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Âges et genres des émotions au Moyen Âge (Bucarest)

Âges et genres des émotions au Moyen Âge (Bucarest)

Publié le par Marc Escola (Source : Ecaterina Lung)

Appel à communications

Colloque international

Âges et genres des émotions au Moyen Âge

26-27 novembre, Université de Bucarest

 

Longtemps ignorée, la vie affective au Moyen Âge et ses expressions ont suscité l’intérêt des chercheurs au cours des dernières décennies.D’ailleurs, les sources ne manquent pas : la littérature profane et spirituelle, l’iconographie, les chroniques, mais aussi la théologie et la médecine nous offrent de nombreux indices sur l’importance des émotions dans la vie sociale. Qu’il s’agisse de la colère des puissants ou de l’indignation des gens du commun, de la honte démonstrative de quelque sainte ou de la peur de l’humiliation d’un personnage important, de l’amitié spirituelle entre les moines ou de la souffrance par amour des troubadours, de l’enthousiasme des croisés devant le Tombeau du Christ ou de la crainte des guerres, des épidémies, les exemples ne manquent pas.

L’émotion n’est pas toutefois l’expression d’un esprit confus, ni de l’instauration du chaos dans les relations sociales. Les éclats de joie ou de douleur, signes d’une humanité intégrale, mais aussi de la découverte d’un vécu individuel sont producteurs de sens, lequel doit être compris dans son contexte. Au cours du millénaire du Moyen Âge, dans les laboratoires monastiques s’élabore un modèle chrétien d’affectivité qui se répand, pénètre la société, en relation avec d’autres modèles déjà présents ou en voie de se construire, tel celui de la culture courtoise.

De nombreuses directions s’ouvrent à celui qui s’intéresse à l’étude des émotions : les femmes sont-elles plus « émotives » que les hommes ? La jeunesse est-elle un âge plus favorable à l’expression des émotions que les années et l’âge ont appris à maîtriser ? Les options et décisions des personnages historiques sont-elles seulement le fruit d’un « choix rationnel » ou les émotions et les affects ont eux aussi leur mot à dire ? Les perspectives et les méthodes sont diverses et souvent contrastantes, tout comme les positions adoptées quant aux possibilités d’analyse et d’interprétation des phénomènes étudiés. En dépit de la diversité, présente aussi au niveau des interprétations, il est hors de doute que le domaine des émotions occupe une place centrale dans l’analyse et la compréhension des actions humaines, au niveau individuel aussi bien que des agissements collectifs.

Quelle que soit la perspective adoptée au sujet des émotions en tant que phénomène, on doit inévitablement s’interroger sur le caractère et la valeur des témoignages dont dispose le médiéviste. Tout texte, image, objet qui présente une action ou une série d’actions comme fondées et motivées par les émotions ne nous permet que d’entrevoir la réalité historique, de façon indirecte et médiate. La solution traditionnelle pour dépasser cette difficulté consistait en une lecture qui envisageait les expressions de l’émotivité comme éléments d’un système de représentations symboliques : ainsi la colère ou les larmes des personnages historiques ou littéraires deviennent des modes d’expression codifiés.

Cette prise de position a sans doute permis à la recherche historique – et non seulement – de faire de grands progrès au cours des trois dernières décennies, en proposant de nouvelles perspectives sur des manifestations telles l’honneur, la colère, le pardon que nous pouvons mieux comprendre aujourd’hui comme modalités médiates de communication sociale et politique. Elle exclut toutefois de manière systématique la possibilité d’émotions authentiques et individuelles, celles-ci ne pouvant être entièrement expliquées que par l’intermédiaire de certains paramètres sociaux et situationnels. Si nous posons comme prémisse que les actions humaines sont profondément marquées par les émotions qui les modifient ou les codifient, une interprétation qui se rapporte au seul cadre rituel, symbolique ou public ne peut suffire. Pour pouvoir proposer une première impression au sujet du phénomène, au-delà de la « façade » des expressions affectives codifiées, il serait nécessaire de développer de nouvelles façons d’aborder les formes d’expression (rire, larmes, trouble visible du visage, mains jointes, perte de connaissance). En outre, une analyse plus complète du vocabulaire historique des émotions serait souhaitable.

De quels moyens dispose-t-on en somme pour approcher le champ des émotions en fonction de l’âge et du genre, et quels domaines concrets s’avèrent plus prometteurs pour une pareille recherche ? Quelles disciplines abordent les émotions dans ces perspectives et quels en sont les méthodologies dominantes ?

Les contributions peuvent viser des points spécifiques (histoire du corps, anthropologie historique, etc.), mais aussi des perspectives interdisciplinaires. La discussion des problèmes centraux de méthodologie, à partir d’études de cas ou de débats théoriques actuels, serait d’un intérêt certain.

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Soumission des propositions :

Les propositions de 300 mots maximum, accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique, sont à envoyer aux adresses suivantes :

mihaela.voicu@unibuc.ro

luminita.diaconu@lls.unibuc.ro

ecaterina.lung@istorie.unibuc.ro

Merci de préciser, dans le corps du message, le titre de la communication, le nom de l’auteur/ des auteurs et l’institution (les institutions) de rattachement.

Date limite d’envoi des propositions : le 10 octobre 2021.

Notification d’acceptation des propositions : une réponse sera adressée aux contributeurs au plus tard le 25 octobre 2021.

Durée prévue des communications : 20 minutes (suivies par 10 minutes de discussions).

Langues de communication : français, anglais, espagnol, italien.

Lieu de la manifestation : Université de Bucarest.

Les travaux du colloque se dérouleront en ligne. Une formule hybride est pourtant possible, en fonction de l’évolution de la situation sanitaire et des contraintes des intervenants. Les communications donneront lieu, après expertise des textes définitifs par le comité scientifique, à une publication en volume.

Organisateurs :

Le Centre d’Études Médiévales, Université de Bucarest, CEREFREA.

Comité scientifique :

Mihaela Voicu (Université de Bucarest)

Luminița Diaconu (Université de Bucarest)

Mianda Cioba (Université de Bucarest)

Ecaterina Lung (Université de Bucarest)

Corina Anton (Université de Bucarest)

Bogdan Tătaru-Cazaban (Institut d’Histoire des Religions de l’Académie roumaine, Bucarest).