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​Désartification de l'art

​Désartification de l'art

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Carole Talon-Hugon)

Congrès 2018 de la Société Française d’Esthétique

Vendredi 1er juin 2018

DESARTIFICATION DE L’ART

Reid Hall (Columbia University à Paris)

4, rue de Chevreuse, 75006 Paris

 

Entrée libre dans la limite des places disponibles, réservation conseillée (Carole.TALON-HUGON@unice.fr)

PROGRAMME

9:00 

Carole Talon-Hugon (Professeur de l’Université de Nice, présidente de la SFE)

Introduction : Pertinence et insuffisances de l’idée adornienne de désartification de l’art pour penser le présent.

Maud Pouradier (MCF Université de Caen)

La « désartification » ou la dépréciation d’une étiquette

Marie-Noëlle Semet, (MCF HDR Université de Paris 1) et Hélène Routier (Docteur en esthétique)

De la désartification sur la scène lyrique contemporaine

Jérémie Elalouf (Doctorant Université de Paris 1)

La désartification et l’accomplissement du naturalisme

Chiara Palermo (Chargée d’enseignement et de recherche à l’Université de Strasbourg)

Le processus de désartification comme création engagée : le cas de l’Arte Povera

14 :00

Alexandre Gefen, (Directeur de recherches au CNRS)

Délittérarisations contemporaines de la littérature ?

Samir Zoghbi (Maître assistant Habilité à l’Institut supérieur des arts de l’U. Manouba de Tunisie)

Le cinéma et la reproduction technique. À partir de L’Œuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité technique de W. Benjamin.

Patrick Marcolini (MCF à l’Université de Montpellier III)

Les paradoxes d’un « art sans art »

Nadia Fartas (Docteur associée au Centre de recherches sur les arts et le langage – EHESS-CNRS)

Artification de la politique, désartification de l’art ? Réflexions sur quelques expositions au XXIe siècle

Isabelle Rieusset-Lemarié (MCF HDR Université de Paris 1)

De la désesthétisation de l’art à la désartification de l’esthétique

ARGUMENT

Formulé pour la première fois en 1953 dans un article consacré au jazz publié dans la revue Merkur, le concept d’Entkunstung (désartification) marque la pensée tardive d’Adorno qui s’exprime dans sa Théorie esthétique. Ce néologisme désigne chez lui l’idée que l’art, au cours du XXe siècle, a été progressivement « privé de son caractère artistique » (Kunst wird entkunstet). Pour Adorno, cette désartification résulte du développement de ce qu’il nomme l’industrie culturelle. Productrice de divertissements faciles, d’expériences pauvres (compréhension aisée de significations simples, effets dramatiques faciles, émotions stéréotypées), celle-ci est aux antipodes des exigences du grand art qui ennoblit. L’industrie culturelle produit un succédané de culture, très proche de ce que Clément Greenberg, à la même époque, désigne par le terme de Kitsch (Avant-garde et Kitsch).

Plus d’un demi-siècle après l’invention de l’expression, il semble que ce n’est plus tant la concurrence du Low art que le High art aurait à craindre, mais l’affiliation à la sphère de l’« Art » d’activités qui, jusque-là, ne lui appartenaient en aucune façon, et qui ne possèdent de l’Art ni les caractéristiques formelles ni la légitimité historique. Après le graffiti devenu Street Art ou après le Net Art, le Jeu Vidéo – qui a depuis peu son département au MOMA de New-York –, ou la cuisine – Le cuisinier espagnol Ferran Adrià ne représentait-il pas l’Espagne à la Dokumenta de Kassel en 2007 ? – connaissent ce « processus de transformation du non-art en art, résultat d’un travail complexe qui engendre un changement de définition et de statut des personnes, des objets et des activités » que R. Shapiro nomme artification (De l’artification. Enquêtes sur la passage à l’art, N. Heinich et R. Shapiro, dir.) ? La sous-littérature des bleuettes sentimentales de la collection « Harlequin » sont encore des romans, et le jazz que fustigeait Adorno est encore de la musique ; mais l’artification généralisée qui marque notre temps invite à reprendre la question adornienne de la désartification de l’art en fonction de cette nouvelle donne. Il s’agira ici :

– d’étudier ces formes diverses de désartification, de les décrire, de les contextualiser, de les interpréter et de les évaluer.

– de s’interroger sur l’état présent de l’industrie culturelle, sur ses formes inédites et sur les rapports nouveaux qu’elle entretient avec la sphère de l’art.

– d’analyser, dans la lignée des recherches de W. Benjamin sur les effets des révolutions technologiques sur les arts et sur nos manières de sentir (L’œuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité technique, 1936), l’impact des nouvelles techniques de reproduction, de diffusion et de communication, sur les notions constitutives de l’idée moderne d’art (artiste, œuvre, désintéressement, authenticité, etc.).

Pour tout renseignement, écrire à Carole.TALON-HUGON@unice.fr