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La femme insulaire : du nord au sud, histoire de permanence et de renouvellement (APFUCC, Edmonton)

La femme insulaire : du nord au sud, histoire de permanence et de renouvellement (APFUCC, Edmonton)

Publié le par Marc Escola (Source : Sushma Dusowoth)

La femme insulaire : du nord au sud, histoire de permanence et de renouvellement

Congrès APFUCC 2021, Edmonton, Canada

 

Le monde francophone connaît aujourd’hui une riche production littéraire liée au microcosme insulaire. Le nombre croissant de récits écrits par des auteur.e.s insulaires, comprenant des régions, autant du nord que du sud, longtemps considérées comme périphériques, isolées, marginalisées s’inscrit dans un mouvement de globalisation qui témoigne d’un désir de favoriser « des rencontres culturelles venues d’horizon absolument divers » (Glissant 14). Dans le sillage de cette globalisation, les îles sont désormais étudiées « on their own terms » (McCall 2) et replacent l’individu et l’écoumène dans un discours poétique empreint de diversité.  

Il faut reconnaître que ce champ d’études est vaste et divers, offrant des sujets allant de l’image que projette l’île à la manière dont ces habitant.e.s sont perçu.e.s. Si d’une part, le microcosme insulaire aiguise l’imagination de l’homme d’images porteuses de bien-être paradisiaque, d’espoir et de renaissance, d’autre part l’île se révèle comme un espace isolé où pèsent d’innombrables contraintes liées à « son territoire enclavé » (Ballestra-Puech 161). Dans cet espace clos, la présence de la femme îlienne s’avère paradoxale. En effet, la représentation féminine véhiculée dans diverses littératures des îles est fort contradictoire, voire dévalorisante par moments. La femme insulaire est à la fois « totalement victimisée, battue, exploitée, humiliée » (Magdelaine-Andrianjafitrimo et Arino 6), ou considérée à tort comme vivant une « sexualité tropicale débridée » (Vergès 53). De même, la Polynésienne est « divinisée [et] mystifiée » (Margueron 87), alors que la femme dans les îles de l’océan Indien est « lascive », une « cafrine de feu », une « sorcière captivante à l’érotisme aussi solaire que dangereux » (Magdelaine-Andrianjafitrimo et Arino 7). Ces images contribuant à la victimisation ou à l’érotisation outrancière de la femme insulaire depuis le début de la colonisation, l’enferment trop souvent dans des stéréotypes littéraires réducteurs. 

Dans une tentative de replacer la femme dans la littérature insulaire, l’objectif de cet atelier est premièrement d’étudier comment l’héritage colonialiste et/ou esclavagiste des îles a contribué à perpétuer l’image dévalorisante de la femme îlienne, qu’elle soit d’origine autochtone, déplacée ou migrante. Dans la même foulée, il s’agit aussi de démontrer l’affranchissement des auteur.e.s insulaires qui cherchent dans l’exploitation de « leur espace littéraire propre » (François Paré 6) un moyen de créer un lieu propice pour renouveler l’image de la femme, questionner les relations politiques, économiques et sociales entre le nord et le sud, le local et le global. Bien que l’espace insulaire pose de nombreux défis comme le suggère Édouard Maunick quand il affirme que « nous sommes nés loin, dans des pays exigus [et] cela fait de nous des insulaires » (7), l’exiguïté, telle que définie par François Paré, et l’insularité donnent indéniablement naissance à une écriture qui se veut être à la fois revendicatrice et dénonciatrice, tout en ayant pour but de valoriser ceux et celles qui font partie des marginalisé. e. s et opprimé. e. s de la société, et plus globalement du monde.

Nous invitons les participant.e.s à cet atelier à réfléchir aux façons par lesquelles la littérature des îles s’avère un terrain riche pour repositionner la femme à sa juste valeur tout en mettant en lumière la diversité des espaces insulaires (nord/sud) dans lesquels elle révèle ses multiples facettes. Les communications d’une durée de 20 minutes pourront s’articuler autour des problématiques suivantes reliées à la femme (liste non exhaustive) :

  • La perception de l’insularité chez les femmes
  • Impact de la colonisation/post-colonisation/décolonisation/anti-colonisation dans le microcosme insulaire
  • Déconstruire/reconstruire l’image de la femme insulaire 
  • Rapports homme/femme ou mère/enfant sur l’île
  • Violence domestique, psychologique
  • Variations religieuses : tabou, non-dit, initiation/rite, attente, etc.  
  • Migration/immigration/diaspora — exil, aller-retour, d’île en île
  • Résistance, révolte et résilience des femmes dans les îles
  • Voix dissonantes, marginales, introspectives insulaires
  • Féminisme décolonial insulaire, une histoire de revendication et de renouvellement 
  • Femmes du nord/sud global
  • Représentation du corps féminin
  • Femmes insulaires et l’identité autochtone
  • Identité, pluriculturalité, interculturalité des îles
  • Écoféminisme et insularité
  • Exotisme, érotisme, mysticisme îliens

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Responsables de l’atelier :

Pooja Booluck, University of British Columbia pooja.booluck@ubc.ca  

Sushma Dusowoth, University of Waterloo sdusowot@uwaterloo.ca

Les propositions (250-300 mots) sont à envoyer au plus tard le 15 décembre 2020 aux responsables de l’atelier. 

Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message des responsables de l’atelier avant le 15 janvier 2021 les informant de leur décision.

L’adhésion à l’APFUCC est requise pour participer au colloque. Il est également d’usage de régler les frais de participation au Congrès des Sciences humaines ainsi que les frais de conférence de l’APFUCC. Ils doivent être réglés avant le 31 mars 2021 pour bénéficier des tarifs préférentiels. La date limite pour régler les frais de conférence et l’adhésion est le 9 avril 2021 au-delà de quoi le titre de votre communication sera retiré du programme. Vous ne pouvez soumettre qu’une seule proposition de communication pour le colloque de 2021. Toutes les communications doivent être présentées en français (la langue officielle de l’APFUCC).  

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Ouvrages cités

Ballestra-Puech, Sylvie. « Les îles Parques, de Valéry à Saint-John Perse : Destin et insularité » dans Trabelsi Mustapha (dir.). L’insularité. Clermont-Ferrand : Presses de l’Université Blaise Pascal, 2005, 149-158.

Glissant, Édouard. Introduction à une poétique du divers. Paris : Gallimard, 1996.

Magdelaine-Andrianjafitrimo, Valérie et Marc Arino. Îles/Elles. Résistances et revendications féminines dans les îles des Caraïbes et de l’océan indien (XVIIIe-XXIe siècles). Saint-Denis : Éditions K’A, 2015.

Margueron, Daniel. Flots d’encre sur Tahiti : 250 ans de littérature francophone en Polynésie française. Paris : L’Harmattan, 2015. 

Maunick, Édouard. Anthologie personnelle. Arles : Actes Sud, 1989.

McCall, Grant. “Nissology : A proposal for Consideration”, Journal of the Pacific Society, 17.63-64, (1994) : 1-14.

Paré, François. Les littératures de l’exiguïté. Hearst : Le Nordir, 1992.

Vergès, Françoise. Le ventre des femmes : Capitalisme, racialisation, féminisme. Montréal : Albin Michel, 2017.