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Boop oop a doop. Babies, pets and poodles. Performance, genre et liberté II (Tours)

Boop oop a doop. Babies, pets and poodles. Performance, genre et liberté II (Tours)

Publié le par Marc Escola (Source : Sophie Large)

Boop oop a doop... Babies, pets and poodles. 

Performance, genre et liberté II

 

À l’occasion de la célébration du 15e anniversaire du séminaire intersites Lectures du genre Tours – Toulouse, cette Journée, qui s’inscrit dans la suite de celle de décembre 2019, se centrera sur les aspects sonores et visuels des constructions des genres.

Argumentaire :

Conceptualisées il y a environ vingt ans par la philosophe Judith Butler, la « performance » et la « performativité du genre » sont au coeur de la théorie de la construction du genre et donnent toujours lieu à de multiples prolongements et approfondissements, que ce soit dans les domaines de l’histoire et de l’histoire sociale, sur le terrain du travail et, pour ce qui nous concerne plus particulièrement, lorsqu’il s’agit de les confronter à des actualisations concrètes dans l’art et la culture.

En tant qu’assignation normative, constituée elle-même par l’effet de répétitions, réitérations, citations qui produisent une « illusion d’essence », la performativité, par les pratiques qu’elle institue, produit les normes de genre. « Loin d’être invention de soi, la performativité est d’abord interpellation sociale » (Fassin, 2015 : 14). Cependant, « si le genre est bien une sorte de faire, une activité incessante qu’on accomplit en partie à son insu et non de son plein gré, pour autant, cela ne fonctionne pas de manière automatique ou mécanique. Au contraire, c’est une pratique d’improvisation, dans une scène de contrainte » (Butler, 2004a ; Fassin, 2015 : 15). C’est alors la notion de « performance » qui permet à Butler de rendre compte « du développement des normes sociales ainsi que des efforts que nous mettons habituellement en oeuvre pour nous conformer à de telles constructions » (Kharoubi, 2014).

C’est donc à ces pratiques « d’improvisation », à cette « capacité d’agir » (agency) que nous allons nous intéresser en nous focalisant sur la performance : qu’il s’agisse de la « performance inversée du genre » – le drag – qui laisserait supposer une liberté prise par rapport aux normes du genre, de celle qui témoigne du respect total des injonctions de genre et qui vise, par l’exemple a contrario, à défaire le genre, ou encore des mises en pratique « naïves » de l’hétéronormativité, nous étudierons les réalisations individuelles des artistes dans leurs rapports avec la liberté.

Par ailleurs, dans ce nouveau volet de nos rencontres et réflexions, nous avons décidé de nous pencher sur certaines figures mythiques de la féminité et considérer leurs performances : Dans Some like it hot (Billy Wilder, 1959) – l’une des références populaires des performances de travestissement – Marilyn Monroe adopte une voix de bébé sexy pour chanter I wanna be love by you et réinvestit le «boop oop a doop» rendu célèbre par Helen Kane mais surtout par sa réplicante cartoon Betty Boop. Le palimpseste était déjà à l’oeuvre dans les performances d’Helen Kane qui recyclait le style de Baby Esther Jones, chanteuse de jazz au Cotton Club selon le Harlem World Magazine (2018). En tant que série de renégociations interculturelles et inter-espèces, ce babil est paradigmatique des performances de la féminité, des changements qui les affectent en fonction des contextes considérés, ainsi que des rapports intersectionnels qui construisent le genre. Le glamour de la baby voice (Anne Karpf, 2008 et Noor 2020) qui s’expose dans un « boop oop a doop » tour à tour performé par une artiste afroaméricaine, une actrice et chanteuse populaire blanche, une jolie chienne de dessin animé –devenue l’emblème d’une certaine modernité féminine – et enfin par une star mythique, nous invite à interroger l’historicité et la complexité des dimensions sonores et graphiques des constructions du genre.

Les contributions pourront porter :
- sur les littératures espagnole et latino-américaine des XXe et XXIe siècles
- sur les cultures et les arts dans les mondes anglo-saxons
- sur les arts visuels : cinéma, télévision, peinture, bande dessinée, publicité
- sur la musique et les chansons

On n’exclura pas les performances théâtrales live n’excédant pas une quinzaine de minutes.

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Langues des communications : français, espagnol, anglais

Les propositions (200 mots environ) devront nous parvenir le 15 octobre 2020 au plus tard, aux adresses

sophie.large@univ-tours.fr

monica.zapata@univ-tours.fr

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Bibliographie

Butler, Judith (1990), Gender Trouble. Feminism and the Politics of Subversion, New York et Londres, Routledge.
— (2000), Antigone’s Claim: Kinship between Life and Death, New York, Columbia
University Press.
— (2004a), Indoing Gender, New York et Londres, Routledge.
— (2004b), Le pouvoir des mots. Discours de haine et politique du parformatif, Paris,
Amsterdam.
— (2005) Trouble dans le genre, Paris, La Découverte.
— (2006), Défaire le genre, Paris, Editions Amsterdam.
Fassin, Eric (2005), « Préface à l’édition française (2005) : Trouble-genre », Judith Butler, Trouble dans le genre, Paris, La Découverte.
Harlem World Magazine [en ligne], « The Amazing Story Of Harlem’s Esther Jones (videos) »,
02/10/2018, URL: https://www.harlemworldmagazine.com/the-amazing-story-ofharlems-
esther-jones-videos/
Karpf, Anne (2008), La voix. Un univers invisible, Paris, Autrement.
Kharoubi, Liza, « Judith Butler : performance et performativité », Labo LAPS 2014. URL : http://tpp2014.com/judith-butler-performance-et-performativite/
Noor, Poppy (2020), « What is 'sexy baby voice'? We spoke to a sociologist to find out more », (entretien avec Anne Karpf) The Guardian [en ligne], 26/02/2020, URL:
https://www.theguardian.com/lifeandstyle/2020/feb/26/what-is-sexy-baby-voicesociologist

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Responsables : Sophie Large (Tours), Michèle Soriano (Toulouse) et Mónica Zapata (Tours)

Dates : en fonction de la situation sanitaire et du nombre d’intervenant.es nous programmerons les interventions en 1 journée et demie, soit les jeudi et vendredi 10-11, soit les vendredi et samedi 11-12 décembre 2020.

Budget : les déplacements seront pris en charge par les intervenant.es, un déjeuner - buffet sera proposé aux communicant.es ainsi que, le cas échéant, une nuit d’hôtel.