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Appels à contributions
Daniel Lesueur (1854-1921)

Daniel Lesueur (1854-1921)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Martine Reid)

APPEL A CONTRIBUTIONS

COLLOQUE INTERNATIONAL

 « DANIEL LESUEUR (1854-1921) »

Sous la direction de Diana Holmes (University of Leeds),

Martine Reid (université de Lille) et Anne Tomiche (Sorbonne Université)

 

Dates : 21-22 janvier 2021

Lieu : Maison de la recherche de la Sorbonne, 28 rue Serpente, 75006 Paris

 

La fin du XIXe siècle et la Belle Epoque se caractérisent notamment par un nombre croissant d’auteures, poètes, romancières, dramaturges et journalistes. Certaines d’entre elles connaissent une visibilité incontestable et une notoriété exceptionnelle : appartenant au Tout-Paris littéraire du temps, elles comptent de plus au nombre des auteurs les mieux rémunérés. Tel est le cas de Jeanne Loiseau, qui, sur la recommandation de son éditeur, a pris en littérature le pseudonyme de Daniel Lesueur (elle épousera plus tard Henry Lapauze, conservateur au musée du Petit-Palais).

Distinguée par l’Académie française dès la publication de son premier recueil de poèmes, Fleurs d’avril, et de son premier roman, Le Mariage de Gabrielle en 1882, Daniel Lesueur entame à 28 ans une carrière marquée par une production extrêmement nombreuse et diversifiée. Journaliste activement engagée à La Fronde, mais aussi dans d’autres journaux et revues, elle se lance dans la rédaction d’un nombre conséquent de romans, dont certains conçus en diptyque. La plupart connaissent un succès considérable et de nombreuses réimpressions, notamment dans les collections bon marché des grands éditeurs. D’abord publié en feuilleton, Nietzschéenne (1908) figure au nombre de ses succès les plus importants. Ce volet romanesque, qui ne compte pas moins de trente-et-un ouvrages, possède d’évidentes qualités narratives : l’auteure excelle à planter le décor, à nouer une intrigue et à la maintenir en tension pendant plusieurs centaines de pages, à camper des personnages de femmes fortes et d’hommes généreux que n’eut pas désavoués George Sand. Liée à celle du « genre », la question de la maternité revient souvent, et la place de l’enfant, fille ou garçon, dans la vie compliquée des adultes. Daniel Lesueur se risque également à adapter certains de ses romans pour la scène, et donne Hors du mariage au Théâtre féministe créé en 1897. Elle publie une traduction des œuvres complètes de Byron chez Lemerre en 1891 (sa mère est d’origine irlandaise et elle-même a résidé quelque temps à Londres), et, à l’occasion de l’Exposition universelle de 1900, rédige un rapport sur la situation économique des femmes au travail, diffusé d’abord dans le magazine Femina.

Tout au long de sa carrière, elle accumule les prix, les honneurs et les distinctions. Elle fait notamment partie du jury du prix Vie heureuse (ancêtre du prix Femina) dès sa création et finit vice-présidente de la Société des gens de lettres.

Après la première guerre mondiale, l’intérêt pour l’œuvre de Daniel Lesueur s’essouffle. La littérature cherche d’autres visages et d’autres noms, d’autres types de récits, d’autres positionnements sur une scène littéraire qui souhaite se renouveler. A la mort de l’auteure, l’œuvre tombe rapidement dans l’oubli comme nombre d’autres, peut-être pour avoir occupé une place incertaine, entre le roman à thèse, tel Névrosée (1890), et un roman populaire à l’accent résolument sentimental, tels Lèvres closes (1898), Le Cœur chemine (1903) et bien d’autres.

Le colloque souhaite interroger cette grande œuvre oubliée sous tous ses aspects : poétiques, narratifs, idéologiques, sociologiques, éditoriaux. Il souhaite rendre compte au plus juste de ce qui la caractérise et la sous-tend, une pensée féministe singulière qui a fait du roman sa tribune, quand elle n’a pas pu s’exprimer dans les colonnes des journaux, dans ses rapports et dans ses pièces de théâtre.

Sujets d’intervention possible :

1. la traduction des œuvres de Byron

2. les articles dans la presse et le travail de journaliste

3. les recueils de poèmes, les romans (leur nature « populaire » et « sentimentale », leur structure et la nature de leurs intrigues, les personnages, les « convictions » exprimées, les rapports de sexe et de genre, etc.), les pièces de théâtre (adaptations de romans, créations originales, liens avec le théâtre féministe)

4. son réseau de relations, sa place dans le champ littéraire du temps, les prix et autres formes de reconnaissance, son élection à la Société des gens de lettres, sa présence visuelle (photos dans la presse, cartes postales d’éditeurs, tableaux) et la gestion de son « image »

5. la réception de ses ouvrages, leur nature, leur (éventuel) caractère « genré », leur oubli

6. son parcours idéologique (ses liens avec le socialisme, le féminisme, le pouvoir en place)

7. ses publications annexes, telle L’évolution féminine. Ses résultats économiques (1905)

8. son engagement pendant la première guerre mondiale

9. ses liens avec d’autres écrivains et écrivaines du temps

10. ses éditeurs, les collections dans lesquelles elle figure, la diffusion et la « réclame » de ses ouvrages

 

Date de remise d’un descriptif des contributions : 1er juin 2020

(à envoyer à d.holms@leeds.ac.uk et martine.reid@orange.fr)