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Discours politique et genres littéraires (XVIe-XVIIe s.)

Discours politique et genres littéraires (XVIe-XVIIe s.)

Publié le par Marc Escola (Source : O. Leplatre)


Le GADGES (Groupe d'Analyse de la Dynamique des Genres Et des Styles (Université Jean Moulin-Lyon 3)

organise un colloque qui aura lieu à l'Université Jean Moulin-Lyon 3 les 25 et 26 septembre 2006.

Discours politique et genres littéraires (XVIe-XVII
e siècles)

[actes parus dans les Cahiers du GADGES n°6]




Le GADGES (Groupe d'Analyse de la Dynamique des Genres Et des Styles), intégré au Centre Jean Prévost de l'Université Lyon III-Jean Moulin, a pour objet l'approche pluridisciplinaire des genres, envisagés dans leurs aspects littéraires (poétique, thématique…) et linguistiques (énonciation et discours générique) sur la période 1500 -1720. Il étudie les évolutions des pratiques d'écriture, de la théorie des genres, les emprunts d'un genre à l'autre... Dans ce cadre, il propose un colloque autour des rapports entre discours politique et genres littéraires.

A partir du XVIe siècle, en effet, divers facteurs contribuent à modifier profondément les relations de la sphère politique et de la littérature :
-les guerres de religion favorisent la circulation d'une littérature partisane. La littérature fait valoir son pouvoir subversif ; elle inspire les écrits de particuliers (mémoires, textes pamphlétaires), multiplie images ou contre images de l'Etat.
-un renouveau de la réflexion politique : il se porte en particulier sur l'institution des monarques (miroirs des princes, littérature d'éducation…) ; il soutient l'affirmation de l'absolutisme royal dans la mesure où la monarchie encourage et met en scène une littérature de représentation, pour ne pas dire de propagande. Il permet l'émergence de l'utopie…
-le développement d'un mécénat royal : Académies, historiographies, vocation des écrivains à mettre en forme la politique des Princes et des Princes à organiser le régime des Lettres.
-le désir des souverains d'être aussi des lettrés et de façonner le modèle d'un despotisme éclairé.
-l'influence de courants philosophiques, spirituels ou moraux (platonisme, machiavélisme, libertinage, jansénisme, augustinisme…) qui pénètrent à la fois la théorie politique et l'invention littéraire…
Les Lettres acquièrent donc un nouveau statut auprès des souverains qui cherchent à les utiliser pour servir leur prestige et orchestrer leurs stratégies d'effets de pouvoir. Les hommes de lettres, quant à eux, aspirent à devenir les conseillers des princes, à prendre part à la politique voire, dans le contexte de l'absolutisme, à en redessiner les contours, à en préparer les réformes, et jusqu'à en contester l'ordre.
Il est sans doute possible de distinguer une littérature ouvertement politique (littérature d'idées) et une littérature qui ne l'est qu'indirectement. La première, où l'intention politique de l'auteur prime sur toute autre considération et ordonne la forme dans laquelle il s'exprime, privilégie certains genres : discours, essais, traités, contes et romans philosophiques… Le propos de la seconde n'est pas ouvertement politique mais l'écrivain en présentant un jugement sur le monde, sur la société et son organisation, sur le pouvoir, donne au discours une signification politique (dans la fable, par exemple). L'oblicité, l'implicite, l'ironie, toutes les configurations de l'indirect sous-tendent alors souvent la mise en oeuvre de ce type d'engagement politique.
Le colloque proposé par le GADGES voudrait ainsi enquêter sur le dialogue entre discours politique et genres littéraires, en fonction de plusieurs lignes de force :

-Pourquoi le discours politique investit-il le domaine des lettres ?
-Selon quelles modalités, quelles nécessités et quelles finalités ?
-En quoi la pensée politique a-t-elle besoin de la littérature mais aussi que vient chercher la littérature en s'intéressant au discours politique ?

On s'interrogera, par exemple, sur les différentes corruptions de la littérature par la politique (altération des genres littéraires, de leurs caractéristiques propres) quand elle veut lui imposer ses finalités, la réduire au statut de servante (art officiel, propagande, littérature de commande) ou simplement se donner à lire à travers ses formes. Inversement, on se demandera si la littérature n'amène pas le discours politique à se poser de nouvelles questions, à modifier sa nature, à oser et inventer des expressions inédites de sa pensée.
Peut-on finalement envisager une collaboration féconde, un enrichissement réciproque entre discours politique et genres littéraires : le discours politique utilisant la fiction littéraire par souci d'efficacité, par volonté de diffusion, de vulgarisation, par désir aussi de biaiser l'idéologie ou de la renforcer ; la littérature puisant dans la politique une légitimité nouvelle et peut-être aussi une redéfinition de ses catégories et du répertoire de ses genres ?


Les actes de ce colloque seront publiés dans le cadre des Cahiers du Gadges. Les propositions (en pièce jointe, document word) doivent parvenir aux organisateurs du colloque avant le 15 septembre 2005 (250 mots ou 2000 signes).


Sabine Gruffat [sabinegruffat@yahoo.fr]
Olivier Leplatre [olivierleplatre@hotmail.com]