Colloque international
Théorie littéraire & théorie du texte en pratique
Les 15, 16 & 17 juin 2026
Amphithéâtre Louis Liard, Sorbonne Université (15, 16 juin)
Auditorium, Bibliothèque Polonaise de Paris (17 juin)
Avec le soutien (en l’état) du Conseil de la recherche en sciences humaines du Canada pour l’Université du Québec à Rimouski (UQAR)
et du laboratoire THALIM de l’Université Sorbonne Nouvelle Paris III
La théorie littéraire et la théorie du texte seront ici appréhendées dans leur versant strictement pratique, par l’application d’approches analytiques diverses, qu’elles soient reproductibles, singulières, expérimentales, hybrides et portant sur différents objets d’études.
La dimension multidisciplinaire se situera au cœur des réflexions et des démarches, que ce soit sur le plan des concepts opératoires ou des méthodes associées ou sur celui des périodes ou des objets d’études envisagés (narrations littéraires, filmiques, théâtrales, bédéistiques, médiatiques, journalistiques, biographiques, historiques, etc.)
Axe 1 : Les Grandes analyses
Il s’agirait de revenir sur quelques grandes analyses d’œuvres qui ont fait date :
L’analyse du mythe d’Oedipe par Levi-Strauss
L’analyse des « Chats » de Baudelaire par Jakobson et Levi-Strauss
L’analyse de la nouvelle « Deux amis » de Maupassant par Greimas
L’analyse de « Desdichado » de Nerval par Geninasca
L’analyse du « Horla » de Maupassant par Hamon et autres
L’analyse de la nouvelle de Balzac « Sarrasine » par R.Barthes
L’analyse d’un passage de la Bible par R.Barthes
L’analyse d’un chant Cheremis par Th.Sebeok dans le colloque d’Indiana « Style in language »
L’analyse du Roi Lear de Shakespeare par Freud (« Le thème des trois coffrets »)
L’analyse parodique d’une chanson populaire (Le chef-d’œuvre d’un inconnu (1714) par Thémiseul de Saint-Hyacinthe
L’analyse du style de Pasternak par Jakobson
L’analyse du « Boléro » de Ravel par Levi-Strauss
L’analyse des « Ménines » de Vélasquez par Michel Foucault dans Les Mots et les choses
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Axe 2 : Approches quantitatives, approches systémiques
Les travaux attendus devront présenter une pratique de la théorie littéraire ou de la théorie du texte appliquée à un objet textuel ou fictionnel selon une approche quantitative et/ou systémique.
Les approches quantitatives et/ou systémiques ont pour intérêt leur prédisposition à la modélisation, autant dans les procédés que dans les résultats, de données importantes. Certains phénomènes fictionnels peuvent aussi être sujets à la subjectivité analytique et théorique, et par conséquent, se proposent ici d’être examinés par un cadrage strictement objectivable, rendu possible par les approches quantitatives et/ou systémiques.
Cadrages mobilisables : formalisme, structuralisme, post-structuralisme, narratologie, sémiotique, stylistique, linguistique, grammatologie, théories critiques, comparatisme, typologies, modélisations, grilles analytiques, Humanités Numériques, IA, statistiques, infographies...
Axe 3 : Sociologie, sociocritique et littérature
Entre les lectures sociologiques des œuvres et la sociocritique, il reste à élaborer une narratologie sociologique, qui relie, par-delà les représentations sociales, les choix formels à des facteurs extra-textuels. Ces facteurs incluent les contraintes idéologiques, économiques, mais aussi le répertoire accessible (Even-Zohar) ou l’espace des possibles (Bourdieu) propre à un état donné du champ littéraire. Comment les choix d’écriture s’inscrivent-ils dans cet espace ? Quels sont les répertoires dans lesquels ils puisent ? De quels autres espaces (presse, science, politique) se nourrissent-ils ? Et comment les dispositions éthiques et esthétiques des auteurs orientent-elles ces choix, en fonction de leur socialisation primaire et secondaire ?
Axe 4 : Small stories
Par son caractère performatif, le storytelling se rapproche de la narration conversationnelle. L’analyse de cette forme discursive, pratiquée par les sociolinguistes indépendamment de la narratologie à partir des années 1970, s’intéresse depuis une quinzaine d’années à la small stories research. Il s’agit d’histoires hautement contextualisées, plutôt que textualisées, qui sont co-construites par plusieurs interlocuteurs en temps réel aux dépens d’un narrateur unique ou de la représentation d’un événement centralisateur. Non-prototypiques (et donc aux antipodes de toute notion de « grammaire narrative »), les small stories représentent des bribes de récit, souvent hypothétiques, allusifs ou orientés vers l’avenir, et elles se déroulent sans début, milieu ou fin clairement identifiables. Ne répondant à aucune définition du récit, les small stories sont à qualifier d’émergeantes. Il s’agira ici d’en étudier les manifestations concrètes.
Axe 5 : Storytelling
Les travaux attendus devront présenter une pratique de storytelling qui peut provenir de sources et des contextes multiples et diversifiés :
-le partage de l’expérience dans de différentes cultures (indigènes inclues)
-l’aspect pédagogique
-la pratique de sense-making
-le pouvoir affectif et représentatif.
Le storytelling est une pratique de passage et de « stockage » de connaissances aussi ancienne que contemporaine, orale, écrite et picturale.
Témoignons-nous aujourd’hui de la naissance des nouvelles formes, media et processus de storytelling? Comment le storytelling peut contribuer à préserver les cultures centrées sur la spiritualité, la communauté ? Quel est son rôle dans la mémoire collective ? Quels sont les changements dans sa pratique ? Est-ce que le storytelling reste toujours une alternative aux méthodes historiques et sociologiques ? Quel est le futur du storytelling avec l’IA ?
Axe 6 : Mémoire
La narrativité est une forme, le plus souvent posée en littérature ; une forme dans et à travers laquelle les événements et agents qui les performent ou subissent, sont présentés, décrits, ou rappelés. Ce dernier verbe est central dans l’axe de la mémoire. Dans l’introduction à un volume collectif antérieur, Acts of Memory (Bal, 1999), il est argumenté que les mémoires n’arrivent pas à un sujet mais sont activement performés. Cette vue change le statut d’autres facteurs d’agents impliqués dans la narration, comme les narrateurs et focalisateurs, et les espaces où ces actes sont performés. L’aspect le plus caractéristique de la mémoire est la relation entre le présent, dans lequel les mémoires sont activées, et le passé, dans lequel les événements rappelés ont eu lieu. L’examen de la relation entre les agents, la temporalité, et les évènements est centrale dans cet axe.
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Modalités
Les propositions de contributions (1500 signes maximum avec une courte notice bio-bibliographique) doivent être envoyées le 2 janvier au plus tard à l’adresse suivante : colloquetheoriepratique2026@hotmail.com
Ces propositions devront identifier le ou les champs critiques et théoriques concernés sous forme de cinq mots clés.
Les réponses seront transmises vers la fin du mois de janvier.
La publication d’un ouvrage est prévue à la suite du colloque.
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Comité d’organisation
Mieke Bal (U. d’Amsterdam, Pays-Bas)
Gaëtan Brulotte (U. de Louisiane, Etats-Unis)
Philippe Hamon (CRP19, U. Sorbonne Nouvelle)
Louis Hébert (U. du Québec à Rimouski)
Ofra Lévy (THALIM, U. Sorbonne Nouvelle)
John Pier (CRAL CNRS/EHESS & U. de Tours)
Gisèle Sapiro (CNRS/EHESS)
Anna Szyjkowska-Piotrowska (U. Sorbonne Paris I).