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Appels à contributions

"Humour, Contextes" (Carthage)

APPEL A CONTRIBUTION AU COLLOQUE

HUMOUR, CONTEXTES

12 et 13 novembre 2021

Lieu : L'Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts - Carthage

 

ARGUMENTAIRE

L’humour est un phénomène inhérent à toutes les sociétés et à toutes les époques, il peut éclore dans la sphère publique ou dans la sphère privée, dans les situations les plus ordinaires comme dans les situations les plus tragiques (deuils, catastrophes, crises sociales, politiques et sanitaires, etc.). Affaire de langage, il peut être envisagé à la croisée du psychologique et du social. Mécanisme de défense (Freud, 1905), facteur de résilience (Jourdan-Ionescu, 2001), construit social (Bonardi, 2009), l’humour est interrogé dans toutes ses dimensions et dans toutes ses fonctions. Conscients de l’étendue du sujet, nous nous intéressons principalement à l’humour en contexte : un macro-contexte politico-social qui se distingue par des changements, voire des mutations profondes, mais également des micro-contextes où l’humour s’invite et joue un rôle prépondérant dans l’interaction simple du quotidien, au sein de la famille, à l’école, au travail, etc. Décalé, noir, analytique, supérieur, décapant, sarcastique ou alors graveleux, l’humour peut prendre différentes formes plus ou moins plaisantes. Il peut aussi avoir un caractère, une coloration, une identité : on parle d’humour « british », d’humour juif ou d’humour maghrébin. L’humour a aussi le pouvoir de confronter l’individu et la société à des sujets tabous tels que la haine, le racisme, le sexe, la religion, la mort, les addictions de toutes sortes. S’il peut procurer à qui s’en sert un sentiment de plaisir, son effet sur l’auditeur peut être analogue ou inverse.

Dans un contexte postrévolutionnaire qui se caractérise par une ébullition politique et sociale, une crise économique palpable, une insertion plus ou moins forcée dans le jeu de la mondialisation, une « virtualisation » des interactions humaines, l’humour se trouve plus que jamais sur le devant de la scène, impliqué inexorablement dans un processus qui permet, entre autres, de distancier tant soit peu les évènements anxiogènes. Peut-on entendre cette « explosion » humoristique comme le symptôme d’un mal-être sociétal, comme une façon de lutter contre la morosité du quotidien, ou alors comme une forme d’engagement dans les affaires publiques ? Peut-on parler d’une « révolution par l’humour » là où d’autres formes de révolution ont échoué ? Quel rôle joue-t-il en situation de crise sociale ou politique ? Peut-on parler de « mésusage » de l’humour ?

L’humour a toujours été présent dans la sphère artistique et culturelle (théâtre, cinéma, littérature, arts plastiques, arts visuels, etc.), dans la sphère publique et dans les médias (journaux et périodiques, radio, télévision et internet). L’humour, comme l’art, est un dérivé du jeu, tous les deux ont le pouvoir de relier les opposés, de transgresser les codes. Si le positionnement humoristique de l’art contemporain a été essentiellement véhiculé par le dadaïsme et le ready-made avec Marcel Duchamp, l’humour et la dérision touchent aussi d’autres champs artistiques plus contemporains comme la Bande Dessinée et la photographie. Par ailleurs, la culture technologique, corollaire de l’hypermodernité, fait émerger de nouvelles formes d’humour. L’intelligence artificielle (IA) s’y met aussi pour produire un cyberhumour qui séduit de plus en plus d’usagers adeptes de connectivité et d’instantanéité (mèmes, émojis et gifs animés, etc.). Quelle est la place de l’humour dans l’art ? Quelle serait sa fonction ? Peut-il constituer une forme de militantisme dans l’art ? 

