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Appels à contributions
Contagion en scène et à l’écran (revue Double Jeu)

Contagion en scène et à l’écran (revue Double Jeu)

Publié le par Marc Escola (Source : philippe Ortoli)

Appel à contributions

« Contagion en scène et à l’écran », revue Double Jeu,

numéro coordonné par Romain Jobez et Philippe Ortoli

Entre théories conspirationnistes et mesures sanitaires vécues comme des expériences dystopiques, l’épidémie de la Covid a beaucoup sollicité les régimes de fiction. Or, dès 2008, l’universitaire américaine Priscilla Wald étudiait dans Contagious : Cultures, Carriers, and the Outbreak Narrative (Contagieux : cultures, porteurs et récits de l’épidémie) la « rencontre entre médecine et mythe » à travers l’émergence de nouveaux virus mettant en danger la vie en société. Son analyse, illustrée par des exemples issus de la production cinématographique, a trouvé confirmation lors de la pandémie dans le nouvel intérêt porté à Contagion (2011) de Steven Soderbergh. La fiction a en effet fini par rejoindre la réalité puisque les acteurs de ce film d’anticipation ont été sollicités lors du premier confinement au printemps 2020 pour faire passer des messages de prévention. Cette performativité des effets fictionnels se retrouve également au théâtre que l’on peut considérer, en suivant l’analyse de Stephen Greenblatt dans son ouvrage Shakespearean Negotiations (1988), comme un lieu de négociation des représentations sociales et, par conséquent, médicales. Plus directement, le spectacle vise à toucher, voire affecter son public, depuis la catharsis aristotélicienne à la peste d’Antonin Artaud en passant par l’effroi baroque. Il existe donc une esthétique de la contagion, portée par les arts de la représentation, dans le développement de fictions reliant les épidémies à la mise en question de récits mythiques.

Si on parle depuis quelques années de Contagion Studies, et que cette branche trouve, malheureusement, sa pertinence dans l’évolution de notre espèce, c’est que les productions qu’elles s’occupent de scruter (centrées sur les sensations que nous procurent les fictions épidémiologiques, et qui, majoritairement, peuvent se concentrer sur le terme « horreur ») nous engagent à nous interroger sur le doute qui conditionne notre rapport au monde. De ce fait, réfléchir à la représentation des effets que provoque une cause souvent inconnue est à la fois un exercice formel (la création du symptôme comme « image » panofskienne fondamentale remet sur les rails de l’interrogation esthétique la question du visible/invisible à travers la transmission) et métaphysique (le virus, lorsqu’il est incarné dans un corps implique que ce dernier interroge ses propres conditions d’existence).

Le numéro de Double Jeu se propose d’étudier au théâtre et au cinéma les fictions de contagion, en portant un intérêt tout particulier à la façon dont ces dernières sont construites et organisées ainsi qu’aux effets qu’elles visent à produire. On cherchera par ailleurs à étendre la réflexion à la question de l’esthétique en étudiant la réception de spectacles et de films que l’on pourrait qualifier de contagieux dans les réactions qu’ils suscitent chez leur public. Les articles constituant ce numéro porteront donc sur les aspects de la question de la contagion évoqués dans les paragraphes précédents. Ainsi, ils ne se limiteront pas à son traitement thématique mais s’ouvriront également à l’analyse des effets contagieux de sa représentation à travers l’analyse de spectacles ou de films, sans exclusive d’époque, de genre ou d’aire géographique

Les propositions de contribution (500 mots maximum) accompagnées d’un bref CV sont à envoyer au plus tard le 30 juillet aux adresses suivantes : romain.jobez@unicaen.fr et philippe.ortoli@unicaen.fr.

Après réponse au 1er septembre, les contributions (entre 25000 et 35000 signes) seront à remettre le 15 janvier 2023 pour une évaluation en double aveugle selon la procédure habituelle à Double Jeu.

Les manuscrits seront à remettre dans leur version définitive au 15 mai 2023 pour une parution du numéro de la revue début septembre de la même année.