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13e Congrès de l'association des francoromanistes allemands AFRA : Corps et capital dans le roman du 19e s. (Vienne)

13e Congrès de l'association des francoromanistes allemands AFRA : Corps et capital dans le roman du 19e s. (Vienne)

Publié le par Vincent Ferré (Source : Gisela Febel)

13e Congrès de l'association des francoromanistes allemands AFRA, 21-23 septembre 2022 à Vienne, Autriche
CfP: Section 12: Corps et capital dans le roman du 19e siècle 

Organisatrices:  Dr. Julia Borst, Prof. em. Dr. Gisela Febel,Université de Brême
borst@uni-bremen.de, febel@uni-bremen.de

Corps et capital dans le roman du XIXe siècle
Au XIXe siècle, le roman devient le genre populaire par excellence. Dans notre section, nous nous proposons d’analyser comment les images du corps et les politiques du capital s'inscrivent dans l’imaginaire et la mémoire de la société française à travers les romans populaires du XIXe siècle. La circulation des biens et des capitaux, les changements dans les
secteurs financier et commercial ainsi que l'ascension et la chute sociale des personnages, causées toutes les deux par le capitalisme croissant, forment des aspects centraux de ces romans. Du point de vue du « body turn » (Gugutzer 2006) et des Body Studies (DeMello
2014), nous proposons une relecture de ce thème intimement lié à la représentation des corps
et aux pratiques d'incorporation et d’incarnation.
Depuis Bourdieu (1979), nous savons que le corps est un capital social. Il est marchandise et moyen de production, signe symbolique d’appartenance à une classe sociale, base du Self- Fashioning (Greenblatt 1980) et de la mode, lieu pour négocier les relations des sexes, des genres et de pouvoir (Butler 1995), motif pour exclusions sociales et racisme ; le corps est objet de châtiments, de sanctions et de contrôle social (Boltanski 1976, Foucault 1975), support d'affects, d'obsessions et de maladies ainsi que lieu de rébellion et de résistance (DeMello 2014). Les mécanismes de contrôle affectif et les liens sociaux telles que la honte, l’amitié, l’amour et la loyauté sont négociés à travers lui (Neckel 1991 ; Luhmann 1982 ; Eribon 2013). Les romans racontent tout cela. En outre, ils mettent en scène des catégories de classification et de hiérarchisation des corps capitalisés comme ceux des ouvriers et ouvrières, des courtisanes,
des corps (souvent) féminins obsédés de consommation ou réduits à l’état de marchandise (Bowlby 1985 ; Bell 1988), des corps gras d’industriels et de banquiers ; les processus industrialisés de la production « humaine » (p. ex. mannequins, prothèses, androïdes, corps mécaniques) ou les métaphores du corps utilisées pour décrire les structures capitalistes
(processus de digestion, cannibalisme, etc.). Les figures de la négation du caractère commercial du corps, repérables dans le cas des grévistes ou des gavroches, les suicides et les attentats anarchistes, etc., appartiennent également à la question du corps et du capital – du corps comme capital.
Au fil du développement récent des biotechnologies, la question de la capitalisation des corps humains s’est davantage posée (Lettow 2015). Des voix critiques telles que celle de Fraser (2013) soutiennent que la tendance, apparue au XIXe siècle, à étendre la logique du marché à tous les domaines de la société et de la nature, doit être freinée. Les dérives d'un tel marketing universel du corps et les figures des perdants dans ce processus de capitalisation sont décrites dans les romans de Balzac, Zola et Vallès, Hugo et Sue, Flaubert, Maupassant, Verne et Gaboriau, George Sand et Camille Bias, George de Peybrune et Louise Vallory, Georges Darien et Maurice Barrès, etc. Dans cette section, nous analyserons les intrications du corps et du capital dans la littérature au XIXe siècle.

Pour proposer une contribution, veuillez nous envoyer un titre et, si possible, déjà un petit résumé. Les résumés définitifs n’excèdent pas 500 mots (sans bibliographie). La soumission des résumés se fait à l’aide du formulaire téléchargeable sur le site web du Congrès, en langue française ou allemande, à envoyer jusqu’au 30 janvier 2022 à l’adresse suivante : borst@uni-bremen.de. Les notifications d’acceptation sont envoyées avant le 28 février 2022.

Bibliographie séléctive:
Bell, David F. 1988. Models of Power. Politics and Economics in Zola’s Rougon-Macquart. Lincoln: Univ. of Nebraska Press.
Boltanski, Luc. 1976. Die soziale Verwendung des Körpers. In Kamper, Dietmar / Rittner, Volker (eds.), Zur Geschichte des Körpers. Perspektiven der Anthropologie, 138-183. München: Hanser.
Bourdieu, Pierre. 1979. La distinction. Critique sociale du jugement. Paris : Minuit.
Bowlby, Rachel. 1985. Just Looking. Consumer Culture in Dreiser, Gissing and Zola. New York: Methuen.
Butler, Judith. 1995. Körper von Gewicht. Die diskursiven Grenzen des Geschlechts. Berlin: Berlin Verlag [1993. Bodies that matter: on the discursive limits of „sex“. London: Routledge].
DeMello, Margo. 2014. Body Studies: An Introduction. New York: Routledge.
Eribon, Didier. 2013 La société comme verdict. Classes, identités, trajectoires. Paris: Fayard.
Foucault, Michel. 1975. Surveiller et punir. Naissance de la prison. Paris: Gallimard.
Fraser, Nancy. 2013. Between Marketization and Social Protection. In id. (ed.): Fortunes of Feminism. From State-Managed Capitalism to Neoliberal Crisis, 227-242. London: Verso.
Greenblatt, Stephen. 1980. Renaissance Self-Fashioning: From More to Shakespeare. Chicago: Univ. of Chicago Press.
Gugutzer, Robert (ed.). 2006. body turn. Perspektiven der Soziologie des Körpers und des Sports. Bielefeld: transcript.
Lettow, Susanne. 2015. Biokapitalismus und die Inwertsetzung der Körper. Perspektiven der Kritik. In PROKLA.Zeitschrift für kritische Sozialwissenschaft 178. 33-49. (doi.org/10.32387/prokla.v45i178.227 [28.6.2021]).
Luhmann, Niklas. 1982. Liebe als Passion. Zur Codierung von Intimität. Frankfurt a. M.: Suhrkamp.
Neckel, Sighard. 1991. Status und Scham. Zur symbolischen Reproduktion sozialer Ungleichheit. Frankfurt a. M.: Campus.