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Appels à contributions

"Du texte à la scène : Quels enjeux pour les écritures contemporaines ?"

Appel à contribution ouvrage collectif

Du texte à la scène : Quels enjeux pour les écritures contemporaines ?

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Dans le cadre de sa 25e édition qui aura lieu du 25 au 28 mars 2020, le Festival International du théâtre universitaire d’Agadir (FITUA) lance un appel à contribution dans un ouvrage collectif : Du texte à la scène : Quels enjeux pour les écritures contemporaines ?

ARGUMENTAIRE :

« Quelle place occupent les auteurs et autrices dans l'univers de la création théâtrale ou scénique aujourd’hui ? » est une question d’une grande actualité qui suscite actuellement en France un débat inédit.

En effet, à la suite de l’article « a-t-on encore besoin d’auteurs ? » publié dans le journal Libération, le 11 janvier 2018, les auteurs et autrices de théâtre ont initié une vaste réflexion sur la place des écritures dramatiques dans la société et sur celle qu’ils occupent dans les théâtres, l’éducation, la transmission, le débat démocratique, etc. Des États généraux ont été mis en place à partir de 2019 afin d’établir un état des lieux de leurs pratiques et de pouvoir ainsi penser les évolutions du secteur et être force de propositions.

Hans-Thies Lehmann expose et analyse, dans son ouvrage Le théâtre postdramatique[1], les nouvelles tendances esthétiques modernes qui ont dominé la scène théâtrale à partir des années 1960. Il fait de la fin du dramatique et des textes « ayant fini d’être dramatiques » le cœur de la nouveauté et la véritable révolution esthétique ; « ni l’action, ni les personnages au sens de caractère, ni la collision dramatique ou dialectique des valeurs, ni même des figures identifiables ne sont nécessaires pour produire du théâtre » ajoute l’universitaire Jean-Louis Besson.

Malgré l’intégration de nouvelles composantes comme les techniques numériques, la vidéo, etc. qui changèrent profondément les pratiques théâtrales et l’émergence de nouvelles formes scéniques allant de la performance, installation, théâtre d’images etc., le texte reste très présent tout en changeant de nature et de fonction. Les nouvelles écritures nées dans le cadre de ces esthétiques « postdramatiques » tendent vers une hybridité et vers plus de fragmentation. Parmi les principaux changements caractérisant ces écritures figurent l’éclatement des formes, notamment de l’espace et du temps, l’intégration des spectateur·rice·s en tant que partenaire actif·ve, l’absence d’énonciateur·rice·s, la dislocation de la fable, la transformation de la langue en métalangue dont le but n’est plus de raconter une histoire mais de tendre vers une poéticité langagière, une langue rarement instrumentale, rarement en charge d’une action à faire avancer ou d’un message à transmettre

En brossant le tableau des tendances théâtrales qui ont émergé sur la scène européenne et mondiale et qui constituent des prolongements voire des dépassements de ce qu’on a qualifié de « théâtre postdramatique », deux grandes orientations se dégagent : l’« écriture de plateau », telle que la définit le philosophe et critique de théâtre Bruno Tackels (Tackels, 2001), replace la notion d’écriture (non exclusivement textuelle) au centre du processus de création, et la notion de « théâtre néo-dramatique » qui désigne une théâtralité où un texte, des personnages et une fiction restent à la base du travail scénique, et ce, même si le texte est déstructuré, les personnages disloqués, la fiction mise en doute. Les textes de Falk Richter et Anja Hilling, par exemple, relèvent de ces catégories (Richter, 2008 ; Hilling, 2009). »[2]

Les auteurs et les autrices de théâtre sont actuellement au cœur du « drame » ! Comment en arrive-t-il·elle aujourd’hui à se percevoir comme les « mal-aimé·e·s » du théâtre et de la littérature, marginalisé·e·s dans leur écriture et trop souvent exclu·e·s du processus de production ? Il·elle·s éprouvent des difficultés à être lu·e·s ou simplement entendu·e·s, mais leur problème majeur semble être le passage au plateau. Presque unanimement, les auteurs et les autrices revendiquent une interaction nécessaire et stimulante avec le plateau et souhaitent être davantage joué·e·s. Et de citer l’exemple de Koltès, qui n’a jamais été autant monté que depuis qu’il est mort ! Les auteurs et les autrices vivant·e·s dérangent-il·elle·s ?

Autrement dit, malgré le grand nombre d’auteurs et d’autrices, les œuvres contemporaines peinent à trouver leurs places dans les programmations officielles des théâtres. Soit parce qu’il·elle·s ne font pas recette soit qu’il·elle·s n’attirent pas assez le grand public. D’après un numéro récent de la revue Théâtre public[3] consacré aux nouvelles écritures, la majorité des auteur·rice·s contemporain·e·s ne parvenant pas à vivre correctement de leur plume sont obligés d’adapter leur écriture aux nouvelles pratiques scéniques en répondant à des commandes ou en travaillent comme conseils dramaturgiques dans des théâtres ou au sein de troupes ou en procédant à des excursions dans le monde de l’écriture de scénarios de cinéma ou de télévision. Dans beaucoup de pays du sud et de l’est de l’Europe, de plus en plus d’auteur·rice·s contemporain·e·s viennent du plateau ; il·elle·s sont metteur·se·s en scène, acteur·rice·s, formateur·rice·s. La part des auteur·rice·s venu·e·s de « l’écriture pure », du roman ou de la poésie, est de plus en plus réduite.

