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Louis Guilloux. La lecture à l'œuvre (Rennes)

Louis Guilloux. La lecture à l'œuvre (Rennes)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Cellam Rennes 2)

Louis Guilloux. La lecture à l'œuvre

Colloque : 24-25 septembre 2020

Dépôt des propositions de communication : avant le 30 janvier 2020

 

À l’heure où s’impose la nécessité de (re)donner leur place aux émotions, à la subjectivité, aux enjeux éthiques dans les études littéraires, on ne peut plus guère penser l’œuvre d’un écrivain sans s’interroger sur les formes singulières de la circulation entre lecture et écriture, entre figures de lecteurs et postures d’auteur. L’œuvre de Louis Guilloux, qui traverse le XXe siècle, apparaît comme particulièrement mobilisatrice dans cette perspective, du fait de l’intensité et de la diversité des gestes, des formes et des représentations de la lecture qu’elle déploie.

La recherche sur Louis Guilloux a su constamment renouveler et articuler ses méthodes, depuis des études biographiques (Yves Loisel, 1998), des études thématiques et d’analyse des imaginaires (Yannick Pelletier, dès 1979, thèse de Christian Cavalli, 2010) jusqu’aux travaux les plus récents, dirigés par Jean-Baptiste Legavre, dédiés aux analyses de la réception (2019). En 1999, l’essai de Henri Godard, Louis Guilloux romancier de la condition humaine, souligne la singularité d’une voix au cœur des interrogations existentielles et esthétiques de son siècle. La narratologie, l’analyse des formes et significations du roman ont également nourri la connaissance de l’œuvre, de 2000, avec le collectif dirigé par Francine Dugast et Marc Gontard, Louis Guilloux écrivain, jusqu’en 2018 à travers la thèse de Valérie Poussard-Fournaison, La description selon Louis Guilloux, réalisme et tragédie

En 2003, l’ouverture des archives de Louis Guilloux a rendu possibles des thèses et des travaux collectifs nourris de génétique textuelle (Louis Guilloux, devenir romancier, 2010, par Sylvie Golvet ; L’Atelier de Louis Guilloux, sous la direction de Madeleine Frédéric et Michèle Touret en 2012). Il faut ajouter le développement d’un questionnement lié aux valeurs, à l’inscription sociale et idéologique de Guilloux dans son siècle (Un écrivain dans la presse, 2014, sous la direction de Jean-Baptiste Legavre et Michèle Touret et Louis Guilloux politique, 2016, sous la direction de Jean-Baptiste Legavre). Enfin, l’articulation entre axiologie et esthétique propre aux travaux d’Alexandra Vasic, L’œuvre de Louis Guilloux, le romanesque en jeu(2015) éclaire autant le processus de création que la réception de cette œuvre. 

Ce dynamisme de la recherche va de pair avec la vitalité éditoriale de l’œuvre de Guilloux : en 2018 paraissaient Chroniques de floréal, aux éditions Héros-limite, et en 2019 chez Gallimard, L’Indésirablequi connaît un réel succès de librairie, en attendant la réédition prochaine en folio de la Correspondance Camus-Guillouxdue à Agnès Spiquel.

Il est donc naturel que le Centre d’Etudes en littérature rennais souhaite prolonger ces travaux. Intéressée par les gestes d’écrivain, soucieuse de mieux comprendre les processus qui relient le parcours singulier d’un auteur à sa création, ses pratiques littéraires et la socialisation de son travail, l’Equipe d’Accueil du CELLAM a entrepris une recherche sur les différents aspects de Louis Guilloux lecteur. 

