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Th. Groensteen, Vous reprendrez bien quelques reprises ?

Th. Groensteen, Vous reprendrez bien quelques reprises ?

Publié le par Nicolas Geneix

Thierry Groensteen, Vous reprendrez bien quelques reprises ?

Article paru sur le site "neuvième art 2.0", décembre 2015.

"Le phénomène n’est pas nouveau : Bécassine, les Pieds-Nickelés et Zig et Puce, déjà, firent en leur temps l’objet de reprises après que leur(s) créateur(s) eurent rangé leurs crayons. Mais il s’est notablement emballé depuis peu, avec les nouveaux auteurs ou nouvelles équipes chargé.e.s de prolonger l’existence d’Achille Talon, Alix, Astérix, Bob Morane, Buck Danny, Corentin, Corto Maltese, Iznogoud, Jhen, Michel Vaillant, Ric Hochet et j’en passe.

Avec le triomphe du roman graphique et l’essor de genres tels que le BD-reportage, le récit de soi ou l’essai dessiné, il pouvait sembler que la bande dessinée allait peu à peu sortir du régime de la série et des héros éternels, pour s’aligner sur le modèle littéraire où, sauf exceptions, les auteurs renouvellent leur inspiration d’un livre à l’autre en changeant d’univers, de sujet, de personnages. Manifestement, l’industrie de la bande dessinée réagit contre cette évolution et entend réaffirmer avec vigueur ses fondamentaux. Le « cheptel » des héros déjà transgénérationnels est un capital irremplaçable qu’il faut continuer à exploiter, un fruit à presser jusqu’à la dernière goutte.
Pour quelle raison ? La justification avancée par Didier Pasamonik [1] est purement économique. Il écrit : « Et si ces séries commerciales nourrissaient de façon régulière un secteur, des auteurs, des libraires de façon à ce que ces derniers puissent consacrer du temps et du budget aux BD qu’ils aiment, à recruter de nouveaux lecteurs auprès des ingénus qui poussent la porte pour le nouvel Astérix ou le nouveau Blake et Mortimer ? (…) Je trouve plutôt bien qu’on assure la tambouille avec des classiques et que l’on explore par ailleurs. »
Et certes, à un moment où le monde de la bande dessinée est en crise, avec une baisse générale des tirages et des ventes, une proportion importantes de livres qui ne couvrent pas leurs frais et des auteurs paupérisés, on peut comprendre que les grands éditeurs inquiets, fragilisés, s’appuient sur leur catalogue, sur leurs « valeurs sûres ». (...)"

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