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Écrire l'archive

Écrire l'archive

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Fiona McMahon, Sophie Aymès)

Écrire l’archive

Deux  journées d’étude à l’Université de Bourgogne

À l’occasion de deux journées d’études qui s’inscrivent dans les travaux du Centre Interlangues Texte Image Langage de l'Université de Bourgogne, nous proposons d’interroger le rapport à l’archive qu’entretient la littérature anglophone au cours des XXe et XXIe siècles. S’il s’est créé un dialogue riche et complexe entre le document de type mémoriel (écrit historique, archive, chronique, mémoire, témoignage) et l’œuvre littéraire, quelle est son incidence aujourd’hui sur la pratique de l’écrivain et de l’artiste tant au niveau de ses outils d’écriture (ressources / sources) qu’au niveau des cheminements épistémologiques vers lequel son œuvre semble tendre ?

        En poésie si l’écriture assume la démarche archivistique, de quelle façon a-t-elle marqué de son empreinte l’activité du poète ? Par le biais de l’archive la poésie devient le lieu d’une sollicitation grandissante des ressources du langage en puisant en dehors des frontières de la poésie. Tout au long du XXe siècle, les dynamiques hypertextuelle et intermédiale de l’écriture (Muriel Rukseyer, Charles Reznikoff, William Carlos Williams, Ezra Pound, Marianne Moore, John Dos Passos) témoignent de l’interpénétration de l’expérience esthétique et de l’archive. Aujourd’hui la poésie contemporaine de langue anglaise peut se lire comme une conversation engagée entre poètes et les sites archivistiques qu’ils ont élus pour faire œuvre (Rosemarie Waldrop ou Susan Howe, Cole Swenson, Kenneth Goldsmith, Michael Heller, Damien Smyth, Caroline Bergvall, poésie de 9/11, etc.).

            Pour le romancier, l’archive est un objet qui entre dans la production littérature et dans l’examen de ce qui la fonde. L’architecture de l’espace romanesque s’appuie tant sur les modalités mémorielles de l’archive que sur des formes monumentales qui la caractérisent. Aux côtés de la démesure encyclopédique célébrée dans le roman historique, chez des auteurs aussi différents que Paul Auster, Don DeLillo, William Vollmann, Michael Ondaatje ou Julian Barnes le roman contemporain nourrit notre façon de penser l’archive aujourd’hui. L’entreprise métaphorique du roman soulève la question de la représentation de la mémoire dans son rapport à la narrativité. Traces, palimpsestes et d’autres motifs archéologiques chez le romancier s’inscrivent dans cet examen renouvelé des racines du langage.

         L’hybridation que suppose la rencontre de l’œuvre et du document archivistique se manifeste à travers les accents formels du discours pour ensuite faire apparaître l’infléchissement d’une culture mémorielle, objet d’étude chez le philosophe et l’historien que nous nous proposons de prolonger à travers nos questionnements. Les résonances de cette culture posent la question de la mutabilité du signe, de son déplacement vers un espace transgénérique et de sa réception. Des lieux pour entreposer, classer, conserver se métamorphosent au rythme de la progression des technologies nouvelles. Avec l’avènement de la numérisation survient la démocratisation de l’archive et on peut observer que ces sites se transforment pour devenir des lieux de mise en scène, de représentation, de display. L’archive institue ainsi un site vers lequel des écrivains font retour en délimitant un espace pour l’artiste et l’artisan, pour l’imaginaire et pour la fabrique. Nous nous intéresserons ainsi aux recoupements entre le modèle de l’archive en tant que « lieu social » et les limites qu’il suppose (P. Ricoeur), les dispositifs pour l’écriture que l’archive suscite et la dialectique entre réalité et fiction qui sous-tendent tous les gestes matériaux et discursifs qui la fondent. C’est ainsi que nous nous attacherons enfin à mettre en regard les mutations de l’écriture à la rencontre des expérimentations dans les arts où se mélangent performance et création de nouvelles modalités archivistiques. 