La première façon de penser la lecture à l’œuvre consiste à repérer et interpréter tout le tissu intertextuel qui a pu façonner les romans de Louis Guilloux à travers diverses strates de références, de résonances, de reprises plus ou moins déclarées et explicites. Cet objet d’étude requiert un regard stylistique, comparatiste, une réflexion sur les sources et une enquête sur les lectures possibles qui ont pu nourrir l’auteur. L’influence de certains romanciers russes, comme Gogol ou Dostoïevski, a déjà été commentée ; d’autres pistes restent à explorer : l’influence de Tchékhov, de Roger Martin du Gard ou encore d’André Gide, par exemple. Mais le travail sur la lecture à l’œuvre chez Guilloux ne s’arrête pas au repérage d’influences, aussi riches et subtiles soient-elles. Quel serait le rapport de Guilloux au « canon » (notion éminemment problématique), quel type d’appropriation et de  reconfigurations de ses lectures peut-on saisir, tout au long de son œuvre ? Il s’agit également de mettre en évidence une phénoménologie de la lecture dont les Carnets, la correspondance et divers supports d’archives peuvent rendre compte : comment Guilloux s’emparait-il d’un texte qu’il lisait, quelles traces de son expérience de lecteur nous a-t-il livrées et quels témoignages de réceptions singulières nous laisse-t-il ? Lisait-il tous les genres avec le même horizon ? De quelle manière ? Comment surgissaient son regard et ses goûts ? Quelles postures dominaient ses pratiques : celles d’un lecteur expert et distancié ? D’un « braconnier » ? D’un chercheur d’idées, de trouvailles et de modèles littéraires ? Quels usages déclarés faisait-il de ces lectures ? Peut-on, à partir de ces pratiques singulières, esquisser une pensée de la littérature « à lire », c’est-à-dire comme puissance d’ébranlement, comme force vive ?  On s’interroge dès lors sur les corpus que Guilloux traitait, diffusait et discutait à travers les réseaux épistolaires et professionnels qui ont influé sur son parcours. Quels textes, quelles oeuvres lisait-il, transmettait-il et auprès de qui ? Quels furent ses conseillers en lecture tout au long de sa vie? Quelles « communautés de lecteurs », qu’elles soient locales, populaires, institutionnelles ou parisiennes, L. Guilloux, chercha-t-il à intégrer, à questionner et à atteindre ? La question de la lecture interroge donc aussi l’inscription sociale de Guilloux dans son temps tout en éclairant son identité d’écrivain. Enfin, la lecture chez Guilloux se manifeste à travers les diverses manières dont il la reconfigure au sein-même de ses fictions et de ses discours. En faisant évoluer ses personnages, que ceux-ci soient lecteurs ou non, Guilloux-romancier exprime différentes visions du livre et de la lecture telles qu’il les percevait, les imaginait ou les rêvait. De fait, la lecture représentée dans l’œuvre de Guilloux peut prendre des formes, des proportions et jouer des rôles symboliques, narratifs et discursifs très divers d’un livre à l’autre. L’observation des représentations de la lecture devrait donc permettre de renouveler les façons de singulariser la création de Guilloux et de reconnaître comment il pensait voire théorisa l’acte de lire, entre posture éthique et lieu éminemment politique, entre pratique individuelle et horizon commun.

 

À l’appui de ce colloque, depuis 2018, Francine Dugast et Sylvie Golvet recueillent les observations empiriques d’une vingtaine de lectrices et lecteurs en quête des traces de lectures dans les différents livres de Guilloux. D’autre part, s’est déroulée à Rennes et St Brieuc, en janvier 2019, une double journée d’étude consacrée aux écrivains lecteurs. L’ensemble des résultats de ces travaux liminaires est à la disposition des chercheurs qui souhaitent participer au colloque de 2020, sur simple demande. Une partie de ces résultats figure sur le site des Carnets de recherche sur l’œuvre de Louis Guilloux : https://lguilloux.hypotheses.org.

Les propositions de communication, d’une demi-page environ assortie d’une bibliographie indicative et d’un titre temporaire, pourront porter sur une œuvre précise ou un ensemble d’ouvrages de Guilloux ; elles devront s’inscrire dans l’un ou plusieurs des axes ci-dessus. Elles seront évaluées de manière anonyme par le comité scientifique du colloque. 

Les communications orales dureront au maximum 25 minutes et seront suivies de discussions.

