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Faire église dans les textes et les images. Continuités et mutations dans l'Occident chrétien, IVe-IXe s. (Marseille & Aix-en-Provence)

Faire église dans les textes et les images. Continuités et mutations dans l'Occident chrétien, IVe-IXe s. (Marseille & Aix-en-Provence)

Publié le par Marc Escola (Source : Nassim Mandhouj)

Le projet ANR E-CCLESIA organise son premier colloque international “Faire église dans les textes et les images, continuités et mutations dans l’Occident chrétien (IVe-IXe s.)” du 9 au 11 décembre à l’Abbaye Saint-Victor à Marseille et à la MMSH à Aix-en-Provence.

Programme

Résumés des communications

Informations pratiques :

Lieux et dates :

9 décembre 2025 : Abbaye Saint-Victor, Marseille, Chapelle du Saint-Sacrement

10 et 11 décembre 2025 : Maison Méditerranéenne des Sciences Humaines et sociales (MMSH), Salle Germaine Tillion

Comité scientifique :

•Vincent DEBIAIS, CNRS, EHESS, CRH
•Marc HEIJMANS, CNRS, Aix Marseille Université, CCJ
•Gaëlle HERBERT DE LA PORTBARRÉ-VIARD, Aix Marseille Université, CNRS, TDMAM
•Elsa MARGUIN-HAMON, École nationale des Chartes, CJM
•Anne-Orange POILPRÉ, Université Paris 1, Panthéon Sorbonne, HiCSA

Comité d’organisation et contacts :

•Gaëlle HERBERT DE LA PORTBARRÉ-VIARD
gaelle.viard@univ-amu.fr
•Marc HEIJMANS
marc.heijmans@univ-amu.fr
•Nassim MANDHOUJ
nassim.mandhouj@univ-amu.fr

Pour assister au colloque via Zoom, contactez Nassim Mandhouj

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Argumentaire du premier colloque de l’ANR E-CCLESIA

Après la promotion du christianisme au rang de religion tolérée puis de religion d’état, l’église-monument devient une réalité de plus en plus prégnante dans l’Occident chrétien, aussi bien du point de vue de l’architecture et du décor que de sa fonction comme lieu de célébration de la communauté des croyants. Ce statut se reflète dans les textes et dans les images qui proposent dès lors un nouveau discours sur la nature, la fonction et la valeur sociale de l’église. Même si un certain nombre d’éléments matriciels dans la représentation textuelle et visuelle de l’église-monument se fixent dès l’Antiquité tardive, période qui conserve elle-même un certain héritage de l’Antiquité classique, elle évolue en effet profondément entre l’Antiquité tardive et l’époque carolingienne, en fonction des contextes historiques, politiques et culturels propres à chacune des différentes parties de l’Occident chrétien.

Le premier colloque de l’ANR E-CCLESIA Construire l’église-monument par les textes et les images, est intrinsèquement lié à la première phase chronologique du projet, tout en étant largement ouvert sur la suivante. Il propose aux intervenants de réfléchir à l’applicabilité des notions de continuité et de mutation aux textes issus des différents genres littéraires et aux images de diverses natures qui représentent chacun, selon les modalités qui leur sont propres, l’église-monument. L’objectif est bien en effet de mener une réflexion sur les images et les textes qui évoquent l’église comme bâtiment, et non sur les édifices eux-mêmes.

Il s’agira de mettre en rapport la diversification et la multiplication des différents types de textes et d’images avec les continuités et les mutations de l’église-monument en tant que réalité architecturale de l’époque tardo-antique à l’époque carolingienne. Il s’agira également de les mettre en rapport avec l’église-monument en tant qu’incarnation du corps social et de l’autorité ecclésiastique pour les siècles envisagés par le colloque. Le même type de réflexion sera appliqué aux vocabulaires textuels et visuels et à la rhétorique du discours qu’ils servent ou qui les accompagne.

Qu’est-ce qui persiste, qu’est-ce qui évolue, qu’est-ce qui change radicalement dans la façon de dire l’église-monument du IVe au IXe s dans l’Occident chrétien ? Dans les descriptions et les images architecturales, qu’est-ce qui change et ne change pas quant à la nature et la fonction des éléments descriptifs ?

On s’intéressera également à l’importance des mutations et des continuités dans les typologies d’objet qui représentent l’église-monument. L’idée est de situer ce que l’on nomme “image” dans le contexte d’une production d’artefacts qui relèvent, pour une part significative d’entre eux, de traditions, et qui véhiculent des représentations figurées. Il s’agira de voir ce que ces représentations d’église sur les objets doivent aux traditions qui leur sont propres et au contraire les éléments de nouveauté ou de rupture qui peuvent apparaître au fil du temps. L’objectif est d’éviter de traiter l’image hors de tout contexte matériel et typologique, et au contraire de tenir compte du fait que certains types d’objets supports s’inscrivent dans une tradition ancienne, quand d’autres émergent au premier Moyen Âge. Ces différentes temporalités ont-elles un impact, ou pas, sur la nature des représentations ?

Les réflexions présentées au cours du colloque tiendront compte des différents facteurs, parfois conjugués, souvent mais non exclusivement liés au modèle romain, qui ont influencé la conception de l’église-monument du IVe au IX e siècle. Parmi ces différents facteurs, à côté de l’influence de l’architecture antique présente tout au long de la période, on peut distinguer :

-des facteurs politico-religieux : le culte des saints et des martyrs, la diffusion de leurs reliques et l’essor des pèlerinages, l’essor du monachisme (en particulier le monachisme bénédictin), la lutte contre les hérésies (l’arianisme en particulier), l’importance croissante de la figure de l’empereur chrétien, de celle du pape (à commencer par Grégoire le Grand considéré comme le dernier pape de l’Antiquité chrétienne et le véritable fondateur de la Rome médiévale), mais aussi de celle de l’évêque et des rois.

-des facteurs politico-historiques (souvent liés aux précédents) : les mouvements de populations, les rapports avec Constantinople et l’art oriental, l’insertion dans la cité devenue chrétienne, le christianisme missionnaire à partir de l’époque de Grégoire le Grand, sans compter la conquête arabo-musulmane à partir de 635 et l’avènement de l’empire carolingien.

Il s’agira également de mesurer la part de réception de l’image de l’église-monument tardo-antique dans les textes comme dans les images par les époques postérieures (remplois, citations, ekphraseis…). L’ensemble des communications, fondées sur l’étude des discours sur les monuments et non sur les monuments eux-mêmes, mettra en évidence l’importance du témoignage des textes et des images pour ces siècles fondamentaux dans la construction de l’histoire du christianisme.