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Appels à contributions
La case aveugle ou pour une théorie potentielle (appel à contribution)

La case aveugle ou pour une théorie potentielle (appel à contribution)

Publié le par Alexandre Gefen

PROJET DE LA CASE AVEUGLE

ou

Pour une théorie potentielle

 


Un groupe de chercheurs en théorie littéraire se sont réunis, sur une initiative de S. Rabau, C. Montalbetti, M. Escola et A. Gefen etc, autour du projet dit de la « case aveugle ».

Ils  veulent explorer les liens entre théorie littéraire et possibles décriture.

Ils se proposent, avec le soutien de Fabula, de mener à bien une réflexion sur cette question, « en résidence » au Centre CNRS de lîle dOléron du 14 au 18 Avril 2003.

A lheure actuelle une douzaine dintervention denviron 45 minutes sont programmées : on peut donc envisager daccueillir une dizaine dautres propositions.

Bien sûr il est également possible dassister aux communications et de participer au débat, sans présenter dintervention.

Le texte qui suit résume lessentiel du projet et ses principales orientations.

Il est égalemnt recommandé de se reporter aux propositions plus élaborées que lon trouvera dans latelier Fabula. Tout au long des mois qui précédent la semaine à Oléron, cette rubrique de latelier senrichira des notes de lecture et propositions des intervenants. A partir de la fin Octobre, on pourra aussi y lire les propositions de communication.

Les propositions (3000 signes maximum, 800 signes minimum sont à adresser à Sophie Rabau (srabau@free.fr) avant le 15 Octobre 2002 : elles seront soumises anonymement à un comité formé dun noyau dintervenants.

Le projet de la case blanche est indépendant de toute institution et/ou université hormis Fabula qui lui apporte un soutien logistique et financier.

Les participants et assistants sengagent donc à participer financièrement à leurs frais de séjour et de voyage.

« La poétique en général, et la narratologie en particulier, ne doit pas se confiner à rendre compte des formes ou des thèmes existants. Elle doit aussi explorer le champ des possibles, voire des impossibles, sans trop sarrêter à cette frontière, quil ne lui revient pas de tracer. Les critiques nont fait jusquici quinterpréter la littérature, il sagit maintenant de la transformer. Ce nest certes pas laffaire des seuls poéticiens, leur part sans doute y est infime, mais que vaudrait la théorie, si elle ne servait aussi à inventer la pratique. »

Les lignes finales de Nouveau discours du récit ont fait coulé moins dencre que la question de la focalisation externe ou de lintertextualité. Elles offrent pourtant sinon la clef de tout exercice de la théorie littéraire, du moins une réponse à la question souvent posée, comme en défi et menace de point final, à la théorie littéraire : « Et après ? ».

Et après ? Il ny aurait pas seulement des textes mieux commentés ou mieux compris mais une voie nouvelle à explorer, une piste à suivre dans la bibliothèque ou dans la mémoire de chaque lecteur pour traquer le texte oublié qui justement, mais oui, fonctionne en focalisation externe et en régime homodiégétique, ou encore une page/écran blanc où lon pourra sessayer à lécrire ce fameux récit en focalisation externe etc.

La théorie littéraire a aussi pour fonction de dégager des possibles littéraires, à traquer ou à écrire, telle est donc lhypothèse qui fonderait notre réflexion. On ne chercherait pas à mieux lire les textes, mais à concevoir ce qui peut sécrire ou ce qui a pu sécrire et que lon ne connaît pas. On prendrait donc acte du caractère rhétorique de la poétique contemporaine, non pas au service du texte mais au service de la production et de linvention de discours, en aval plus quen amont des formes : « La poétique est la version acceptable de la rhétorique ; ou encore notre poétique est ce quune culture du commentaire peut intégrer en guise de rhétorique. »(M. Charles, LArbre et la source, p. 313). Dans le pacte autobiographique, P. Lejeune appelait « case aveugle » les combinaisons de ses tableaux à double entrée qui ne lui semblait pas correspondre à une uvre existant e mais seulement possible : si notre réflexion ne se limite pas aux seuls tableaux à double entrée chers à un Genette ou à un Lejeune,  la case aveugle en est lemblème le plus parlant : cest un objet qui reste à théoriser, cest le signe dun certain rapport rhétorique au littéraire, cest  une invitation à la pratique.

De fait, les interventions pourront sorienter selon trois grandes directions.

1) Enjeux théoriques :

a) Histoire de la théorie littéraire : examen de la tradition rhétorique, de son rapport à la pratique littéraire, de son remplacement par la culturedu  commentaire. Avatars contemporains de la traditions rhétorique. Retour sur la poétique des années soixante dix et quatre vingt (la notion de possible chez Genette, Lejeune etc), notamment sur son rapport avec lOulipo.

b) Questions épistémologiques et métathéoriques : validité épistémologique dune théorie, en loccurrence littéraire, qui admet des cas impossibles et invérifiables. Eclaircissement des rapports entre le possible, le potentiel, limpossible, linvérifiable. Question de la complétude dun  système ou dune description systématique. Rapport entre la notion de case aveugle et la notion de case blanche dans le structuralisme. Examen de cas particuliers de théorisation inculant une case aveugle

2) Pour une poétique résolument rhétorique

a) Propositions de commentaires orientés vers les textes possibles plus que vers le texte actuel : lire le texte pour y découvrir ce quil aurait pu être et quil nest pas finalement, étudier un hypotexte pour y définir de possibles réécritures non encore tentées et que pourtant le texte premier porte en germe

b) Description systématique de genre ou de règles pour en dégager des perspectives décriture (inversion des règles, croisement de genres etc)

c) Poétique speculative à partir de modèles inventés : que serait un poème prosaïque ? une haiku fleuve ? Une doctrine résolument fictive ? Une fable immorale ? etc.

d) Jalons pour une histoire littéraire rhétorique où il sagira de définir ce qui aurait pu être autant que de montrer que ce qui fut ne pouvait être autrement.

3) Vers une pratique ?

a) Rapport du discours théorique et de la pratique littéraire. Autorité du discours théorique, autorité du discours de lécrivain. Place de la théorie et du discours critique par rapport à la production littéraire (Est-il admissible que le critique intervienne en aval et non en amont du texte ? Et que lécrivain commente les propositions du critique ?). Rapport entre une théorie potentielle et un discours décrivains tel que celui de lOulipo.

b) Lacte décriture est-il une théorisation latente, un choix plus ou moins assumée, plus ou moins exhibé entre les possibles décriture ?

c) Théorie potentielle et pédagogie : pour une pédagogie de la critique orientée vers la production et non vers la transmission dune doctrine scolastique.