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Acteur(s) et actrice(s) en sciences humaines et sociales (Aix-en-Provence)

Acteur(s) et actrice(s) en sciences humaines et sociales (Aix-en-Provence)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Jeunes Chercheurs·seuses de TELEMMe)

APPEL À COMMUNICATION 

Acteur(s) et actrice(s) en sciences humaines et sociales

Journée d’études des Jeunes chercheurs·euses de l’UMR TELEMMe 

12 mai 2020

Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme (MMSH), Aix-en-Provence

 

Collectifs, animaux, objets, intelligences artificielles sont autant de catégories qui aujourd’hui questionnent les contours du concept d’acteur en sciences humaines et sociales. L’acteur·rice se caractérise comme celui ou celle qui agit, qui mène une action, ou encore qui interprète. Au-delà de cette définition, de nombreuses déclinaisons — actant, agent — ainsi que des termes connexes — sujet, individu, personne — révèlent des approches méthodologiques spécifiques parfois en opposition : individuel/collectif, micro/macro, subjectivisme/objectivisme, quantitatif/qualitatif, point de départ/d’arrivée de la réflexion, agissant/non agissant. 

Interdisciplinaire, le concept d’acteur semble être omniprésent et constamment mobilisé dans les recherches menées en sciences humaines et sociales au point de faire consensus. Il apparaît comme unité fondamentale de nombreuses disciplines. Toutefois, la dialectique entre holisme et individualisme a fait l’objet de débats au sein des sciences humaines et sociales. Au début du XXe siècle, déjà, le sociologue François Simiand dénonçait l’individu comme l’une des trois idoles des historiens avec l’idole politique et l’idole chronologique[1]. Cette critique a conduit l’école des Annales à délaisser l’individu, la figure des « grands hommes » et le genre biographique. En littérature, le structuralisme annonçait la mort de l’auteur dépossédé de son oeuvre[2]. Cependant, dans les années 1980, la crise des structures impersonnelles de l’analyse — idéologies, sociétés, économies — conduit à un « retour de l’acteur[3] » aux multiples visages : l’« inflexion actorielle[4] » en géographie, la microstoria[5], la théorie de l’acteur-réseau en sociologie[6], les capacités auto-instituantes de l’acteur en anthropologie[7], etc. Ainsi, au regard des multiples évolutions épistémologiques, il apparaît que la façon de concevoir l’acteur n’est pas neutre et influence les analyses.

C’est dans cette même dynamique que le séminaire Jeunes chercheurs·euses s’inscrit. Le concept y a été exploré au prisme de quatre thématiques : « Pratiques et stratégies », « Normes et transgressions », « Mobilité et spatialité », « Genre et agentivité »[8]. La journée d’études « Acteur(s) et actrice(s) en sciences humaines et sociales » entend prolonger et élargir la réflexion autour de trois axes : 

Axe 1 — Être acteur·rice

À quel moment devient-on acteur·rice ? Quels sont les contours et les limites du concept d’acteur ? Comment la construction et la conscience d’être acteur·rice mêlent-elles les questions d’identité, de langage et de valeur ? Dans quelle mesure les sciences humaines et sociales participent-elles de la production de l’acteur·rice à travers les catégories qu’elles emploient ?  

Axe 2 — Acteur·rice en action 

Quels sont les registres d’action et les stratégies déployés par les acteurs·rices ? Comment les acteurs·rices composent-ils/elles avec des normes et des valeurs ? Dans quelle mesure l’action permet-elle à l’acteur de se réaliser ? Comment le cadre de l’action altère-t-il l’expérience de l’acteur·rice et mobilise-t-il son agentivité ? 

Axe 3 — Interagir entre acteurs·rices

Comment les acteurs·rices font-ils/elles système dans leurs interactions ? Comment et pourquoi les acteurs·rices s’organisent-ils/elles en collectif ? De quelles manières se construisent et s’articulent les rapports de pouvoir et de domination entre les acteurs·rices ? En quoi les réflexions autour des réseaux permettent-elles d’intégrer des éléments non-humains à l’analyse ?

Ces thématiques pourront être abordées à l’aide d’études de cas et de travaux empiriques issus de diverses disciplines (histoire, géographie, histoire de l’art et archéologie, sociologie, anthropologie, philosophie, langues et littérature, musicologie,  psychologie…). Les communications feront apparaître explicitement les spécificités épistémologiques des sujets qu’elles abordent. 

Les propositions des doctorant·e·s ou des jeunes docteur·e·s devront être envoyées avant le 27 mars 2020 à l’adresse : jeunes.chercheurs.telemme@mmsh.univ-aix.fr. Elles comporteront un titre, un résumé de la communication projetée (500 mots environ) ainsi qu’une brève présentation de l’auteur·e (nom, situation, unité de rattachement). 

La journée d’étude se tiendra le 12 mai 2020 à la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme, 5 rue du château de l’horloge, 13094 Aix-en-Provence. Les frais de transport et d’hébergement restent à la charge des participant·e·s ou de leur institution de rattachement.

 

COMITÉ D’ORGANISATION : 

Dylan BECCARIA, doctorant en histoire moderne 

Camille CAPAROS, doctorante en histoire moderne

Guillaume CONTINI, doctorant en histoire contemporaine 
Zoë DUBUS, doctorante en histoire contemporaine 

Romain FACCHINI, doctorant en histoire moderne 

Béatrice HERMITTE, doctorante en histoire de l’art contemporain

Florie IMBERT-PELLISSIER, doctorante en histoire moderne

Mélina JOYEUX, doctorante en histoire contemporaine 

Alexandre MAHUE, doctorant en histoire de l’art moderne 

Soizic MORIN, doctorante en histoire contemporaine 

Pablo PEREZ, doctorant en histoire moderne 

Emmanuel PORTE, doctorant en histoire moderne 

Tristan PORTIER, doctorant en histoire contemporaine 

Julie RATEAU-HOLBACH, doctorante en histoire de l’art contemporain 

Marguerite VALCIN, doctorante en géographie 

 

[1] François Simiand, « Méthode historique et science sociale. Étude critique à propos des ouvrages récents de M. Lacombe et de M. Seignobos », Revue de synthèse historique, 1903, p. 1-22, 122-157, repris dans Méthode historique et sciences sociales, op. cit., p. 113-169. 

[2] Roland Barthes, « The Death of Autor /La mort de l’auteur », Aspen Magazine, n°5/6, 1967. 

[3] Alain Touraine, Le retour de l’acteur. Essai de sociologie, Paris, Fayard, 1984 ; Jacques Le Goff, « Les ”retours” dans l'historiographie française actuelle », Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques [En ligne], 22 | 1999. 

[4] Michel Lussault, « Acteur », dans Jacques Lévy et Michel Lussault, Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris, Belin, 2013, p. 39-42.  

[5] Carlo Ginzburg, Le fromage et les vers, Paris, Flammarion, 1980. 

[6] Madeleine Akrich, Michel Callon, Bruno Latour (éd.), Sociologie de la traduction : textes fondateurs, Paris, Mines ParisTech, Les Presses, « Sciences sociales », 2006. 

[7] Bernard Lepetit, « L’histoire prend-t-elle les acteurs au sérieux ? », dans François Dosse (dir.), Le temps réfléchi. L’histoire au risque des historiens, Espaces Temps, 59-61, 1995, p. 112-122.

[8] Voir le programme complet sur le carnet des Jeunes chercheurs·seuses de TELEMMe : https://jjctelemme.hypotheses.org