Quelle est la différence entre deux traductions d’un même texte ?
Ce livre propose des outils concrets pour analyser écarts de lexique, isotopies, registres et marquages discursifs. Objectif : rendre les intuitions critiques mesurables et offrir des résultats transmissibles et réplicables.
L’enquête porte sur le corpus des retraductions françaises de Dante – plus de sept millions de mots sur presque trois siècles (1775-2025) –, offrant un terrain exceptionnel pour étendre le champ des questions : de quelle manière la traduction a-t-elle enrichi le lexique du français ? Comment mesurer l’écart lexical entre une traduction en vers et une traduction en prose, ou saisir l’évolution sémantique d’un terme à travers les siècles ? Et que révèle la comparaison entre un Dante traduit en France, en Belgique ou au Québec ?
Dans chaque cas, l’analyse parcourt toute la chaîne : formulation de la question, constitution du corpus (normalisation, lemmatisation, alignement, segmentation, annotation), choix des outils appropriés – sémantique distributionnelle, indice de spécificité, étude de la collocation, Analyse Factorielle des Correspondances (AFC) –, puis retour constant aux concordances et interprétation des résultats. La contribution est double : théorique, en définissant la différence traductive comme productivité du sens ; méthodologique, en proposant une chaîne transférable à d’autres corpus et langues, qui rend les hypothèses falsifiables et les preuves cumulatives. Il en résulte un atelier comparatif où le quantitatif prépare, oriente et rend vérifiable l’intelligence des fonctionnements intimes du texte traduit.
Un progrès concret dans le dialogue entre humanités numériques et traductologie.
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Table des matières
Introduction
Dire, à nouveau, presque la même chose 11 ; Lexicométrie et textométrie pour la retraduction 15 ; Atelier Dante 23
Méthode 1 – Le traducteur comme auteur. Idiolecte traductif et néoformation en traduction 31
Introduction et problématique 31 ; Peut-on parler d’un idiolecte traductif ? Étude de la keyness 33 ; La néoformation en traduction 41 Évaluer la productivité néologique dans la diachronie (1775-2025) 72 ; Le traitement du nom propre en traduction : approche historique 82 Vers une notion de généalogie traductive 99 Conclusion 104
Méthode 2 – Formes de synonymie en traduction 105
Introduction et problématique 105 ; La concordance parallèle 109 ; Mesurer l’évolution lexicale : protocole Trends 114 ; Formes de synonymie : Thesaurus 119 ; Mesurer la synonymie dans le temps 129 ; Conclusions 139
Méthode 3 – Étude de la collocation 139
Introduction et problématique 139 La collocation 141 La différence des profils lexicaux 145 Étude de cas 1 : prose vs. poésie 148 Étude de cas 2. Comparaison diachronique des réseaux métaphoriques (subcorpus XIXe vs. subcorpus XX) 169 ; Étude de cas 3. Se retraduire : Eugène Aroux, 1842 vs 1856 193
La retraduction comme processus : approches génétique et ecdotique 209
Critique génétique de la traduction : quels horizons de recherche ? 209 ; Le manuscrit du traducteur 212 ; Comment réaliser une édition génétique de la traduction 226 ; Textes 230
Conclusion 243
Annexe méthodologique 245
Postface : la traduction, Bible des pauvres ? 253
Œuvres citées 255.