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Fiction Politique (Nancy)

Fiction Politique (Nancy)

Information publiée le 8 février 2019 par Romain Bionda  (source : Université de Lorraine )
Le 20 mai 2019
Nancy

Colloque international et interdisciplinaire Jeunes Chercheurs du laboratoire
Littératures, Imaginaire, Sociétés (LIS) – Université de Lorraine – Nancy 2019

FICTION POLITIQUE

Fingunt simul creduntque. Tacite, Annales, v, 10

Dans la continuité de l’axe de recherche PROPIS (Politique, Presse, Idées, Sociétés) du laboratoire LIS, le présent colloque entend interroger la façon dont politique et fiction s’entremêlent, se nourrissent, se donnent vie mutuellement pour le meilleur et le pire : gouverner, c’est faire croire, (citation attribuée à Machiavel).

Introduction :

Le 5 février 2004, le secrétaire d’État américain, Colin Powell, brandit devant l’hémicycle de l’ONU une fiole, censée prouver la production d’armes de destruction massive par l’Irak. C’est un mensonge.

En 2004, Ralph Keyes publie son essai, The post-truth era, Dishonesty and Deception in Contemporary Life, popularisant le terme post-truth, élu mot de l’année 2016 par le Dictionnaire d’Oxford, qui le définit comme l’ensemble des « circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d'influence pour modeler l’opinion publique que les appels à l'émotion et à l'opinion personnelles. ».

Dans cette ère « post-vérité », ne peut-on au moins juger du discours politique à l’aune de la vérité des faits réels ? À l’heure du fact checking obsessionnel, il ne faut pourtant pas oublier que le pouvoir politique a toujours eu partie liée à la fiction ; le pouvoir se constitue en mythe, se réécrit lui-même, et constitue ce que Patrick Boucheron, dans son enseignement au Collège de France, nomme une « fiction politique », soit « la forme narrative de la théorie politique », qui dédouble sur le plan symbolique l’agir politique.  

Le pouvoir politique se matérialisant par des re-présentations (discours, lieux, objets, symboles, transmis et commentés par la presse et les autres media), comment évaluer l’impact de ces artifices sur nous ? Quels écarts entre le discours politique et la réalité que nous vivons ? Sommes-nous les dupes plus ou moins consentantes de la fiction politique ?

Les approches questionnant l’histoire, l’histoire de l’art, la philosophie, la psychologie, la sociologie, les sciences politiques et économiques, et la littérature seront bienvenues pour éclaircir ces problématiques pluridisciplinaires.

 

Les contributeurs pourront explorer cette question à partir des axes analytiques suivants :

 

  • Fiction politique

Le storytelling, anglicisme qui désigne la mise en scène permanente à laquelle se soumettent nos dirigeants ; il a pour ancêtre l’idée baroque, conçue au Grand Siècle, de la théâtralité du pouvoir. La puissance politique n’existe qu’à condition d’être reconnue ; elle cherche à subjuguer et dominer par la manifestation spectaculaire de sa puissance. En effet, « la question de la représentation est liée de façon essentielle à tout pouvoir, constituant à la fois un enjeu politique et un extraordinaire moyen publicitaire » (Castellani, McIntosh-Varjabédian, 2014).

Le pouvoir se définit aussi par sa capacité d’être mis en récit, exercice d’une puissance fictionnelle qui transcende l’homme d’État et le transfigure en un personnage de fiction de son vivant même, voire en mythe, si nous pensons à Alexandre, le conquérant de légende ; Auguste, fait dieu de son vivant ; Charlemagne à la barbe fleurie ; Louis XIV, le Roi-Soleil ; Napoléon dans son épopée…

A contrario, les discours des politiciens dans nos démocraties sont perçus avec méfiance ; on dénonce la langue de bois. Encore faut-il, suivant Harry Frankfurt, savoir distinguer le mensonge du baratin (« bullshit »). Comprise comme simplement mensongère, la propagande se pose pourtant face à la vérité, qu’elle réaffirme en la contredisant ; le bullshiter, ou baratineur, n’a pas le souci du vrai. Il ne s’intéresse qu’à sa domination, qu’il acquiert moins par le souci de la vérité que par la manipulation des foules, se vendant comme un produit marketing. ; ainsi, le fact-checking, qui consiste à vérifier la véracité des propos, est-il mis en échec par des discours qui ne se soucient pas du vrai. L’homme politique n’est-il tout au plus qu’un sophiste, qui suscite l’adhésion d’autrui à des discours que lui-même ne reconnaît pas ; quelle place reste-il au parler vrai, à la confiance envers l’orateur qui doit amener ses auditeurs à une compréhension du monde, au lieu de la lui dissimuler ?

 

  •  Politique de la fiction

Nous qui dénonçons le manque de transparence de nos dirigeants, ne sommes-nous pas tous imprégnés d’une politique de la fiction, c’est-à-dire du mensonge à soi-même, en accord avec la complaisance envers les mensonges politiques ? « Tout état social exige des fictions », disait Paul Valéry.