            Notre première journée d’étude axée sur l’archive à la croisée de la poésie et la performance se déroulera le vendredi 28 novembre 2014 et la deuxième, axée sur le roman dans ses rapports à la création d’espaces archivistiques le vendredi 7 février 2015. Nous vous invitons à adresser vos propositions de communication pour la journée du 7 février 2015 par voie électronique avant le 1er octobre 2014 à Fiona.McMahon@u-bourgogne.fr  et Sophie.Aymes@u-bourgogne.fr

Les propositions, en anglais ou en français, seront accompagnées d’une courte bio-bibliographie de l’auteur. L’avis de sélection vous parviendra avant le 1er novembre 2014.                                                                           

URL de référence: http://til.u-bourgogne.fr

Centre Interlangues Texte Image Langage, Université de Bourgogne, 2 Bld Gabriel 21000 Dijon 

                                                       Writing the Archive

                         Two one-day symposiums at the University of Burgundy

The research group, “Text, Image, Language” (TIL) at the University of Burgundy (Dijon, France) welcomes contributions to two symposiums on the archive in 20th and 21st century Anglophone literature. The aim of these symposiums is to bring together recent research devoted to the complex interaction between literature and memory writing (historical narrative, testimony, archives, chronicles, memoirs), with a focus on the concept of the archive in literary practice. We invite speakers to consider the influence the archive bears upon the resources of which writers and artists avail, the formal ordering of their work and in a larger sense, the epistemological ends of literary creation.

            If archival methods are increasingly prevalent in poetry, in what manner do they shape poetic practice? One point of entry is to consider how the resources of poetry have extended significantly outside generic boundaries. Throughout the twentieth century, the rise of hypertextual and intermedial writing testifies to the crossover between archival documentary methods and aesthetic experience (Muriel Rukeyser, Charles Reznikoff, William Carlos Williams, Ezra Pound, Marianne Moore, John Dos Passos). It is equally true that amongst English-language writers today there is an enduring commitment to archival experiment as an essential component to poetic construction (Rosmarie Waldrop, Susan Howe, Charles Bernstein, Cole Swenson, Michael Heller, Damien Smyth, Caroline Bergvall, Kenneth Goldsmith, 9/11 poetry, etc.).

          For the novelist, the archive is as much a part of literary production as it is of the appraisal that lies behind processes of documentary recovery. The architecture of the novel borrows both from the conceptual basis of the archive as a storehouse of memory and from the monumental forms of its material reality. Alongside the example of historical novels noted for their sheer encyclopaedic scale, contributions from a wide range of novelists (Paul Auster, Don DeLillo, William Vollmann, Michael Ondaatje, Julian Barnes) shape how we reflect upon the archive today. Through its metaphorical project, the novel sets out to reimagine narrativity as key to the representation of memory. Traces, palimpsests and other archaeological motifs in the contemporary novel lend themselves to this investigation of language and its constructs.

            In addition to the hybrid discourse to which the encounter between literature and the archive gives rise, we shall welcome discussions on the redirection of memorial culture as it is examined amongst philosophers and historians. What this shift in representations of memory implies is a focus on the reception of language as a social instrument. The transgeneric frameworks of the archive that perform functions of storage, classification and preservation are keeping in step with new technologies. Following the digitization and the democratization of memory access, archival sites have come to reflect experiments in mise en scène, representation and display online. Through its vocation as a site for the artisan of technology as well as for the artist, the archive increasingly draws our attention to the crafting of memory. Our research will thus consider how the archive endures as a “social site” (P. Ricoeur), along the divide between reality and fiction, in its attempt to redefine the discursive and material horizons of memory and art. In doing so these symposiums shall explore how archival writing enters into a dialogue with performance arts.

Our first symposium on Friday, November 28, 2014 will focus on the archive in poetry and performance and the second on Friday, February 7, 2015 will examine more specifically the relationship between the novel and archival landscapes. Please send abstracts of 300-500 words for the second symposium to Fiona.McMahon@u-bourgogne.fr and sophie.aymes@hotmail.com by October 1, 2014 along with a brief biographical statement. Proposals may be in English or French and should list paper title, name, institutional affiliation and contact details. Participants will be notified at the latest by November 1, 2014.

Centre Interlangues Texte Image Langage, Université de Bourgogne, 2 Bld Gabriel 21000 Dijon, France.