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La Nouvelle Vague à la lettre (Caen)

La Nouvelle Vague à la lettre (Caen)

Publié le par Marc Escola (Source : Julie Wolkenstein)

Appel à communications

Colloque international

La Nouvelle Vague à la lettre

17-19 mars 2021

(Université de Caen Normandie, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, IMEC)

 

Organisateurs :

David Vasse, Julie Wolkenstein (Université de Caen Normandie, LASLAR).

Vincent Amiel, Hélène Frazik, José Moure (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Institut ACTE)

 

Que peut-on encore écrire sur la Nouvelle Vague ? Qu’ajouter à la somme de textes, d’ouvrages et de conférences consacrés à ce moment-phare de l’histoire du cinéma, une glose si abondante qu’on pourrait à la limite le considérer comme une affaire classée ? Quel intérêt à y revenir ? Qu’apporter de nouveau à la connaissance de la Nouvelle Vague ? Mal aimée, comme peuvent l’être les enfants trop gâtés (et c’est vrai qu’insolente elle a tout eu très vite), ou au contraire célébrée pour avoir été un tournant décisif dans l’histoire des récits, des formes et des techniques cinématographiques, la Nouvelle Vague vaut encore le détour, mérite qu’on se dise qu’on n’en aura jamais vraiment fini avec elle, tant elle continue d’irriguer une bonne part de l’inconscient cinématographique français. Qu’on se positionne contre son encombrante légende ou en référence à ce qu’elle a initié, aussi bien au niveau de la pensée critique que de la praxis, elle demeure un lieu inépuisable de débats et de réflexions dont la postérité permet entre autres de questionner un état contemporain du cinéma.

Ce projet de colloque se présente comme l’aboutissement d’un cycle de journées d’études organisé depuis 2014 par le LASLAR (groupe de recherche de l’UFR des Humanités et Sciences sociales de l’Université de Caen-Normandie, regroupant les Lettres, les Arts du spectacle et les Langues romanes) et consacré aux rapports extrêmement féconds que les grands noms de la Nouvelle Vague ont entretenus avec la (et les) lettre(s). Inscrit dans l’un des axes du LASLAR, intitulé « Ecritures de l’image », ce cycle se donnait pour enjeu scientifique de démontrer comment la Nouvelle Vague se faisait fort de renouveler l’articulation de l’écrit et de l’image, sur un plan à la fois littéral et dialectique, comment elle parvenait à traiter l’image et l’écrit à égalité, en en faisant des matières vivantes, à la fois complices et polémiques, riches ensemble de potentialités dramatiques, expressives et figuratives. Tout à la fois objet et esprit, la lettre joue un rôle décomplexé dans les procédures modernes de création cinématographique auxquelles on a vite identifié l’apport de la Nouvelle Vague. Ces journées d’études ont montré l’intérêt d’explorer cette dimension (aussi largement admise que peu étudiée) qui justifie pleinement ce colloque.

De 2014 à 2020, les cinq cinéastes majeurs de la Nouvelle Vague (Eric Rohmer, François Truffaut, Jacques Rivette, Claude Chabrol et Jean-Luc Godard) ont respectivement fait l’objet de plusieurs journées d’études, reposant sur trois axes principaux : leur production littéraire (essentiellement dans le domaine de la critique), la place concrète et physique de l’écrit dans l’espace narratif des films aussi bien que dans le traitement de l’image, et les questions d’adaptation littéraire, théorisées avant d’être appliquées par ces ex-critiques de cinéma à leurs écrivains fétiches. Pour chacun d’eux, il s’agissait d’analyser les différents états de la lettre, sa capacité à dicter les tours et détours d’un récit, à ourdir un jeu de dupes avec l’image, à vectoriser un mouvement romanesque ou bien à créer un suspense à partir des sombres tentatives de son déchiffrement. Dans les films de ces cinq-là, l’écrit fait signe, trembler ou pleurer. C’est d’avoir su les utiliser autrement que comme un gage de qualité culturelle que la Nouvelle Vague a manifesté son amour des lettres et pour la lettre. D’abord critiques (le poids des mots pour critiquer les images des autres), ces cinq grands représentants sont logiquement passés à l’action en prenant les mots comme moyen de développer un rapport critique à leurs propres images.

Bien entendu, ce colloque n’a pas pour but de reconduire exclusivement le programme de ces journées d’études, d’autant que celles-ci pouvaient excéder, sur la question de la lettre, le cadre historique de la Nouvelle Vague pour se rapporter à l’ensemble de l’œuvre de ces cinéastes. L’intérêt du colloque sera cette fois de se concentrer sur la période proprement dite (1956-1959 pour les prémisses, 1959-1963 pour l’éclosion) et d’ouvrir le champ à d’autres noms, d’autres films, d’autres plumes, d’autres acteurs, qui ont eux aussi fait la Nouvelle Vague, avant, pendant et après. Et qui ont également compris que la nouveauté du langage cinématographique ne devait pas s’abstraire des grandes aventures du langage écrit. 

Les communications se distribueront dans les quatre axes suivants :

Axe 1 : « La Nouvelle Vague : le temps des plumes »

Il aura trait au contexte historique, sociologique et théorique de la lettre et de l’écrit dans lequel a grandi la génération de la Nouvelle Vague, à travers l’activité critique, la conception plus « flexible » de l’objet-scénario favorisée entre autres par la création de l’Avance sur recettes en 1959, la pratique de la correspondance (par exemple chez Truffaut), la fibre d’écrivain chez certains d’entre eux (Rohmer publiant Elisabeth chez Gallimard, Godard rêvant d’en faire autant), l’effervescence dans la deuxième moitié des années 50 d’une Nouvelle Vague littéraire symbolisée notamment par le Nouveau roman et par l’émergence de revues lancées par de grandes maisons d’édition (Gallimard et « Jeune prose », Grasset et « Les Chemins de l’écriture », le Seuil et « Tel Quel »), toute une émulation culturelle dont ont bénéficié une bonne partie des cinéastes de la Nouvelle Vague dans leur envie de conjuguer autrement cinéma et littérature par opposition à l’usage académique qu’en faisait le cinéma de Qualité Française.

