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Appels à contributions

"Nations, religions" (Cahiers Tocqueville des Jeunes Chercheurs)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Joëlle Légeret)

Appel à contribution

« Nations, religions »

Cahiers Tocqueville pour Jeunes Chercheurs

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Présentation :

L’ère qui s’ouvre avec la révolution industrielle est celle de la technicisation, de la rationalisation et d’une nouvelle cosmogonie fondée sur l’ordre démocratique. Peu à peu, les structures traditionnelles cèdent le pas à la séduction redoutable des révolutions scientifiques et à la puissance de la délibération collective; diagnostic qu’avait déjà esquissé Max Weber dans Le désenchantement du monde. Aux yeux de nombre de modernistes (Eric Hobsbawm, Ernest Gellner et Benedict Anderson pour ne citer que les plus célèbres), c’est à cette même époque qu’une autre forme collective fait irruption dans l’Histoire. Çà et là, les nations font vaciller les trônes et bouleversent les ordres sociaux. Bien vite, les démocraties nationales se parent de nouveaux atours pour mieux se confronter aux anciens: l’école et la mairie font face à l’église, l’urne doit succéder à l’autel et susciter la loyauté, le drapeau est voué à une dévotion égale à celle du crucifix et les fêtes nationales rivalisent avec les célébrations religieuses [1]. Pour gagner l’adhésion des citoyens, les démocraties nationales en voie de sécularisation empruntent volontiers aux mécanismes du religieux. Les artefacts de l’appartenance à la nation s’inspirent ainsi des symboles de la verticalité déchue. De sociétés en sociétés, l’immanence succède à la transcendance; la nation supplante la religion. Le monde entier entre bien vite dans un « paradigme national » [2] où s’amoncèlent les États-nations et les revendications d’indépendance nationale. Mais on ne compte pas ces États où nation et religion furent ou demeurent si intimement liées, où subsistent une religion nationale, un chef d’État dont la fonction demeure toute religieuse, un peuple élu que quelque divinité aurait consacré, ou qui se définirait selon des critères d’appartenance religieux.

La modernité n’aura pas eu raison, loin s’en faut, de certaines formes irréductibles de la religiosité; elle en aura même parfois catalysé les transformations. Le caractère matriciel de la modernité n’est pas moins utile pour comprendre l’émergence et la diversité extraordinaire du phénomène national. Pour bien des individus, nations et religions conservent encore toute leur noblesse, toute leur légitimité, et constituent le sel et l’horizon de sens de l’époque. Pour d’autres, la postmodernité ne pourra qu’avoir raison d’elles. Les deux réalités, nationales et religieuses, se marient et se distinguent à volonté, au gré de nos grilles d’analyse et des réalités sociales.

[1] DELOYE Yves & Olivier IHL, « Deux figures singulières de l’universel: la république et le sacré », dans SADOUN Marc (dir.), La démocratie française, T. 1 Idéologies, Paris, Gallimard, 2000, p. 138-246.

[2] THIESSE Anne-Marie, La création des identités nationales, Paris, Seuil, 1999, 385 p.

Axes thématiques suggérés:

  • Nations et religions
  • Nations et nationalismes
  • Religions et religiosités
  • Politique et aménagement du fait religieux
  • Religions séculières
  • Pensées de l’émancipation, pensées de la reconnaissance

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Règles du processus de proposition et de publication :

  • Les articles sont ouverts aux étudiants, doctorants et docteurs sans affectation.
  • Le CTJC est ouvert à toutes les disciplines des sciences sociales familières avec la démarche comparative appliquée à la chose politique.
  • Les propositions d’articles (entre 350 et 500 mots) seront envoyées à l’adresse suivante: ajcc.ctjc@gmail.com. Les articles en eux-mêmes devront compter entre 7000 et 10000 mots.
  • Il est également possible de proposer une recension (maximum 1000 mots).
  • Aucune publication ou expérience préalable n’est demandée. L’attractivité n’entrera pas non plus en compte dans l’examen des travaux.
  • La proposition devra être accompagnée de votre nom complet, de la ou des disciplines dans lesquelles vous êtes inscrit(e) ou diplômé(e), du nom de l’Université d’accueil et du laboratoire de rattachement.
  • Une fois transmis, les articles seront anonymisés et transférés à un comité de relecture composé de jeunes chercheurs et/ou d’enseignants-chercheurs en exercice qui disposent des compétences nécessaires à son examen. Comme d’usage, ce comité émettra un avis et proposera des corrections s’il y a lieu.
  • L’article sera consultable en libre-accès sur notre site, sous licence Creative Commons BY-NC-SA. Cela signifie que l’article pourra être partagé et réutilisé, en partie ou en intégralité, à condition qu’il soit fait crédit de son auteur, de la source originale, et que les règles d’accessibilité correspondent à celles de notre revue: pour toutes et tous, gratuitement, et sans générer aucun profit.

Date limite de proposition des articles: 31 octobre 2019.
Date limite de soumission des articles: 28 février 2020.

Pour tout renseignement, contactez-nous à l’adresse ajcc.ctjc@gmail.com.

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À propos des Cahiers Tocqueville pour Jeunes Chercheurs :

Une revue comparatiste pour les jeunes chercheurs.

Jeunes doctorants en science politique, lettres et civilisation, droit ou en d’autres disciplines voisines, nous faisons le constat que la recherche francophone, française en particulier, manque d’initiatives collectives en faveur des jeunes chercheurs de ce domaine. Hors des capitales ou des grandes métropoles mondiales, les universités peinent parfois à répondre à la concurrence des grandes universités bien positionnées dans le classement de Shanghai. Par ailleurs, l’ouverture à l’international plébiscitée ces dernières décennies a certes occasionné une prolifération des études de cas sur tel ou tel aspect particulier de la politique d’un État, mais n’a pas fait la part belle aux typologies et au comparatisme stricto sensu.

Pour tenter de répondre à notre échelle à ces problématiques globales, nous proposons à tous les jeunes chercheurs familiers de la méthode comparative appliquée au champ politique de faire valoir sa spécificité et son intérêt immémorial. C’est notre ambition que de parier sur l’entraide dans un environnement si compétitif, celui de la recherche universitaire, dans un monde si stimulant, celui de la science.