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Animal et animalité chez Flaubert

Animal et animalité chez Flaubert

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Yvan Leclerc)

Animaux et animalité chezFlaubert

[Parution en ligne associée: Revue Flaubert n° 10: Animal et animalité chez Flaubert]

Duchien de la première Éducation sentimentale au perroquet de Félicité, enpassant par le cochon de saint Antoine, le serpent de Salammbô et les chassesmiraculeuses de saint Julien, le bestiaire flaubertien est d'une ampleurconsidérable, envahissant tout autant les oeuvres littéraires que lacorrespondance : les autoportraits de l'artiste en animal (ours, chameau,huître, etc.) abondent au fil des lettres ainsi que les déclarations d'empathieà l'égard du règne animal :

« Jene me crois pas les yeux attirants ni séduisants. – Ils vont à la natureanimale, ils appellent les enfants, les idiots et les bêtes parce que j'aipeut-être beaucoup vécu dans ce monde-là et que j'en ai gardé quelque chose, unair de famille, un vieux levain de naturalisme mystérieux que l'intensité de lapensée fait épancher au-dehors vers les phénomènes qui le reproduisent »(lettre à Louise Colet, 17 novembre 1846).

LaRevue Flaubert se propose pour son 10e numérod'interroger les modalités et les significations de cette présence animale aucoeur de l'oeuvre flaubertienne. Voici quelques axes de recherche, à titreindicatif et sans prétention d'exhaustivité, afin d'explorer cetteproblématique :

Leproblème scientifique : on pourra notamment se pencher sur l'intertextenaturaliste et zoologique ; quel rapport Flaubert entretient-il avec lesgrands principes de classification par règnes et par espèces, avec lesprincipes du transformisme et de l'évolutionnisme, avec la science des monstres ?

Leproblème esthétique : que penser de l'idéal d'une couleur animale quipréside à certaines oeuvres comme Madame Bovary (« couleur demoisissure d'existence de cloporte ») et Un coeur simple (« couleurpuce »), ou de l'analogie esquissée dans la correspondance entre leschefs-d'oeuvre littéraires et la mine des grands animaux (lettre à Louise Colet,27 juin 1852) ? L'animal, « sombre mystère ! monde immense derêves et de douleurs muettes », pour reprendre les mots de Michelet, ouvreà l'homme un horizon fantastique et symbolique (voir l'épisode du chien de la premièreÉducation sentimentale) : comment Flaubert s'empare-t-il de cettevirtualité ? dans quelle mesure se rapproche-t-il sur ce point de sescontemporains (Hugo notamment ou encore Baudelaire) ?

Lechamp érotique : le batifolage de Salammbô avec son serpent, lecomparaison de Salomé à un grand scarabée, et les jouissances violentes que saintJulien éprouve dans ses carnages sont autant de signes d'un lien étroit entreanimalité et sexualité chez Flaubert qui mériterait d'être problématisé.

Laquestion éthique : on connaît le rêve où Flaubert blesse un singe et enéprouve le même remords que s'il avait commis un fratricide (Voyage enItalie) ; l'oeuvre de Flaubert pose à plusieurs reprises le problème dela cruauté à l'égard des animaux (dans Saint Julien bien sûr, mais aussidans Salammbô, où la crucifixion des lions n'est qu'un prélude à lacrucifixion des mercenaires (« te souviens-tu les lions sur la route deSicca – c'étaient nos frères ! »).

Laquestion philosophique : car le problème éthique s'articule à unecertaine conception de l'identité ou de l'altérité entre homme et animal. De labête à la bêtise, y a-t-il ou non solution de continuité chez Flaubert ? Quelleest la position de Flaubert dans le débat qui oppose l'humanisme au naturalisme? On pourra éventuellement voir dans quelle mesure la lecture de Montaigne a puinfluer sur la posture philosophique de Flaubert à l'égard des animaux.

Lapart du religieux : Flaubert rapproche son affinité avec le mondeanimal de son panthéisme. Mais le rapport de l'animal au sacré est également capitaldans l'oeuvre flaubertienne en tant qu'il soulève des problèmes tels que lesacrifice (Saint Julien), le totémisme (Un coeur simple), ou lechâtiment divin de la métamorphose (voir la figure de Nabuchodonosor dans LaTentation).

Lesprojets d'articles seront reçus jusqu'au 31 mars 2010. Après acceptation, les articles devront être remisau plus tard le 30 septembre 2010. Leur publication est prévue en décembre 2010.

Lespropositions sont à adresser à Juliette Azoulai, directrice de ce numéro :jazoulai@gmail.com

Contactadministratif : Yvan.Leclerc@univ-rouen.fr