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Concept(s) et fiction(s), colloque jeunes chercheurs   

Concept(s) et fiction(s), colloque jeunes chercheurs

Publié le par Alexandre Gefen (Source : F. Daupias d'Alcochete)

 

Concept(s) et fiction(s) 

Colloque interdisciplinaire de philosophie des jeunes chercheursUniversité Paul-Valéry, Montpellier III

Jeudi et vendredi 5 et 6 avril 2012

 

Date limite de réponse à l’appel : 4 mars 2012

 

Modalités :

Ce colloque ayant une vocation pluridisciplinaire, les contributions des jeunes chercheurs en master, doctorat ou post-doctorat de toutes disciplines scientifiques sont les bienvenues. Les candidats sont invités à envoyer leur proposition (500 mots maximum) accompagnée d’un bref CV sous format Word ou PDF à l’adresse suivante : concept-fiction@googlegroups.com.

 

Argumentaire :

 

La démarche conceptuelle, comme fondement de la science, se constitue originellement à l’exclusion des considérations fictionnelles. C’est lorsque l’hypothèse mythique est considérée comme une explication du monde insuffisante, et qu’on lui substitue une approche rationnelle, que commence véritablement la pensée scientifique. Intuitivement et historiquement, on a donc tendance à penser le concept comme l’autre de la fiction, voire comme sa réalisation effective. Celle-ci ne serait alors qu’une étape intermédiaire et encore incomplète de celui-là.

Or, que l’essor historique de la science s’origine dans une telle exclusion, cela ne nous renseigne-t-il paradoxalement pas sur leur corrélation secrète ? Le fait plus général que la raison se pose elle-même comme l’autre du mythe ne signe-t-il pas négativement la relation qu’elle entretient avec lui ? De fait, qu’il s’agisse de l’usage des mythes chez Platon, ou de manière plus générale des expériences de pensée à l’oeuvre aussi bien dans la philosophie que dans la physique ou les sciences économiques et sociales, on peut constater que le discours rationnel et/ou scientifique réserve en son sein un usage légitime de la fiction. Plus encore, on peut se demander si plus profondément, l’activité conceptuelle, qui donne sa pierre de touche à l’édifice théorique de toute science, n’est pas en partie guidée et orientée par un mode d’intuition qui serait semblable à celui de la fiction. Émerge peut-être ainsi l’idée que la fiction n’est pas que l’autre du concept, et qu’ils ne sont pas si étrangers qu’on voudrait bien le croire.

Mais dans ce cas, comment comprendre sans contradiction que le discours rationnel, tout entier dédié à une quête de vérité, ait également besoin de se moduler par le biais de la fiction, ou d’en emprunter les éléments ? Faudrait-il voir, par cette irruption d’un objet imaginaire au sein des discours aux prétentions les plus conceptuelles et les plus abstraites, une revanche de l’imagination et un retour de la pensée sensible ? Ou au contraire, l’expérience de pensée et les fictions philosophiques et scientifiques contribuent-elles à rendre le discours rationnel autosuffisant en excluant tout recours à une expérience sensible ? Évoquant un objet ou un monde possible, respectant en cela le principe de non-contradiction, serait-elle plutôt une fonction de l’entendement que de l’imagination ?

 

L’un des axes de la réflexion pourrait s’orienter autour du possible, notion impliquant tout aussi bien des problématiques proprement scientifiques ou logiques, théoriques, que des préoccupations ressortissant plus directement de la pratique. Que l’on évoque à ce titre les différentes fictions juridiques au sens large (personne morale, état de nature, etc.), et de manière plus générale la fonction des normes, de leurs effets et de leur fondement rationnel. Par exemple, l’effectivité d’une notion telle que celle d’adoption ne repose-t-elle pas à la fois sur une délimitation juridique et conceptuelle très précise, tout autant que sur une artificialité structurelle ?

On peut évidemment, aussi, redéployer le rapport entre l’entendement et l’imagination dans le champ plus spécifique de l’art, ou des pratiques artistiques. Que penser du courant (et de la notion même) d’art conceptuel par exemple ? Dans l’art peut-être plus qu’ailleurs encore, se pose bien la question des rapports entre l’artifice et l’abstraction, entre ce qui a partie liée au réel et ce qui a trait à l’invention. Et, en définitive, entre concepts et fictions.

N’aura été évoquée ici qu’une vue générale des problématiques possibles. On discerne que cette question évoque tout aussi bien des interrogations épistémologiques que des problématiques juridiques ou éthiques, qu’elle empiète sur le champ artistique ou littéraire, qu’elle peut avoir des implications psychologiques, et plus généralement qu’elle intervient à l’interface du théorique et du pratique. On perçoit alors que les relations entre ces deux notions, plurielles, se conjuguent elles aussi au pluriel.

Directeur scientifique : Claude Gautier