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Ré-imaginer la ville postcoloniale. La ville comme lieu de lecture et de mise en sens de l’événement postcolonial (Winnipeg)

Ré-imaginer la ville postcoloniale. La ville comme lieu de lecture et de mise en sens de l’événement postcolonial (Winnipeg)

Publié le par Marc Escola (Source : Etienne-Marie Lassi)

Colloque international

« Ré-imaginer la ville postcoloniale »

La ville comme lieu de lecture et de mise en sens de l’événement postcolonial 

Les jeudi 7 et vendredi 8 avril 2022

University of Manitoba, Winnipeg, Canada

Responsables :

Etienne-Marie Lassi, University of Manitoba

Etienne-marie.lassi@umanitoba.ca

Kasereka Kavwahirehi, Université d’Ottawa

Kasereka.Kavwahirehi@uottawa.ca

Alexie Tcheuyap, Université de Toronto

Alexie.tcheuyap@utoronto.ca

 

Les études africaines semblent de plus en plus se caractériser par la recherche de nouvelles approches théoriques ou méthodologiques susceptibles de les rendre plus à même de saisir les sociétés africaines dans leur historicité et rationalité propres. Elles tentent, à cette fin, de se départir des discours africanistes qui ont eu tendance à figer les cultures et les sociétés africaines dans un essentialisme dépassé ne rendant pas justice à l’imagination des artistes et des acteurs sociaux qui développent des stratégies pour s’adapter à l’évolution du monde. Ainsi, des chercheurs se sont tournés vers des objets que les sciences humaines et sociales classiques avaient marginalisés (Mbembe, 1988, 2000, Jewsiewicki et Moniot, 1988, White 2008). C’est le cas des pratiques quotidiennes et des récits de vie des gens ordinaires. Il est apparu qu’une meilleure intelligibilité de l’Afrique postcoloniale pourrait passer par la saisie de l’espace quotidien, « ce lieu privilégié où le sujet fait l’expérience de son histoire » (Mbembe, 2005 : xvii) et essaie de donner sens aux faits qui surviennent dans sa vie. Célestin Monga montre par exemple qu’il est indispensable, pour saisir l’Afrique, de trouver une méthode qui permette de « décrypter les événements à la lumière de tout ce qui ne se dit pas, et des choses que l’on n’énonce pas forcément de manière explicite », de « rechercher à partir de la banalité des attitudes et des événements quotidiens, ce qu’il y a au-delà de l’écume des mots, de tenter de repérer la logique qui offre le maximum de cohérence aux ambitions collectives » (Monga 1987 : 10, 12).

A cet égard, l’espace, perçu comme une aire géographique sur laquelle s’organisent les institutions, les objets sociaux et les relations intersubjectives, occupe une place prépondérante dans la saisie de l’imaginaire. Il peut être analysé soit en tant qu’un « un espace socialisé et approprié par une collectivité comme attribut à toute affirmation ou revendication identitaire » soit en tant qu’un lieu, « un espace fondateur de la vie sociale quotidienne ». (Bédard et Breux, 2011 : 143). Voilà pourquoi la ville, où l’on voit éclore de nouveaux modes populaires d’expression et de mise en sens, qui inspire des récits littéraires et filmiques, se révèle incontournable pour comprendre la manière dont les sociétés postcoloniales essayent de « rendre l’époque actuelle intelligible, […] trouver une cohérence à des événements épars, apparemment trop incohérents et désordonnés » (Mbembe 1988 : 23). Les récits filmiques ou littéraires permettent de voir comment des événements souvent violents marquent durablement l’existence des Africains, leur manière de relire le passé, de se situer dans l’espace et le temps et d’anticiper sur ce qui risque d’arriver. C’est dans ce sens que l’écrivain congolais Pius Ngandu Nkashama (1989) pense que les événements apparemment irrationnels et sans finalité sociale positive comme les pillages initiés, dans les années 90, par des citadins et des écoliers à Kinshasa ou à Douala, deviennent intelligibles à la lumière des œuvres d’art parues au cours des dernières décennies. Qu’il s’agisse de la chanson et de la peinture populaires, de la danse, de la poésie, du théâtre, du roman etc., ces œuvres constituent des expressions de l’imaginaire comme ensemble des puissances créatrices et lieu où s’articulent de nouvelles mythologies, de nouvelles raisons de vivre ou de mourir.

