place fait-elle, autrement dit, à ce qu’on a coutume d’appeler auteur ?

C’est toute cette machinerie sérielle, au cœur de la création des 19ème et 20ème siècles (celle des productions des industries culturelles et médiatiques en particulier) que nous souhaiterions étudier dans ce numéro de la revue Genesis, afin de comprendre si de telles logiques engagent des processus d’écriture spécifique dont l’étude génétique permettrait de rendre compte.

Les propositions pourront en particulier porter sur les questions suivantes :

- Genres populaires et génétique des œuvres de genre.

- Pratiques d’écriture épousant les logiques associées à des supports sériels (livraisons, feuilletons, fascicules, nouveaux formats numériques).

- Génétique des œuvres en régime de forte sérialité éditoriale (collections à contrainte ou à unité architextuelle).

- Productions reposant sur un principe de sérialité diégétisée (séries-collections à personnages récurrents, univers-mondes des genres de l’imaginaire…).

- Problèmes de génétique spécifiques aux phénomènes de sérialité transmédiatique et transmédia (cas des novellisations et produits de l’imprimé dérivés des productions d’industries culturelles et médiatiques globales).

- Auctorialité sérielle et principes de singularisation en régime sériel.

- Pratiques créatives de réception en régime sériel (génétique des fanfictions et autres productions de fans).

Les propositions devront mettre en avant la perspective génétique privilégiée (manuscrits, documents, fonds d’archives) et la spécificité des questionnements induits par les logiques sérielles.

*

Les propositions (titre et résumé, 500 mots) et une brève présentation de l’auteur sont à envoyer pour le 30 avril 2020. Elles doivent être adressées à Matthieu Letourneux (matthletourneux@gmail.com) et Luce Roudier (luce.roudier@gmail.com).

Elles recevront une réponse dans un délai d’un mois.

Une fois acceptés, les articles seront à rendre pour le 30 octobre 2020.