Dans sa "Pratica della Perspettiva", publiée à Venise
en 1559, Daniel Barbaro évoque l'anamorphose en ces
termes :
"Maintes fois et avec non moins de plaisir que
d'émerveillement, on regarde quelques-uns de ces
tableaux ou cartes de perspective dans lesquels, si
l'oeil de celui qui voit n'est pas placé au point
déterminé, il apparaît tout autre chose que ce qui est
peint...".
Tel est l'"art de la perspective secrète" que Dürer se
propose d'aller apprendre à Bologne dès 1506, -art
"magique" qui affecte toute la peinture maniériste.
Car il s'agit bien par certains aspects d'une
connaissance presque diabolique : dans l'anamorphose,
le monde se découvre oblique, étiré, méconnaissable,
scientifiquement déformé pour la vision de face, et
virtuellement rétabli dans sa rectitude -une rectitude
tout aussi illusoire- par le déplacement de
l'observateur.
Ce sont les différents aspects de cette déconstruction
du monde et de son rétablissement subjectif que le
Centre de Recherche sur l'Europe Littéraire a choisi
d'explorer durant son 4e séminaire, les 30 et 31 mars
2001. Comment cette remise en ordre d'un univers
déviant ou, à l'inverse, cette distorsion d'un
environnement par trop rectiligne opèrent-elles à
travers les siècles, non seulement dans la peinture,
mais encore dans la littérature, la langue ou même au
cinéma ?
Les propositions de communication (titre et résumé de
10 lignes) sont à adresser avant le 31 janvier 2001
par courriel à
E.Lysoe@univ-mulhouse.fr
ou à
Eric Lysoe
Centre de Recherche sur l'Europe Littéraire
10, rue des Frères Lumière 68093 Mulhouse Cédex
Les travaux du séminaire seront recueillis dans le n°
3 des Creliana.