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Calendrier

  • 1erfévrier 2020 : dernier délai pour le dépôt d’une proposition de communication selon les critères ci-dessus à l’adresse recherchesguilloux@gmail.com
  • 1ermars : réponse aux propositions de la part du Comité Scientifique avec d’éventuelles suggestions d’ajustement
  • 1ermai : programme du colloque

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Bibliographie indicative

Recherche sur L. Guilloux (sélection)

Dugast-Portes Francine et Gontard Marc (dir.), Louis Guilloux écrivain, Rennes, PUR, 2000.

Frédéric Madeleine et Touret Michèle (dir.), L’Atelier de Louis Guilloux, Rennes, PUR, 2012.

Godard Henri, Louis Guilloux romancier de la condition humaine, Paris, Gallimard, 1999.

Golvet Sylvie, Louis Guilloux devenir romancier, Rennes, PUR, 2010.

Jacob Jean-Louis (dir.), Louis Guilloux et les écrivains antifascistes, colloque de Cerisy, Quimper, Calligrammes, 1986.

Legavre Jean-Baptiste (dir.),Louis Guilloux politique, Rennes, PUR, 2016.

Legavre Jean-Baptiste et Touret Michèle (dir.), Louis Guilloux un écrivain dans la presse, Rennes, PUR, 2014.

Poussard-Fournaison Valérie, La description selon Louis Guilloux, réalisme et tragédie,Paris, L’Harmattan, 2018.

Vasic Alexandra, L’œuvre de Louis Guilloux, le romanesque en jeu, dir. Jean-Yves Guérin, Sorbonne Paris Cité, 01-2015.

Recherche sur les écrivains lecteurs (sélection)

Clément Bruno (dir.), « Écrivains lecteurs », La Lecture littéraire, n° Spécial, Presses Universitaires de Reims, février 2002.

Langlade Gérard et Rouxel Annie, Le Sujet lecteur, lecture subjective et enseignement de la littérature, Rennes, PUR, 2004. 

Bayard Pierre, Enquête sur Hamlet, Le dialogue de sourds, Paris, éditions de Minuit, 2002.

Bellemin-Noël Jean, Plaisirs de vampires, Paris, PUF, 2001.

De Certeau Michel, L’invention du quotidien, Paris, Gallimard, 1980.

Macé Marielle, Façons de lire, manières d’être, Paris, Gallimard, 2011.

Mazauric Catherine, Fourtanier Marie-José, Langlade Gérard (dir.), Le Texte du lecteur, Bruxelles, éditions Peter Lang, 2010.

Citton Yves, Lire, interpréter, actualiser. Pourquoi les études littéraires? Paris, éditions Amsterdam, 2007.

Fish Stanley, Quand lire c’est faire, l‘autorité des communautés interprétatives, trad. de l’anglais (américain) par Étienne Dobenesque, Paris, Les Prairies Ordinairescoll. "Penser/Croiser",2007.

Shawky-Milcent Bénédicte, La lecture, ça ne sert à rien, Paris, PUF, 2017. 

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Direction Scientifique

Hélène Baty-Delalande, Nathalie Brillant Rannou, Valérie Poussard , Alexandra Vasic

Comité Scientifique

Hélène Baty-Delalande, Université de Paris; Philippe Baudorre, Université Bordeaux Montaigne; Nathalie Brillant Rannou, Université Rennes 2; Pierre-Jean Dufief, Université de Paris X; Francine Dugast, Université Rennes 2; Arnaud Flici, Bibliothèques Municipales de St Brieuc; Sylvie Golvet, Université Rennes 2; Jean-Yves Guérin, Université de la Sorbonne nouvelle; Jean-Baptiste Legavre, Université Paris 2 Panthéon-Assas
Catherine Mariette, Université Grenoble Alpes; Jean-Pierre Montier, Université Rennes 2; Valérie Poussard, Université Rennes 2; Agnès Spiquel, Université de Valenciennes; Alexandra Vasic, Université Rennes 2; Dominique Vaugeois, Université Rennes 2

Comité d’Organisation

Hélène Baty-Delalande, Nathalie Brillant Rannou, Francine Dugast, Sylvie Golvet

Contact 

recherchesguilloux@gmail.com