Axe 2 : « Le goût du livre et des écrivains dans le cinéma de la Nouvelle Vague »

Il portera sur le goût de la chose publiée chez les auteurs de la Nouvelle Vague (presse, roman, etc.), et plus généralement sur l’activité primordiale de la lecture que l’on retrouve parfois transposée dans leurs films à travers de nombreux personnages en train de lire et les leçons qu’ils tirent de leur lecture. Il s’agira à cette occasion d’aborder les grands écrivains admirés par cette génération (Honoré de Balzac, Henry James, les grands auteurs de romans noirs anglais et américains, etc.) et la manière dont elle s’en est emparée pour envisager de nouvelles formes d’adaptation, de nouvelles étapes d’écriture du scénario.

Axe 3 : « Du rôle de la lettre et de l’écrit dans les films de la Nouvelle Vague »

Il concernera plus concrètement la place de la lettre, de l’écriture et de l’écrit, jusqu’à l’acte même d’écrire, dans les films de la Nouvelle Vague. L’enjeu sera d’examiner le rôle formel de l’écrit dans l’espace filmique et de sa fonction dramaturgique dans le rapport des personnages entre eux et à leurs actions, autrement dit d’étudier les différentes manifestations visuelles et sonores de l’écrit, diversement élaborées selon ses degrés d’implication rhétorique dans l’image et dans le dispositif narratif. Comment la lettre, et l’écrit au sens large, sont-ils situés dans les films ? Quels types d’influence exercent-ils sur les intrigues, les personnages, le montage, la composition du plan, etc. ? Et en quoi cette présence physique a-t-elle contribué à définir une spécificité de la Nouvelle Vague ?

Axe 4 : « Postérité scripturale de la Nouvelle Vague : le statut de l’écrit dans les générations post-Nouvelle Vague. »

On se demandera ce que la Nouvelle Vague a transmis aux générations suivantes de sa morale et de sa pratique de l’écrit. Se réclamer de la Nouvelle Vague consisterait-il moins à se référer à un idéal artistique ou à une méthode de production qu’à une passion strictement graphique ? Ne serait-ce pas dans ce nœud-là (l’image et l’écrit mêlés) que s’affirmerait une relation critique inévitable des cinéastes à leurs œuvres, au croisement d’un imaginaire historique et d’une idée du cinéma à défendre au présent ? Ce sera l’occasion d’aborder l’œuvre des cinéastes qui, directement ou indirectement, ont plus tard assumé cet héritage spécifique et stratégique de l’écrit dans leur façon de concevoir le cinéma, de penser leurs sujets et de construire leurs films. Parmi eux :Arnaud Desplechin, Quentin Tarantino, Bertrand Bonello, André Téchiné, Philippe Garrel, Jean Eustache, Benoit Jacquot, Chantal Akerman, Emmanuel Mouret, Martin Scorsese, Woody Allen, Hong Sang-soo, Leos Carax, Christophe Honoré, Olivier Assayas, Mathieu Amalric, Nicolas Pariser, Claire Denis, Noémie Lvovsky, etc.

Pour les 3 premiers axes, sont les bienvenues des propositions consacrées à tout un corpus de cinéastes clairement rattachés ou bien apparentés à la Nouvelle Vague, l’ayant vécue de l’intérieur ou à la périphérie (la fameuse « rive gauche ») et dont le travail n’a pas fait l’objet d’une journée d’études au sein de notre programme de recherche :

Agnès Varda, Jacques Demy, Jacques Rozier, Luc Moullet, Philippe de Broca, Bertrand Tavernier, Alain Resnais, Roger Vadim, Pierre Kast, Louis Malle, Barbet Schroeder, Jean-Daniel Pollet, Jean-Pierre Mocky, Michel Deville, etc.

Peuvent être également abordés les cinéastes modèles de la Nouvelle Vague, en matière de traitement de la lettre et de l’écrit, notamment au niveau de l’adaptation cinématographique des œuvres littéraires, dont les Jeunes Turcs et d’autres se sont inspirés pour leurs propres films :

Jacques Becker, Georges Franju, Robert Bresson, Jean Renoir, Roberto Rossellini, Jean-Pierre Melville, Alexandre Astruc, Roger Leenhardt, Max Ophuls, Jacques Tati, Jean Rouch, Jean Cocteau, etc.

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Les propositions de communications sont à envoyer avant le lundi 2 novembre 2020 aux adresses suivantes:

Julie Wolkenstein (j_wolkenstein@yahoo.fr),

Hélène Frazik (helene.frazik@gmail.com),

David Vasse (david.vasse2@wanadoo.fr).

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Conseil scientifique :

Vincent Amiel (PR cinéma, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

Rémi Fontanel (MCF cinéma, Université Lumière Lyon 2)

Hélène Frazik (Docteure cinéma, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

José Moure (PR cinéma, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

Agathe Salha (MCF Littérature comparée, Université Grenoble-Alpes)

Hélène Valmary (MCF cinéma, Université de Caen Normandie)

David Vasse (MCF HDR cinéma, Université de Caen Normandie)

Julie Wolkenstein (MCF HDR Littérature comparée, Université de Caen Normandie)