Actualité
Appels à contributions

"Des marches et des routes, démarches et des routes. De la marche dans les arts du spectacle (Université de Strasbourg)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Sylvain Diaz)

Appel à contribution

Colloque "Des marches et des routes, démarches et des routes | De la marche dans les arts du spectacle"

18-20 mai 2020, Université de Strasbourg

*

DESCRIPTION :

Dans le cadre de la résidence de Mathilde Monnier à l’Université de Strasbourg (de janvier à mai 2020) dont la thématique portera sur la marche, nous souhaitons explorer ce geste, « degré zéro du mouvement », dans le champ artistique – tout particulièrement, celui très vaste des arts du spectacle (cirque, danse, improvisation, marionnettes, opéra, performance, théâtre, théâtre de rue, théâtre d’objets, etc.) – en envisageant sa dimension non pas seulement poétique mais aussi politique. Loin de l’injonction « en marche ! », comment la marche, en apparence si simple, peut-elle se faire démarche ? comment la route, même droite, devenir déroute ?

*

ARGUMENTAIRE :

Qu’elle soit pacifiste ou militaire, militante ou fasciste, blanche ou festive, qu’elle relève de la reconnexion avec l’intime ou de l’expérience du collectif, de l’activité physique intense ou de la flânerie, qu’elle se fasse défilé ou carnaval, la marche est le lieu de toutes les manifestations et de tous les paradoxes. Marcher seul, ensemble, pour, contre, sur, avec… De récents travaux dans les domaines de la sociologie (David Le Breton) et de l’histoire culturelle (Antoine de Baecque) ont apporté des éclairages sur les usages de cette activité qui « fait l’Homme ». Les arts du spectacle se sont saisi de ce geste pour proposer de possibles réinventions « d’une tradition pédestre » sur scène ou in situ, faisant de la marche le matériau d’œuvres expérimentales, performatives, parfois proches de mouvements du quotidien, ou qui ont pu s’incarner dans des formes clairement militantes, politiques.

C’est cette approche qui a notamment guidé, en 2002, la chorégraphe Mathilde Monnier :

« Cette chorégraphie, Déroutes, inspirée par le Lenz de Büchner, faisait de la marche un élément fondateur et constitutif du mouvement des treize danseurs qui se déployaient sur scène. Marcher et danser, ou marcher vers la danse, ces deux modes d’être au monde apparemment antagonistes venaient dialoguer et formaient le soubassement du spectacle. Marcher, n’est-ce pas déjà danser ? […] Forme apparemment égalitaire, elle s’apparente à une présence directe des corps, qui permet à chacun, danseur ou non-danseur, de partager un plateau remettant en cause la notion même de représentation. Beaucoup de chorégraphes et danseurs ont marché dans leur studio, sur scène, dans l’espace public, dans les musées... »

Approches :

Adoptant le point de vue tant du créateur que du spectateur, on pourra approcher la marche de différentes façons :

- la marche comme motif thématique : quelles œuvres en font un argument fictionnel puissant ? comment s’en emparent-elles ?

- la marche comme processus de création : comment engage-t-elle de manière singulière le travail de chorégraphie ou de mise en scène, d’interprétation ou de performance ? induit-elle nécessairement une détermination in situ de l’œuvre ?

- la marche comme dispositif esthétique : du défilé au stationendrama, comment informe-t-elle la conception même des œuvres ?

- la marche comme enjeu éthique : en quoi témoigne-t-elle d’un projet individuel, d’un contrat avec soi-même ?

- la marche comme démarche politique : comment les arts du spectacle font-ils manifestation ?

Ces approches ne sont que des invitations à s’emparer de ce motif dans toutes ses déclinaisons – balade, déambulation, excursion, trajet, etc. –, sous une forme non nécessairement académique : le sujet de ce colloque encourage en effet à renoncer à la station assise, voire à sortir des amphithéâtres pour arpenter un paysage et parler de la marche en marchant. Les propositions de communication, mais aussi d’ateliers pratiques, pourront à cette fin mentionner des souhaits ou des opportunités que les organisateurs prendront en considération, sans garantir de pouvoir les honorer. 

*

Bibliographie indicative :

  • « Ce que la marche fait à la danse », Repères, cahier de danse, no 12, Vitry-sur-Seine, La Briqueterie/CDCN du Val-de-Marne, 2019 ;
  • BARDET Marie, « Marcher », in GLON Marie et LAUNAY Isabelle (dir.), Histoires de gestes, Arles, Actes Sud, 2012, pp. 55-72 ;
  • CARERI Francesco, Walkscapes. LA Marche comme pratique esthétique, Arles, Actes Sud, 2013 ;
  • DAVILA Thierry, Marcher, créer. Déplacements, flâneries, dérives dans l’art de la fin du XXe siècle, Paris, éd. du Regard, 2002 ;
  • DE BAECQUE Antoine, Une histoire de la marche, Paris, Perrin, 2016 ;
  • FENWICK Philippe, Un théâtre qui marche, Arles, Actes Sud, 2010 ;
  • FRECHURET Maurice (et al.), Les Figures de la marche. Un siècle d’arpenteurs, Paris, Réunion des musées nationaux, 2000 ;
  • GROS Frédéric, Marcher une philosophie, Paris, Carnets Nord, 2009 ;
  • LE BRETON David, Éloge de la marche, Paris, Éd. Métailié, 2000 ;
  • LE BRETON David, Marcher, éloge des chemins de la lenteur, Paris, Éd. Métailié, 2012 ;
  • LEFKOWITZ Myriam, Walk, hands, eyes. A City, Aubervilliers / Paris, Les Laboratoires d’Aubervilliers / Les Beaux-arts de Paris éditions, 2015 ;
  • MAYEN Gérard, De marche en danse, Paris, L’Harmattan, 2005 ;
  • MICHARD Alain et POISSON Mathais, Du flou dans la ville, Paris, Eterotopia, 2018 ;
  • QUOIRAUD Christine et FULTON Hamish, Walk danse art Co, Trézélan, Filigranes, 2003 ;
  • SOLNIT Rebecca (trad. Oristelle Bonis), L’Art de marcher. Essai, Arles, Actes Sud, 2002 ;
  • TESSON Sylvain, Sur les chemins noirs, Paris, Gallimard, 2016 ;
  • THOREAU Henry David, De la marche, Paris, Éd. Mille et une nuits, 2003 ;
  • THOREAU Henry David, Marcher, Paris, Marseille, Le Mot et le reste, 2017.

***

Modalités de soumission :

Les propositions de communications (300 mots, document au format .pdf) sont attendues pour le 15 décembre 2019 aux deux adresses suivantes : sylvain.diaz@unistra.fr et gsintes@unistra.fr.

Une réponse sera apportée par le comité d’organisation au plus tard le 15 janvier 2020.

***

Organisateurs :

  • Sylvain Diaz, MCF en études théâtrales, EA 3402 ACCRA / Université de Strasbourg
  • Guillaume Sintès, MCF en danse, EA 3402 ACCRA / Université de Strasbourg