Les bonimenteurs politiques nous disent ce que nous voulons entendre, et la fascination qu’ils exercent sur nous devrait soulever notre questionnement, notre doute ; aimons-nous être trompés, rassurés, maintenus dans le confort de nos habitudes ? Sommes-nous seulement prêts à voir une politique nue, ramenée à sa réalité d’artefact humain, dirigée par des êtres faillibles et périssables ? Où seraient la fascination, la force de conviction d’une politique sans l’aura de mystère qui l’entoure ? Actuellement, la catastrophe climatique hante notre imaginaire et rend nos gouvernants bavards et impuissants, comme pendant le ballet international de la COP24 en décembre 2018 : la réalité dépasse la fiction politique et la décrédibilise. La confiance n’est plus dans la magie des beaux discours rassembleurs – ce que Bourdieu appelle l’illusio, « le fait d’être pris au jeu, d’être pris par le jeu, de croire que le jeu en vaut la chandelle » (Raisons pratiques, 1994), ne fonctionne plus.

 

  • La politique en fiction

Aristote déjà distinguait la fiction de l’événement ordinaire, non selon un principe de vérité, mais par un surcroît de rationalité ; là où l’expérience vécue nous semble arbitraire, la fiction obéit à une logique énonciative où tout est porteur de sens. La fiction impose l’ordre à ce qui en est dépourvu, installe une médiation entre nous et le réel, qui nous permet de le mettre à distance. Ainsi, la fiction, notamment littéraire, n’est-elle pas un remarquable laboratoire, où s’essaient toutes les combinaisons possibles ? La littérature dite post-apocalyptique (ou le cinéma, avec Mad Max) prend ainsi de front le problème de la fin du monde ; dans La Route, McCarthy montre un père et son fils errer dans une terre ravagée par l’hiver nucléaire. La fiction-politique, quant à elle, étudie par anticipation les différentes hypothèses politiques ; ainsi de Houellebcq, dans Soumission, qui imagine la prise de pouvoir en France, en 2022, d’un chef d’État musulman.

Comment la fiction peut-elle paradoxalement nous donner à voir le réel ? L’imaginaire scientifique, les utopies ou dystopies, les uchronies sont autant d’expériences mentales qui, paradoxalement, sont un amer retour à la réalité pour une fiction politique qui ne se préoccupe que de sa propre perpétuation. Après nous, le déluge D’autre part, jeux vidéo et expériences de réalités virtuelles contribuent à éloigner les consciences de la res publica. Pascal n’avait-il pas déjà décrit ce comportement, déconnecté du réel, sous le nom de « divertissement » ?

Modalités de participation :

Interdisciplinaire, ce colloque accueillera les jeunes chercheurs en Lettres, Arts, Sciences humaines et sociales. Les propositions de communication (titre et résumé de 300 mots, accompagnés d’une courte notice bibliographique) devront être envisagées pour une communication de vingt minutes et seront à soumettre au comité organisateur (jeuneschercheurslis2019@gmail.com) avant le 20 mai 2018.

 

Pistes bibliographiques :

Boucheron, Patrick, « Fictions politiques », cours au Collège de France, 2017 : https://www.college-de-france.fr/site/patrick-boucheron/course-2016-2017.htm

Bourdieu, Pierre, Raisons, Sur la théorie de l'action, Seuil, 1994.

Castellani, Marie-Madeleine, McIntosh-Varjabédian, Fiona, (dir.), Représenter le pouvoir, Images du pouvoir dans la littérature et les arts, P.I.E Peter Lang, 2014.

Churchill, Winston, « Discours du 13 mai 1940 » : http://vdaucourt.free.fr/Mothisto/Churchill/Churchill.htm

Fondation Charles de Gaulle, Archives BBC/Pathé-Gaumont, « L'appel à la Résistance du 18 juin 1940 du général de Gaulle » : https://www.youtube.com/watch?v=xR3o13i0sd0

Hanus, Gilles, « Mais où donc Emmanuel Macron a-t-il pris sa citation de Lévinas ? », Bibliobs, 3 novembre 2017 : https://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20171103.OBS6910/mais-ou-donc-emmanuel-macron-a-t-il-pris-sa-citation-de-levinas.html

Jauvert, Vincent, « L'incroyable histoire du mensonge qui a permis la guerre en Irak », L’Obs, 10 mars 2013 : https://www.nouvelobs.com/l-enquete-de-l-obs/20130308.OBS1260/l-incroyable-histoire-du-mensonge-qui-a-permis-la-guerre-en-irak.html

Keyes, Ralph, The Post-Truth Era: Dishonesty and Deception in Contemporary Life, St. Martin’s Press, 2004.

Le Bart, Christian, Le discours politique, Presses Universitaires de France, 1998.

Monod, Jean-Claude. « Vérité de fait et opinion politique », Esprit, octobre 2017, pp. 143-153.

Pascal, Pensées, textes établis par Louis Lafuma (dir.), Points, 2018.

Revault d’Allonnes, Myriam, Le miroir et la scène, ce que peut la représentation politique, Seuil, 2016.

Revault d'Allonnes, Myriam, La Faiblesse du vrai, ce que la post-vérité fait à notre monde commun, Seuil, 2018.

Valéry, Paul, Regards sur le monde actuel et autres essais, Gallimard, 1988.

Van Reeth, Adèle, « Sommes-nous prêts pour la fin du monde ? » Les Chemins de la philosophie, France-Culture, 18 janvier 2019 : https://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/sommes-nous-prets-pour-la-fin-du-monde

 

 

Responsable :

Paola Tomarchio

url de référence

http://lis.univ-lorraine.fr/

adresse

Nancy

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