D’un point de vue esthétique, les écritures dramatiques contemporaines restent caractérisées par cette ligne de partage entre un théâtre qu’on pourrait qualifier de réaliste engagé, à forte dimension de critique sociale et une tendance plus expérimentale, plus poétique, soucieuse d’allier la recherche de nouvelles formes à une nouvelle façon de dire le monde sur une scène de théâtre. Mais, dans l’ensemble, les auteur·rice·s se remettent (et parfois, tout simplement, continuent) à « raconter des histoires » avec des personnages « identifiables », même si le théâtre contemporain a recours à des procédés de déconstruction du discours, de morcellement de la trame narrative, de techniques de collage, de variations autour de l’adresse directe au public, d’amalgame des dialogues et des didascalies, de superposition des plans narratifs, de circulation très architecturée des motifs, de dimension chorale, contrapunctique, d’un langage minimaliste, voire lacunaire.

Qu’en est-il de l’écriture théâtrale sur les scènes du monde aujourd’hui ? Même si les références données jusque ici sont occidentales, voire exclusivement européennes, nous proposons d’interroger les pratiques d’écriture théâtrale contemporaine au-delà des frontières, dans toutes les parties du monde.

Nous essaierons dans cet ouvrage collectif d’exposer et d’explorer les nouvelles écritures théâtrales contemporaines, dont les auteur·rice·s privilégient la parole ou le texte, en nous référant aux tendances et expériences qui ont marqué la scène mondiale durant ces dernières décennies. Nous questionnerons aussi la place qu’occupent les auteur·rice·s dans les nouveaux paysages théâtraux comme nous interrogerons, à la lumière des nouvelles pratiques scéniques et de l’évolution technique et matérielle, leurs pratiques, en essayant de dégager leur ligne de force ainsi que leur limite.

Plusieurs axes de réflexion peuvent être suggérés.

Les propositions d’article pourront s’inscrire dans l’un des axes suivants (d’autres axes peuvent néanmoins être proposés s’ils s’inscrivent dans le thème général de l’ouvrage collectif) :

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  • Les nouvelles théories des écritures théâtrales
  • Les nouvelles expériences en termes d’écritures théâtrales
  • Les nouvelles pratiques des auteurs et des autrices.
  • Écrire pour la scène, écrire à partir de la scène
  • L’édition théâtrale aujourd’hui
  • Pour qui écrit-on aujourd’hui ?
  • L’écriture collective
  • Le métier d’auteur·rice
  • La relation auteur·rice/metteur·se en scène

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Comité scientifique

  • Azze-Edine BOUNIT, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université Ibn Zohr – Agadir, Maroc
  • Driss KSIKES, dramaturge, essayiste et romancier, directeur du CESEM, Rabat, Maroc.
  • Omar FERTAT, Université Bordeaux Montaigne, France.
  • Sélom GBANOU, Université de Calgary Canada
  • Pierre KATUSZEWSKI, Université Bordeaux Montaigne, France
  • Zohra MAKACH, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Université Ibn Zohr – Agadir, Maroc.
  • Monica RUOCCO, Università degli Studi di Napoli "L'Orientale", Naples, Italie

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Soumission de la candidature et délais

L’appel à contribution s’adresse aussi bien à des chercheur·se·s qu’à des doctorant·e·s relevant de l’ensemble des disciplines des sciences humaines et sociales, de l’histoire de l’art, Études théâtrales et Arts du spectacle etc.

Les articles (en français, en anglais, en arabe), accompagnés d’une notice bio-bibliographie, sont attendus avant le 20 janvier 2020 aux adresses emails suivantes : 

zohramakach15@gmail.com.

Omar.Fertat@u-bordeaux-montaigne.fr

L’indication bio-bibliographique indiquera le nom et le prénom de l’auteur·rice, son organisme d’attache, le nom de son laboratoire d’appartenance, son adresse email et toutes autres informations jugées utiles.

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Conditions de participation :

• Les articles soumis doivent être complètement inédits, n’ayant jamais fait l’objet d'une communication ou d’une publication quelconque. Les extraits de thèses ou de mémoires ne sont pas acceptés.

• Les articles doivent comporter entre 6 et 12 pages (A4) (sans pour autant dépasser 50.000 caractères maximum, espaces comprises).

Pour faciliter le travail de mise en page et d’uniformisation des articles, il faut absolument respecter les indications graphiques suivantes :

Style graphique :

  • Numérotation : aucune
  • Aucun en-tête ou pied de page.
  • Marges : 1,5 cm partout (haut, bas, à gauche, à droite)
  • Paragraphe : interligne simple, alinéa : 1,10 cm, espacement en haut et en bas du paragraphe : 0 cm. Alignement du texte : Justifié. Aucun arrière-plan.
  • Police de caractère : Times New Roman (12 p pour le corps du texte, 10,5 p pour les notes de bas de page)

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Echéances : date limite pour soumettre l’article : 30 janvier 2020

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Responsables scientifiques :

Zohra Makach (Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université Ibn Zohr-Agadir – Maroc)

Omar Fertat  (Université Michel de Montaigne-Bordeaux- France)

Pierre Katuszewski ((Université Michel de Montaigne-Bordeaux- France)

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Adresse

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines B P 29/S 80000 Agadir-Maroc

Tél.212-528220878-528220558 Fax. 212-528221620

http://www.flsh-agadir.ac.ma/

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[1] Hans-Thies Lehmann, (tard. Philippe-Henri Ledru), Le théâtre postdramatique, Paris, L’Arche, 2002.

[2] Anne Monfort, « Après le postdramatique : narration et fiction entre écriture de plateau et théâtre néo-dramatique », Trajectoires [En ligne], 2009, mis en ligne le 16 décembre 2009, consulté le 30 octobre 2016. URL : http://trajectoires.revues.org/392

[3] Théâtre public n° 221, « État de la scène actuelle 2014-2015 », 2016.