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Ce que le langage fait à l'art (Aix-Marseille)

Ce que le langage fait à l'art (Aix-Marseille)

Publié le par Université de Lausanne (Source : jeartlangage@gmail.com)

Ce que le langage fait à l'art

17 et 18 avril 2020

Aix-Marseille Université / FRAC Provence-Alpes-Côte d'Azur

École doctorale 354 " Langues, Lettres et Arts " - Centre Norbert Elias / Laboratoire d'Études en Sciences des Arts

 

À partir d'une démarche interdisciplinaire centrée sur la fin du XXe et le XXIe siècle, ces deux journées d'étude proposent de mener une réflexion sur les rapports qu'entretiennent art et langage. Il s'agit alors d'envisager ces deux objets conjointement afin d’étudier leurs relations internes et externes aux œuvres d’art contemporain.

Sur ces questions, les années 1960 marquent une variation significative. En effet, la place nouvellement accordée à la parole des artistes et la prépondérance de la fonction performative du langage, amorcent le moment que nous voudrions étudier. D’ailleurs les pratiques telles que les conférences-performées ne sont-elles pas considérées comme des œuvres d’art ? Au-delà du théâtre qui place habituellement la parole au centre, dans quelle mesure le performatif produit-il de l'artistique ? Par l'étude de ces pratiques, il s'agit de penser, d’une part, ce qui transforme le dire en matériau et d’autre part, d’identifier les effets du performatif linguistique dans l’art.

De plus, si depuis la naissance de l'art conceptuel le texte apparaît comme constitutif de l’œuvre, quelle place accorder au texte qui accompagne, augmente, voir prolonge ces œuvres sous d'autres formes ?

Deux typologies semblent se dessiner : des textes produits par les artistes, que nous nommons « paratexte par l’art » ; des textes à propos des œuvres que nous appelons « paratexte sur l’art ». Parmi ces « paratexte sur l’art », nous assistons à une multiplication des formes de médiations culturelles. Qu’elle soit verbale ou textuelle, la médiation vient se placer entre l'œuvre et le spectateur. À cet égard, qu'en-est-il des différents niveaux d'influence de la médiation sur l’expérience in situ d’une œuvre et sa perception ?

Si la distinction entre ces deux usages du langage reste efficiente, l’art contemporain produit une porosité de ces modalités et apporte une nouvelle dimension à ces pratiques. L’objet de notre recherche concerne donc les spécificités des œuvres qui jouent sur cette indistinction de la place accordée au langage dans l’art.

Outre le problème fondateur des relations entre art et langage, nous ne pouvons pas mettre de côté le changement de paradigme que produit le numérique sur ces questions. Ces journées d’études proposeront donc de questionner la manière dont la création de langages de programmation à des fins plastiques redéfinit les limites de l’œuvre d’art. Comment l’écologie numérique, l’écriture du code et la puissance des algorithmes bousculent-ils les relations entre art et langage ? Il nous importera de comprendre en quoi l'accès à des quantités de données pourrait modifier le processus créatif et par là-même, la constitution formelle des œuvres. Plus encore, à partir du code définit par l’artiste, nous observerons comment les pratiques récentes de l’algorithme peuvent développer un comportement propre. À ce titre, l’algorithme devient-il un langage prescripteur et engage-t-il d'autres formes de performativité du langage et des arts ?

Axes de recherche :

1/ La parole comme matériau (conférences-performées, entretiens, comme par exemple le travail de Fanny de Chaillé, Désodre du discours, 2019)

2/ L’instabilité de la limite entre l’œuvre et le texte qui l’accompagne (exposition de recherches préparatoires, notes, comme par exemple le travail de Myriam Lefkowitz Walks, Hands, Eyes (a city), 2015)

3/ Expériences de médiations : comment les artistes et les institutions prennent-ils en charge la médiation ?  (rencontres, exposition protocolaire, cartel comme œuvre, comme par exemple le travail de La ribot, Walk the chair, 2010)

4/ Le langage à l'ère du numérique (data, code, algorithme, Machine Learning Programming, comme par exemple le travail de Diana Smith, Pure CSS Francine, 2019)

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Bibliographie indicative :

Austin John Langshaw, Quand dire, cest faire, [1962], trad. Gilles Lane, Paris, Seuil, coll.  « Points Essais », 1991

Cassin Barbara, Quand dire cest vraiment faire : Homère Gorgias et le peuple arc-en-ciel, Fayard, coll. « ouvertures », 2018

Erwin Panofsky, Essais diconologie : thèmes humanistes dans lart de la Renaissance [1939], trad. Claude Herbette et Bernard, Teyssèdre, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des sciences humaines », 1979

Glicenstein Jérôme, Lart : une histoire dexpositions, Paris, PUF, coll. « Lignes d’art », 2009

Goldsmith Kenneth, L’écriture sans écriture. Du langage à l’âge numérique, [2011], trad. François Bon, Paris, Jean Boîte Éditions, coll. « Uncreative Writings », 2018

Lee Rensselaer Wright, Ut Pictura Poesis : Humanisme et théorie de la peinture XV-XVIIIe siècles [1940], trad. Maurice Brock, Paris, Macula, coll. « La littérature artistique », 1991

Lévy Pierre, De la programmation considérée comme un des Beaux-Arts, Paris, La découverte, coll. « textes à l’appui / Anthropologie des sciences et des techniques », 1992

Montandon Alain (dir.), Iconotextes, Paris, Ophrys, 1990

Mougin Pascal (dir.), La tentation littéraire de lart contemporain, Dijon, Presses du réel, coll. « Figures », 2017

Popelard Marie-Dominique, Ce que fait lart, Paris, PUF, coll « Philosophies », 2002

Steiner George, Réelles présences : Les arts du sens, [1989], trad. Michel R. de Pauw, Paris, Gallimard, coll.  « Folio essais », 1994

Sontag Susan, L’œuvre parle, [1966], trad. Guy Durand, Paris, Christian Bourgois, coll. « Titres », 2010

CRAI_ENSP (éd.), Actes du colloque Arts et langages : Épreuves contemporaines des relations textes & images (LUMA, Arles, 7 et 8 février 2018), CRAI_ENSP, Arles, 2018

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Modalités :

Propositions de communication de 30 minutes, accompagnées d’une courte bio-bibliographie, doivent être envoyées avant le 10 février 2020 à jeartlangage@gmail.com.

Dans la mesure où nous souhaitons questionner les formats traditionnels des communications universitaires, nous vous laissons libres de choisir celui qui sera le plus en adéquation avec votre sujet (à titre indicatif : conférences-performées, entretiens, etc.).

La proposition devra porter mention de vos nom, prénom, coordonnées institutionnelles et un descriptif de votre intervention de 350 mots maximum, accompagnée de 5 mots-clés et d’une brève bibliographie. La notification d’acceptation sera communiquée le 10 mars.