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Gestes de l'imaginaire : grammaires en déplacement (17e journée d'étude annuelle de l'AECSEL - UQAM)

Gestes de l'imaginaire : grammaires en déplacement (17e journée d'étude annuelle de l'AECSEL - UQAM)

Publié le par Marc Escola (Source : Berte Séguin)

Appel à communications - 17e journée d'étude annuelle de l'AECSEL-UQAM

Gestes de l'imaginaire : grammaires en déplacement

Il nous faut une prise, des concepts, des savoirs, pour comprendre le réel,
pour faire sens de nos existences, pour connaître les œuvres et la beauté
du monde qu ’elles déploient. Disons, puisque nous voici déjà sur la voie du
discours et de l’énonciation – et aussi, bien sûr, sur celle du désir – disons :
un langage. On ne dira pas un système. On ne dira pas non plus une
structure. On préfèrera quelque chose de vivant, de mouvant, un concept
qui n’échappe pas à la rigueur des pensées bien formées, des réflexions
efficaces, mais qui conser ve néanmoins la marque de son emploi,
l’empreinte du concret, la joie du relationnel.

Cette marque d’interaction avec le monde, cette grammaire par laquelle
notre humanité se comprend, s’explique et se rejoint, est constituée d’une
multitude de mouvements qui jouent et opèrent au-delà des mots. Ce que
ces derniers révèlent est ainsi un geste. C’est-à-dire une intention, un
motif qui nous pointe en tant qu'existences – un dessein qui nous montre
agissant et construisant le monde (Citton, 2012).

Le geste est la grammaire affectée de notre déplacement dans l’univers.
Et de la même manière que dire est déjà faire (Austin, 1962), le geste –
d’amour, de création, d’ouver ture – transmue sitôt l’intentionnalité du faire
en dire. Dans l’écriture, le geste s’avère ainsi un excellent prisme par où
obser ver la constitution des représentations, la proposition d’utopies et la
matérialisation d’idées. Il permet de réfléchir à ce qui échappe à la pensée
objectivante (Lévinas, 1961) et d’entendre l’écriture comme un dialogue
entre le monde et soi (Flusser, 2014). Dans et par le geste littéraire, l’être
et le monde peuvent alors se rejoindre, se répondre, s’accorder,
s’engendrer mutuellement.

Manière d’aller vers ou de laisser venir, le geste est aussi une disposition
qui précède toute construction signifiante (Nancy, 2001). Par fois acte
d’un déplacement – celui du signifiant vers d’autres signifiés et d’autres
objets de pensée – il est également une physique du corps, du corps outil,
du corps vivant, éprouvé comme pivot entre le langage et le sensible
(Merleau-Ponty, 1945). Par et à travers les corps, leurs représentations et
ce que la littérature leur fait subir (Larrivé, 2015), le geste devient
l’incarnation d’un imaginaire ; un véritable régime de lecture.

Pour cette 17e journée d’études, l’AECSEL vous invite à poser un geste fort
et à vous interroger : comment les gestes (re)définissent-ils sans cesse
les limites du sens ? Quelle porosité les œuvres littéraires et ar tistiques,
entendues comme des gestes d’appréhension et de transformation, nous
permettent-elles de constater entre ce que nous rêvons, ce que nous
vivons et ce que nous savons ? La littérature peut-elle se comprendre
comme un geste ? Quels sont les gestes impor tants posés par les
écrivain·es et déployés par leurs œuvres ? De quelle manière ces
dernières procèdent-elles ? Quels sont les gestes formels par lesquels
elles prennent corps ?

Cette journée d’étude gravitera autour du champ des études littéraires
mais n’entend pas se limiter à un genre, à un siècle ou à une discipline.
Nous souhaitons avoir le geste large et chanter en commun la geste de
recherches qui déplacent les signes et les significations, engendrent des
réflexions sur l’agir et l’intention et mettent en valeur, dans toute sa
diversité, la beauté du geste de création. Nous entendons le geste au sens
de l’oeuvre ouver te d’Eco, une œuvre qui se lit à par tir du monde, mais qui
y par ticipe aussi. Les gestes d’écriture, de lecture, de critique, nous
situent dans un monde en mouvement en l’affectant autant qu ’ils nous
affectent.