Dans son rapport au psychisme, Freud (1905) présentait l’humour « comme la plus haute des réalisations de défense » (p. 407). L’humour « dédaigne de soustraire à l’attention consciente le contenu de représentation attaché à l’affect pénible » (p. 408) en transfigurant la connotation émotionnelle négative par la jonction d’une composante positive, transformant ainsi partiellement ou totalement le déplaisir en plaisir. En d’autres termes, l’humour a le pouvoir de rendre soutenable une douleur, un trauma. D’un point de vue cognitiviste, l’humour est conçu de deux manières : soit il est associé à des émotions positives qui concourent à assurer une bonne estime de soi ou encore des relations interpersonnelles agréables, soit il concourt à contrecarrer des expériences émotionnelles négatives telles que l’anxiété et la dépression. Peut-on envisager l’humour comme un facteur de protection en santé mentale ? Peut-il constituer une forme de résilience ? Existe-t-il des pathologies qui empêchent toute forme d’humour ? Quelle place occupe l’humour dans les pratiques « psy » ?

Dans un contexte éducatif, le parti-pris d’un style parental de communication basé sur l’humour peut avoir un effet facilitateur de l’interaction parents/enfants. Il peut soutenir l’apprentissage de certaines habiletés chez le jeune enfant, développer sa créativité (chansons humoristiques, jeux de rôles, jeux de mots), défaire les résistances, surmonter les crises et les blocages, apporter du plaisir dans l’interaction. Dans le domaine de l’enseignement, l’humour volontaire utilisé dans un but pédagogique, soit dans sa dimension orale de transmission et d’interaction avec les apprenants, soit comme outil facilitateur de l’apprentissage (à travers les supports pédagogiques eux-mêmes), pourrait être un moyen de favoriser la bonne attention, faciliter la compréhension, désamorcer un conflit relationnel. Peut-on envisager l’humour comme un style éducatif ? Peut-on le concevoir comme un outil pédagogique qui aurait un effet stimulateur de l’apprentissage et démystificateur du savoir ?

Le colloque « Humour, contextes » vise précisément à nourrir la réflexion sur le sujet de l’humour en contexte, sa construction, sa fonction, ses configurations, sa dynamique ... Il a pour ambition de déployer la complexité de l’humour à travers le regard des psychologues, des historiens, des sociologues, des philosophes, des psychanalystes, des hommes de lettres et de sciences, etc.,  mais aussi celui des artistes, des chroniqueurs et des journalistes. 

Les thématiques abordées peuvent s’inscrire, à titre indicatif et aucunement de manière exhaustive, dans les axes sus-énoncés.

Bibliographie

  • Bonardi, C. (2009). L'humour : un kaléïdoscope pour les sciences humaines ?. Le Journal des psychologues, 6(6), 22-26. https://doi.org/10.3917/jdp.269.0022
  • Freud, S. (1905). Le mot d’esprit et ses relations avec l’inconscient. Paris : Gallimard, 1988.
  • Jourdan-Ionescu, C. (2001). Intervention écosystémique individualisée axée sur la résilience. Revue québécoise de psychologie, 22(1), p. 163-186.

 

Modalités de soumission

Une proposition de communication doit inclure :

 

  • un titre (180 signes, espaces compris);
  • le nom, l’affiliation et les coordonnées des auteur.e.s;
  • un résumé (1 500 signes, espaces compris).
  • des mots clés (5) et bibliographie (5 références maximum)

Les communications individuelles seront groupées par axes thématiques et ne devront pas dépasser 20 minutes.

Calendrier

Date limite de soumission des propositions : 31 juillet 2021

Réponse du comité scientifique : 20 août 2021

Date limite de soumission des articles définitifs : 30 octobre 2021

Après expertise, les articles retenus seront publiés sous forme d’ouvrage collectif (les consignes aux auteurs seront communiquées suite à l’acceptation de la proposition).

Modalités de participation

Compte tenu des conditions sanitaires, trois modalités de participation sont prévues :

  • En présentiel, séances plénières et ateliers
  • En visioconférence et à travers des capsules vidéo notamment pour les participants étrangers
  • Des communications affichées (posters, bandes dessinées, caricatures, dessins, etc.)

 

Contact 

Salma Derouiche-El Kamel, Université de Tunis - Laboratoire De Psychologie Clinique : Intersubjectivité Et Culture

Courriel : salma.derouiche@fshst.u-tunis.tn

 

  • Responsable :
    Salma Derouiche-El Kamel
  • Adresse :
    L'Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts - Carthage - Tunisie