
STÉRÉOTYPE ET NARRATION LITTÉRAIRE
L'objet de la réflexion sera constitué par les rapports qu'entretient le stéréotype avec la narration littéraire. Bien que le titre de cet appel à contribution soit déjà un choix, il pourrait n'être que provisoire.
En effet, on pourra, dans un premier temps, s'interroger sur le terme ou les termes utilisés pour désigner et décrire des pratiques de la narration littéraire. Stéréotype semble être le terme le plus récent et le plus adapté au travail de l'analyse descriptive, par son éventail dérivationnel (stéréotypé, stéréotypie, stéréotypique) et par sa référence directe (étymologique) à un mécanisme de production de formes (« figées », en l'occurrence) et donc, dans son application littéraire, par une référence sinon plus spécifique, du moins plus « technique » à la narratologie et plus généralement à la poétique. Cependant, on pourra s'interroger sur la pertinence et l'utilité de termes voisins, parfois quasi-synonymiques et marqués par l'histoire littéraire, comme lieu commun, cliché, poncif, qui pourraient permettre d'introduire des nuances par rapport à stéréotype —qui semble être un terme englobant, marqué par ailleurs par l'empreinte des sciences sociales— et d'envisager, pour l'analyse, une perspective topique (thématique, axiologique) à côté d'une perspective proprement rhétorique (rhématique, formelle).
Dans un second temps, il s'agira d'analyser un ensemble de pratiques narratives et textuelles (éléments formels et conceptuels), d'étudier la nature, les ressources et la fonction de ces dispositifs textuels. Le but pourrait être tout à la fois de dresser une typologie des formes et de s'interroger sur leurs modalités d'insertion dans le texte.
Enfin, sans que l'on puisse arbitrairement les dissocier de l'approche formelle, si ce n'est pour les besoins de l'analyse, il s'agira de s'interroger sur les soubassements épistémologiques et les implications esthétiques et idéologiques du stéréotype. Il serait bon ici de perdre tout a priori négatif vis-à-vis de ces formes pour étudier leur fonction de (re)production narrative et de (re)production esthétique. Le stéréotype possède aussi une fonction de communication forte, il est le lieu de (re)connaissance pour le lecteur, le lieu où peut être mise en scène la connivence entre l'émetteur et le récepteur de l'oeuvre, que l'on se situe sur le plan narrateur/narrataire ou auteur/lecteur. Identifier le stéréotype c'est reconnaître « un code » textuel, semblable peut être à un code génétique, qui programme, en partie, la lecture. Ces fonctions seront bien entendu envisagée à la lumière d'une contextualisation rendue absolument nécessaire par la nature même du stéréotype.
Pour terminer, l'ambition de ce numéro est de pouvoir offrir une perspective large, diachronique utile sur les notions qui gravitent autour de la stéréotypie et de montrer son évolution et son sens dans l'histoire de la littérature. L'appel se veut donc largement ouvert à toutes les littératures, qu'elles soient « littératures à stéréotypes » —le sujet a fait l'objet d'un numéro de la revue Loxias http://revel.unice.fr/loxias/document.html?id=1741 — ou littératures tout court. Les exemples pourront être choisis au-delà de la francophonie mais les textes devront être cependant rédigés en français.
Contacts
Antonello Perli, Université de Nice-Sophia Antipolis, CIRCLES EA 3159, département d'Italien (perli@unice.fr)
Marc Marti, Université de Nice-Sophia Antipolis, CIRCLES EA 3159, département d'Espagnol (marti@unice.fr)