Actualité
Appels à contributions
2000–2020 : vingt ans de littératures gays et lesbiennes (London, Ontario)

2000–2020 : vingt ans de littératures gays et lesbiennes (London, Ontario)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Jorge Calderón)

Appel à communications

"2000–2020 : vingt ans de littératures gays et lesbiennes"

Congrès des sciences humaines

Du 30 mai au 2 juin, 2020

Western University

London, Ontario, Canada

***

DESCRIPTION :

Si on a bien balisé les dynamiques propres aux littératures dites homosexuelles au XXesiècle et notamment la tension entre le public et le privé qui les marque (Schehr 1995), le nouveau millénaire n’a pas encore permis de sonder les nouvelles lignes de force que les littératures gays et lesbiennes ont fait apparaître durant les deux décennies passées. On note cependant des évolutions profondes et déterminantes, aussi bien sur le plan légal et social que dans l’espace des représentations médiatiques, et surtout dans les tropismes récents de la critique littéraire. La fin des « années-sida » (1983–1995) a laissé la place à un activisme 2.0 et au grand affrontement idéologique entre « le Mariage pour tous » et « la Manif pour tous » (2013), au gré de mutations profondes des sociabilités — qu’on appelait au début du XXe siècle homosexuelles et que l’on identifie désormais plus volontiers comme queer — et de leur migration vers les espaces virtuels et les réseaux sociaux, mais aussi de la prise en compte de la diversité des identités sexuelles par les institutions comme l’école ou l’armée. On reconnaît aussi depuis peu une résurgence marquée et même décomplexée des actes et des discours homophobes qui jette des interférences inattendues dans la graduelle construction du consensus. Que dire de l’évolution copernicienne des représentations médiatiques ? Qui de Will & Grace (1998) et Queer as Folk (2000) jusqu’à Queer 2.0 (2016) et aux Engagés (2017), ont mis les figures LGBTQ2+ au centre des représentations, à tel point que la visibilité se pose comme une nouvelle thématique, de La lesbienne invisible (2009) à Transparent (2014). Ces mutations s’opèrent sous le double effet d’un mainstreamingaimablement bienveillant et de l’émergence d’un discours militant qui fait entendre haut et fort sa présence au grand public. Dans le champ intellectuel, l’essor critique des théories queer a apporté de nouvelles problématiques et une lingua franca conceptuelle des plus fertiles, avec l’intersectionnalité, les affects et la performance du genre. Pour autant ces évolutions ont eu peu à faire avec la littérature d’expression française jusqu’à maintenant.

Nous nous proposons donc d’étudier dans cet atelier les réponses que fait la littérature à ces évolutions en considérant le corpus des littératures gays et lesbiennes en France, au Québec et dans la francophonie à la lumière de ces grands changements de paradigme. Il nous importera aussi de garder en tête — voire de problématiser — le fait que la constitution d’un tel corpus ne va pas de soi dans le champ littéraire français, qui tient à ne pas brouiller les règles de l’art par des considérations perçues, à tort ou à raison, comme relevant d’une communauté, que le terme soit entendu avec son potentiel fédérateur de revendication ou, au contraire, comme l’expression ponctuelle, située et incarnée par une identité de groupe, c’est-à-dire d’une forme decommunautarisme. Les écrivain.e.s mêmes se méfient parfois d’être coopté.e.s dans une telle appartenance.

Les vingt années passées ont connu l’apogée, sinon l’institutionnalisation, de plusieurs auteur.e.s désormais consacré.e.s — Dominique Fernandez (1929–), Éric Jourdan (1930–2015), Marie-Claire Blais (1939–), Pierre Guyotat (1940–), Michel Tremblay (1942–), Nicole Brossard (1943–), André Roy (1944–), Jean-Paul Daoust (1946–), Hélène de Monferrand (1947–), Daniel Arsand (1950–), René de Ceccaty (1952–), Normand Chaurette (1954–), Mathieu Lindon (1955-), René-Daniel Dubois (1955–), Gilles Leroy (1958–), Michel Marc Bouchard (1958–), ou encore Mathieu Riboulet (1960–2018). Par ailleurs, une nouvelle génération d’auteur.e.s a vu sa carrière connaître un déploiement d’une envergure accrue au cours de la période concernée, recueillant tant la reconnaissance critique (par exemple par les prix ou l’enseignement universitaire) que celle du succès public — Anne F. Garréta (1962–), Olivier Charneux (1963–), Olivia Rosenthal (1965–), Emmanuelle Bayamack-Tam (1966–), Philippe Besson (1967–), Nina Bouraoui (1967–), Virginie Despentes (1969–), Christophe Honoré (1970–), Rachid O. (1970–), Anne Percin (1970–), Frédéric Chouraki (1972–), Constance Debré (1972–), Abdellah Taïa (1973–), Agnès Vannouvong (1977–). Enfin, la relève s’annonce aussi, avec une nouvelle génération, par exemple Tristan Garcia (1981–), Jean-Baptiste Del Amo (1981–), Nicholas Dawson (1982–), Arthur Dreyfus (1986–), Marie Darsigny (1986–), Édouard Louis (1992–), ou Kevin Lambert (1992–).

Nous nous intéressons à confronter des études sur ces œuvres et sur ces parcours d’écrivain.e.s afin de mieux saisir les constantes littéraires des vingt dernières années, de creuser le potentiel heuristique du rapprochement ainsi effectué de ces écrivain.e.s sous l’intitulé des « littératures gays et lesbiennes », mais aussi de contextualiser les écritures des unes et des autres tant dans leur époque littéraire que dans le champ critique contemporain. Nous acceptons des propositions de communication en français en études françaises, québécoises, franco-canadiennes et francophones. Les propositions, d’une longueur maximale de 300 mots, doivent indiquer le nom du/de la chercheur.e, son affiliation institutionnelle et son courriel.

Date limite pour l’envoi des propositions (250-300 mots) : le 15 décembre 2019.

Les personnes ayant soumis une proposition de communication recevront un message des organisateurs de l’atelier avant le 15 janvier 2020 les informant de leur décision. L’adhésion à l’APFUCC est requise pour participer au colloque. Il est également d’usage de régler les frais de participation au Congrès des Sciences humaines ainsi que les frais de conférence de l’APFUCC. Ils doivent être réglés avant le 31 mars 2020 pour bénéficier des tarifs préférentiels. La date limite pour régler les frais de conférence et l’adhésion est le 10 avril 2020 au-delà de quoi le titre de votre communication sera retiré du programme.

Vous ne pouvez soumettre qu’une seule proposition de communication pour le colloque de 2020. Toutes les communications doivent être présentées en français (la langue officielle de l’APFUCC) en personne, même dans le cas d’une collaboration.

***

Responsables de l’atelier :


Jorge Calderón (Simon Fraser University) – calderon@sfu.ca

Habib Hassoun (University of Toronto) – habib.hassoun@mail.utoronto.ca

Pascal Michelucci (University of Toronto) – pascal.michelucci@utoronto.ca