Les propositions de communication peuvent, éventuellement, s’inscrire dans les axes suivants : 

De la ville coloniale à la ville post-coloniale : Il sera question de s’intéresser au traitement de l’espace urbain dans les créations littéraires, cinématographiques, etc. pour voir comment et avec quelles ressources il y est procédé à la mise en récit de l’évènement postcolonial.

Habiter la ville postcoloniale /écologie urbaine : Quels sont les rapports des personnages avec les espaces habités, les espaces identitaires, les espaces de déplacement, l’espace public, les espaces de loisir, etc.? Quelles pensées et représentations (de soi, de l’autre et de l’environnement) sous-jacentes influencent le processus de l’appropriation symbolique ou matérielle de l’espace? Quelles nuances particulières le contexte urbain apporte-t-il aux discours féministes, ethniques, écologistes, etc.?

Ville postcoloniale et création artistique : La ville, espace de brassage populaire et culturel, est aussi un espace de création. Comment la ville stimule-t-elle l’imagination et la créativité artistique et culturelle ? La ville sert de cadre de production et de référent aux arts de la représentation tels le théâtre de rue, les films comiques, western, policier, d’horreur ou d’animation, les bandes dessinées, les standups. La musique urbaine connaît aussi un essor sans précédent. Comment l’espace urbain façonne-t-il les arts populaires et influence leurs contenus, leur accessibilité, leur circulation, leurs formes et leur qualité?

Ville postcoloniale et croyances : Les croyances, les mythes urbains, les pratiques et mouvements religieux représentés dans la littérature, le cinéma et les arts en général dévoilent les images et symboliques mobilisées pour donner sens au vécu de crise ou de malheur dans un environnement urbain. Ces pratiques sont-elles des lieux de prise de conscience politique et sociale nécessaire pour lancer des mouvements sociaux revendiquant le changement? Ou, au contraire, consacrent-elles la démission de l’homme/la femme dont la quête d’un Dieu tout puissant est aussi un aveu d’impuissance? C’est le lieu de s’intéresser à des figures sociales telles que l’enfant de la rue, l’esquiveur / le feyman (expressions populaires désignant un escroc au Congo et au Cameroun), l’exorciste, le marabout, le pasteur, etc. qui émergent ou jouent un rôle de plus en plus important en adéquation avec les nouvelles mythologies urbaines.

Littératures et langages urbains : Certaines œuvres de fiction à visée documentaire, solidement ancrées dans des villes réelles et qui « cherchent à retracer la physionomie d’un quartier, à peindre ses habitants et leur mode de vie » (Horvath 2007 : 25) permettent de saisir l’effet de l’actualité politique, sociale et culturelle contemporaine sur les citoyens habitant des espaces urbains spécifiques. On peut ainsi étudier l’imaginaire d’une ville ou d’un quartier spécifiques à travers leurs représentations dans plusieurs œuvres et s’interroger sur l’esthétique de telles œuvres. Quelles sont les stratégies littéraires/cinématographiques par lesquelles l’espace réel est approprié et transformé en espace textuel/fictionnel? Si les bouleversements socioculturels inhérents à la vie urbaine se répercutent sur les structures narratives et les trajectoires des personnages, ils influencent aussi la langue. Les villes imposent-elles leurs usages particuliers de la langue aux artistes? À quels défis les traducteurs font-ils face au vu des particularismes linguistiques qui en résulteraient? 

Dates de tombée des propositions de communication

Les propositions de communication d’environ 350 mots, accompagnées d’une notice biographique des contributeurs, devront être soumises au comité d’organisation au plus tard le 30 novembre 2021, à l’adresse suivante : villepostcoloniale@gmail.com

Date d’annonce des propositions retenues : 30 décembre 2021.