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De pierre et de larmes : vie, mort et destin du château de 1792 à 1871 (Rouen)

De pierre et de larmes : vie, mort et destin du château de 1792 à 1871 (Rouen)

Publié le par Marc Escola (Source : Guillaume Cousin)

De pierre et de larmes : vie, mort et destin du château de 1792 à 1871

Journée d’étude organisée par

Guillaume Cousin (Textes et Cultures, Université d’Artois) 

et Florence Fix (CÉRÉdI, Université de Rouen-Normandie)

Rouen, le 4 février 2022

 

Symboles de l’Ancien Régime, décriés et parfois détruits ou dispersés dans la période postrévolutionnaire, nombre de châteaux du territoire français passent de mains en mains, d’un usage privé à une intégration dans le patrimoine national, de l’aristocratique au public, ce dernier n’étant pas toujours muséal. De la mise sous séquestre des biens des émigrés en 1792, qui entraîne parfois leur vente ou leur démolition, à l’incendie des Tuileries lors de la Commune de Paris en 1871, il s’agit d’interroger les représentations des châteaux français en art et en littérature à l’aune de leur réutilisation, rénovation, destruction, dispersion.

En effet, les réfections, l’entretien des châteaux sont des enjeux importants de la réflexion comme de l’imaginaire qui les entoure au xixe siècle : gouffre financier, ruine coûteuse parfois nimbée de mélancolie, caprice inutile, énormité splendide ou énormité dispendieuse, le château fait rêver, penser mais aussi calculer.

On s’intéressera ainsi aux réemplois, usages et réaffectations des châteaux :

- comme lieux d’exil et d’emprisonnement (Abd El-Kader à Amboise), parfois condamnation d’hommes de pouvoir qui auraient pu prétendre à la propriété de tels lieux ; ces usages géopolitiques et leur réemploi fictionnel nourriront une réflexion sur les valeurs liées au château. 

- comme lieux symboliques d’une société en (re)construction : usages révolutionnaires et postrévolutionnaires des habitats nobiliaires par l’État ; représentations de la possession et du logis redistribuant des rôles entre aristocratie/bourgeoisie, maîtres/paysans ; le « parvenu », capitaine d’industrie, grand financier ou commerçant, demi-mondaine fortunée faisant l’acquisition d’un château est une réalité que l’on pourra articuler avec des mises en scène fictionnelles (Isidore Lechat dans Les affaires sont les affaires est le propriétaire du trop vaste château de Vauperdu par exemple.)

- comme lieux symboliques d’une identité fondée sur l’Histoire : départ ou retour d’émigration, perpétuation ou fin de l’ancrage local d’une maison aristocratique ; la mélancolie qu’un Balzac ou un Vigny attache au château connaît des variantes dans le roman populaire (Paul Féval) et l’on pourra être sensible également aux représentations liées à une région (l’imaginaire du château breton n’est pas le même que celui du château tourangeau).

- comme lieux d’une conversion à l’usage collectif : caserne, école, mairie etc. ;

- comme lieux à détruire, recomposer : lotissements, ventes des matériaux et des biens, redistribution des terres : la déploration par Hugo des agissements de la « bande noire » peut être croisée avec des représentations très enthousiastes de la destruction comme aube d’un jour nouveau.

Les communications croisant l’histoire de l’art et de l’architecture et la littérature, ainsi que l’étude de la presse et du discours politique sont particulièrement bienvenues. De même, l’articulation de textes fictionnels et non-fictionnels retiendra notre intérêt.

Les propositions de communications accompagnées d’une brève bio-bibliographie sont à adresser pour le 15 septembre 2021 à jechateauxrouen@gmail.com.

La journée d’étude qui se tiendra à l’Université de Rouen-Normandie le 4 février 2022 sera suivie d’une publication en ligne.