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Molière, dramaturge de la société de cour (Œuvres & Critiques XLVII, 1, 2022)

Molière, dramaturge de la société de cour (Œuvres & Critiques XLVII, 1, 2022)

Publié le par Marc Escola (Source : Hendrik Schlieper)

Molière, dramaturge de la société de cour

Fascicule Œuvres & Critiques XLVII, 1 (2022)

coord. par Jörn Steigerwald et Hendrik Schlieper

 

Molière est un des principaux acteurs des divertissements de Versailles : il contribue, avec quatre pièces, aux Plaisirs de l’île enchantée de 1664 (Les Fâcheux, La Princesse d’Élide, L’Hypocrite et Le Mariage forcé), avec une au Grand Divertissement Royal de 1668 (George Dandin) et avec une – posthumément – aux Divertissements de Versailles de 1674 (Le Malade imaginaire). En outre, plusieurs comédies et comédies-ballets créées par Molière sont représentées pour la première fois dans un cadre courtois, dont les Amants magnifiques, comédie représentée à Saint-Germain-en-Laye en 1670 sous le titre de «Divertissement royal», ainsi que Le Bourgeois gentilhomme, comédie-ballet mise en scène à Chambord la même année.

Le fait que beaucoup de pièces de Molière soient intégrées dans des divertissements royaux soulève deux questions initiales : de quelle manière une pièce contribue-t-elle aux divertissements de la société de cour, et dans quelle mesure le divertissement d’une pièce dépend-il de l’interaction avec d’autres pièces, d’autres auteurs et d’autres arts ? L’exemple de George Dandin démontre qu’il s’agit de deux questions tout à fait cruciales auxquelles s’ajoutent d’autres : pourquoi et comment l’histoire désastreuse d’un riche paysan sert-elle à divertir les membres de la société de cour ? Et de quelle manière la pièce de Molière est-elle tributaire de la musique de Lully et surtout du ballet pour divertir la cour présente à Versailles ? Une autre perspective sur le théâtre moliéresque s’ouvrira si l’on considère la collaboration entre Molière et Carlo Vigarani. D’un côté, Isaac de Benserade, dans sa relation des Plaisirs de l’île enchantée, met en relief que les deux artistes sont les premiers acteurs de ces fêtes en ce qui concerne la mise en scène des divertissements. De l’autre, le succès de Psyché résulte du fait que Molière utilise les machines de théâtre vigaraniennes. Au moins deux questions plus générales s’ensuivent : le divertissement de la société de cour se base-t-il sur la concomitance de plusieurs artistes et de plusieurs arts dans un lieu spécifique ? Que signifie exactement ‹divertissement›, et qu’est-ce qui distingue le ‹divertissement› du ‹plaisir› ?

Or, plusieurs comédies et comédies-ballets de Molière sont jouées pour la première fois dans des châteaux différents, mais le divertissement royal des Amants magnifiques est le seul qui soit repris à la ville du vivant de l’auteur. D’où les questions suivantes : de quelle manière Molière conçoit-il ses pièces pour la cour, pour la ville et pour ‹la cour et la ville› ? Et, pour être plus précis : qu’est-ce qui distingue une pièce de la cour d’une pièce de la ville, et cela aux niveaux du sujet, des personnages et du genre dramatique ? D’où également la question de savoir si l’on pourrait parler d’un ‹Molière caméléon› par analogie avec le ‹Racine caméléon›. En d’autres mots, comment le self-fashioning du dramaturge fonctionne-t-il à travers et au sein de ses comédies ?

De plus, Molière participe aux divertissements royaux grâce à ses compétences artistiques, mais il n’est pas intégré dans la société de cour au sens strict du mot : le dramaturge contribue à la ‹fabrication›  de Louis XIV ainsi qu’à la production du portrait du roi, mais il est tenu de garder ses distances. D’où la question de savoir si cette distance permet à Molière de ‹négocier› les transformations de la noblesse de son temps et les nouvelles exigences aux nobles : la comédie-ballet, par exemple, donne-t-elle une idée précise de l’amour galant tel qu’il se manifeste dans les différents espaces sociaux de la société de cour ? Dom Juan et le protagoniste éponyme de cette comédie, font-ils ressortir ex negativo les traits caractéristiques d’un noble contemporain et opportuniste ? L’appropriation de la mythologie telle qu’elle se présente dans Amphitryon, Psyché et d’autres pièces moliéresques, permet-elle de développer un nouvel idéal de la société de cour et de la pratique sociale des courtisan(e)s , voire de problématiser les idéaux, mais aussi les blancs de la galanterie ?

Molière, dramaturge de la société de cour sera publié à l’occasion du 400e anniversaire de cet auteur sous forme de fascicule de la revue Œuvres & Critiques.

Nous vous prions d’adresser vos propositions d’articles, comportant un titre et un résumé d’une demi-page environ, d’ici le 1er août 2021 à Jörn Steigerwald (joern.steigerwald@upb.de) et à Hendrik Schlieper (hendrik.schlieper@upb.de).

Pour assurer la date de publication programmée, les textes devront nous parvenir au plus tard le 1er février 2022.

Les articles attendus pour ce projet s’inscriront dans une réflexion sur l’influence exercée par la société de cour et les divertissements royaux sur les comédies et les comédies-ballets de Molière – et vice versa. Dans une approche plus globale, ils pourront se concentrer sur des études de cas et / ou sur des paradigmes de la société de cour, de la pratique sociale et esthétique aussi bien que de la politique culturelle, autour desquels l’œuvre de Molière s’organise.