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Musique et sorties de guerres (XIXe-XXIe s.) (Montréal)

Musique et sorties de guerres (XIXe-XXIe s.) (Montréal)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Martin Guerpin)

Appel à communication

 

Musique et nation III - « Musique et sorties de guerres (XIXe-XXIe siècles) »

Université de Montréal, 18-20 octobre 2018

 

Université de Montréal, Université Paris-Saclay (Université d’Évry-Val d’Essonne, Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines), Royal Northern College of Music, Institut de Recherche en Musicologie

 

La signature d’un traité de paix ne coïncide pas nécessairement avec la fin de la guerre. Telle est l’hypothèse qui gouverne la notion de « sortie de guerre » développée par les historiens depuis le début des années 2000. À rebours de l’histoire diplomatique traditionnelle, les travaux sur les sorties de guerre interrogent le retour à la paix dans une perspective dynamique, en tant que processus complexe superposant différentes temporalités. Les traces des conflictualités, qui continuent d’agir sur les sociétés une fois la paix signée, sont envisagées sous quatre angles : 1) la réouverture des frontières et du retour des soldats, des prisonniers et des exilés ; 2) la recomposition de l’image de l’ennemi ; 3) la mémoire des conflits ; 4) la « démobilisation culturelle ». Cette dernière notion permet de mettre en évidence les différents rythmes de la sortie de guerre : de l’apaisement des violences physiques et symboliques, de la poussée de l’idéal pacifiste, de la réhabilitation de l’ennemi et du deuil.

Si l’art est parfois interrogé dans ces travaux, la musique en est absente. Or, la transition entre guerre est paix peut également être observée à travers les restructurations du monde musical et la production d’œuvres. La création, les pratiques et les sociabilités musicales, la consécration de nouveaux répertoires ou la reprise d’œuvres symboliques ont pu faciliter les processus de démobilisation culturelle ou, au contraire, les freiner. Le colloque « Musique et sorties de guerres » propose de combler ce vide historiographique.

Le transfert des problématiques associées à la notion de « sortie de guerre » dans le champ musical fait émerger un champ d’investigation neuf, situé à l’intersection de quatre domaines récemment défrichés par les historiens et les musicologues : celui des relations entre musique et culture de guerre ; celui de la monumentalité de la musique et de sa dimension commémorative ; celui des migrations et de l’exil ; celui enfin des liens entre musique, diplomatie culturelle et propagande. La majorité des recherches portant sur les « sorties de guerre » se concentre sur les deux Guerres mondiales, en raison des restructurations profondes qu’elles ont provoquées sur plusieurs continents. Bien que leur importance pour la musique soit indéniable et mérite d’être approfondie, des études portant sur d’autres conflits comme la guerre de Sécession américaine, la guerre du Vietnam ou encore les conflits larvés comme la Guerre froide permettraient d’enrichir les réflexions sur les mutations et les permanences politiques, culturelles et artistiques à l’œuvre pendant ces périodes historiques.

Toutes les sorties de conflits froids ou chauds, internationaux et civils qui ont scandé l’actualité pourront donc être abordés, ainsi que tout type de musique (musique savante, populaire, folklorique, etc.). Une attention particulière sera portée aux études s’appuyant sur des œuvres musicales spécifiques.

Les propositions de communication pourront porter sur une ou plusieurs des thématiques suivantes :

 

Musique et reconstruction : les restructurations du monde musical au lendemain des conflits

-       les enjeux de la réouverture, de la transformation ou de la création d’institutions de concert ou d’éducation musicale au lendemain de la guerre

-       les relations entre fin de conflits et explosions avant-gardistes

-       la levée des censures concernant la programmation de compositeurs ou de genres musicaux associés à l’ennemi

-       la réintégration et la perception des anciens ennemis dans le monde musical

 

Musique, cultures de guerres et imaginaires nationaux : démobilisations de la musique ou persistances des cultures de guerres ?

-       les représentations de l’ennemi d’hier dans la musique : entre persistance et reconfiguration des stéréotypes

-       l’épuration du monde musical à la suite d’une guerre civile ou d’un conflit armé international

-       les traces de la culture de guerre dans les écrits sur la musique

-       le rôle de la culture de guerre dans la création de nouvelles institutions musicales (sociétés de concerts, orchestres, revues)

 

Musique et mémoire de la guerre : les mobilisations de la musique au service du deuil et de la commémoration

-       la programmation musicale et le rôle de la musique dans les manifestations commémorant les victimes de la guerre ou les victoires

-       les évocations de la guerre et du deuil dans la production musicale (guerre d’Algérie, destin de la chanson Le déserteur, par exemple)

-       traumatisme de la guerre et rejet de pratiques et de genres musicaux festifs (ex. le choc provoqué par le retour des bals après 1945)

-       traumatisme de la guerre et évolutions esthétiques : l’œuvre musicale en son rapport avec le réel de la guerre

-       traumatisme de la guerre, musique et émotions : la musique comme moyen thérapeutique post-traumatique et comme instrument de régulation des émotions pour les soldats et les populations civiles

 

Musique, diplomatie culturelle et propagande : les mobilisations de la musique au service de la paix et de la réhabilitation de l’image des anciens adversaires

-       le rétablissement des circulations internationales des musiciens

-       l’émergence d’initiatives internationales et de nouvelles institutions utilisant la musique pour promouvoir la paix

-       l’émergence ou redéploiement de programmes destinés à promouvoir et à améliorer l’image d’une nation à l’étranger

-       les liens entre diplomatie musicale et propagande de guerre (le redéploiement de techniques ou d’objectifs issus de la propagande en temps de guerre dans les programmes de diplomatie musicale au service de la paix)

 

Les propositions de communication (300 mots maximum), ainsi qu’un résumé abrégé (150 mots maximum) et une présentation de l’auteur(e) (150 mots maximum), doivent être soumis électroniquement avant le 24 novembre 2017 en utilisant le formulaire en ligne disponible à l’adresse suivante :

https://goo.gl/forms/KsQ0zxH1Jj5ak6Yd2

 

Les langues de ce colloque sont le français et l’anglais.

 

 

Coordination

Judy-Ann Desrosiers (Université de Montréal, OICRM)

Pour toute question, utiliser l’adresse suivante : musiqueetsortiesdeguerres@gmail.com

 

Comité d’organisation

Marie-Hélène Benoit-Otis (Université de Montréal, OICRM)

Gilles Demonet (Université Paris-Sorbonne, IReMus)

Michel Duchesneau (Université de Montréal, OICRM)

Anaïs Fléchet (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, Institut Universitaire de France)

Martin Guerpin (Université d’Evry Val d’Essonne)

Philippe Gumplowicz (Université d’Évry-Val d’Essonne, SLAM)

Barbara Kelly (Royal Northern College of Music, Keele University)

Jean-Claude Yon (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines)

 

Comité scientifique 

Stéphane Audoin-Rouzeau (EHESS)

Annette Becker (Université Paris Ouest Nanterre La Défense)

Esteban Buch (EHESS)

James Deaville (Carleton University)

Nicolas Donin (CNRS, Ircam)

Annegret Fauser (University of North Carolina at Chapel Hill)

Laurent Feneyrou (CNRS, Ircam)

Danielle Fosler-Lussier (Ohio State University)

Jessica Gienow-Hecht (Freie Universität Berlin)

Michael J. Kramer (Northwestern University)

Antoine Marès (Université Panthéon-Sorbonne)

Christopher Moore (Université d’Ottawa)

Pascal Ory (Université Panthéon-Sorbonne)

Manuela Schwartz (Hochschule Magdeburg-Stendal)