Sans s’ y limiter, les propositions de communications peuvent être
envisagées sous les angles suivants :

GESTE ET IMAGINAIRE

Quels gestes président à l’élaboration de nos représentations
symboliques, narratives ou myt hologiques ? Les créations littéraires et
ar tistiques ont-elles un rôle à jouer dans la constitution de nos
imaginaires collectifs ? Dans quelle mesure peut-on déployer le geste
comme représentation, signe ou motif récurrent dans les œuvres
littéraires ? Quels imaginaires accompagnent l’invention et l’évolution des
gestes d’analyse et de production de savoirs, sur les plans ar tistique,
social et scientifique ?

INCARNATIONS DU GESTE

Comment les gestes de l’imaginaire s’incarnent-ils dans les œuvres
littéraires et ar tistiques, voire au-delà ? Qu ’ont à nous enseigner les
différentes représentations des corps et de leurs gestuelles dans les
œuvres littéraires et ar tistiques ? Les corporéités en mouvement, les
pratiques corporelles et les œuvres per formances nous permettent-elles
de penser autrement la littérature, qu ’un préjugé tenace croit
désincarnée ? Comment la matérialité du livre et l’usage qu ’il requier t des
corps influence-t-elle notre rappor t à l’imaginaire et aux savoirs ?

GESTE ET ÉCOLOGIE

Par quels gestes la littérature fait-elle face à l’inouïe crise écologique en
cours ? Quelles sont les œuvres qui permettent d’orienter et de donner
sens à l’engagement ? Au prisme de l’imaginaire botanique, quelle
grammaire du vivant nous permettent d’élaborer les recherches
écopoétiques ? En quel sens la nature, cette indicible altérité, interroge-t-
elle le statut et le devenir du langage ? Quels gestes les études littéraires
peuvent-elles poser pour résoudre l’opposition nature-culture ?

Vos propositions de communications peuvent prendre plusieurs formes et
s’engager dans des voies diverses, qu ’elles soient t héoriques, pratiques,
ar tistiques, etc. Nous accueillons les propositions de recherche et de
recherche-création. Les étudiant·es de tous cycles sont chaudement
invité·es à saisir cette occasion de réaliser leur première expérience de
communications universitaire.

D’une longueur de 250 mots, vos propositions de communication doivent
être accompagnées d’une notice biobibliographique mentionnant votre
université d’attache, vos intérêts de recherche et vos publications (s’il y a
lieu). Merci de les acheminer à aecsel.uqam@gmail.com, avant le 19
janvier 2026. Veuillez indiquer en objet votre nom et prénom ainsi que le
titre de votre communication d’une durée de maximum 20 minutes.

RÉFÉRENCES CITÉES

Langshaw Austin, John. 1962. How to do t hings wit h words. Oxford:
Clarendon Press. 166 p.
Citton, Yves. 2012. Gestes d’Humanités : Ant hropologie Sauvage de Nos
Expériences Est hétiques. Paris: A. Colin. 320 p.
Flusser, V. 2014. Gestures. Minneapolis: University of Minnesota Press.
224 p.
Larrivé, Véronique. 2015. « Empat hie fictionnelle et écriture en “je” fictif ».
Repères. no. 51. p. 157-176.
Lévinas, Emmanuel. 1961. Totalité et infini, La Haye: Mar tinus Nijhoff.
284 p.
Merleau-Ponty, Maurice. 1945. Phénoménologie de la perception. Paris:
Gallimard. 537 p.
Nancy, Jean-Luc. 2001. La Pensée Dérobée. Paris: Galilée. 189 pages.