Écopoétiques et discours antillais : écrire et traduire l’île-monde face à l’urgence écologique (revue Aleph)
Revue Aleph. Langues, Médias & Sociétés
Numéro thématique : « Écopoétiques et discours antillais : écrire et traduire l’île-monde face à l’urgence écologique ».
Coordination du numéro :
Pr. Lamia Mecheri (Université Badji Mokhtar Annaba) et Dr. Antonio Gurrieri (Université G. D'Annunzio de Chieti-Pescara)
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Aleph. Langues, Médias & Sociétés est une revue scientifique à comité de lecture, en accès libre, exigeant un haut niveau de rigueur théorique et méthodologique. Elle accueille des travaux en sciences du langage, études littéraires, traductologie, sciences de l’information et de la communication et disciplines connexes, avec une attention particulière aux dynamiques linguistiques, culturelles et médiatiques dans les espaces arabophones, francophones et méditerranéens.
Argumentaire du numéro
La crise écologique transforme en profondeur nos manières de penser et d’habiter le monde. Réchauffement climatique, pollutions multiples, effondrement de la biodiversité, Anthropocène : ces réalités bien documentées n’en continuent pas moins de fissurer les imaginaires et de reconfigurer les cadres de pensée. Les sciences humaines et sociales, comme les arts et la littérature, sont directement interpellés par ces mutations.
Dans ce contexte, l’ecocriticism anglo-saxon et, en contexte francophone, l’écopoétique ont mis en évidence le rôle décisif des œuvres littéraires dans la manière dont les sociétés se représentent le vivant, l’environnement et la crise écologique. La littérature apparaît comme un laboratoire d’« écologies du langage » où s’expérimentent de nouvelles formes de sensibilité au monde non humain et où se redéploient les liens entre esthétique, éthique et politique.
Les littératures antillaises constituent un terrain privilégié pour cette réflexion. Dans le sillage d’Édouard Glissant, Patrick Chamoiseau, Raphaël Confiant et d’autres auteur·es caribéen·nes, la figure de l’île-monde propose une vision de l’archipel comme condensé du monde : espace insulaire fragile, traversé par les héritages de la plantation, de l’esclavage et de la colonisation, mais aussi par les vulnérabilités écologiques contemporaines (cyclones, pesticides, pollutions, extraction, etc.). L’archipel devient ainsi un observatoire des tensions entre local et global, entre mémoire coloniale et urgence écologique.
Par ailleurs, les imaginaires écologiques caribéens circulent au-delà des œuvres littéraires : dans les discours médiatiques, les prises de parole militantes, les textes institutionnels et, de manière décisive, à travers la traduction(français / créoles / anglais / espagnol…). Traduire une écopoétique, ce n’est pas seulement déplacer des mots, mais faire voyager des cosmologies, des rapports au territoire, des formes d’oralité et des savoirs écologiques locaux.
Sans se limiter aux Antilles, ce numéro entend accueillir des contributions portant sur d’autres espaces francophones (Afrique, Maghreb, océan Indien, Québec, Pacifique, etc.) qui élaborent eux aussi des écopoétiques situées, en lien avec des contextes environnementaux spécifiques (sécheresse, désertification, montée des eaux, extractivisme…). Il s’agira de mettre en regard ces contextes pour interroger les notions d’écologie postcoloniale, d’écologie décoloniale et de justice environnementale, et de poser la question – encore ouverte – d’une éventuelle « écopoétique francophone ».
L’objectif du numéro est ainsi de croiser écopoétique, littératures antillaises, traduction et discours sociaux afin de mieux comprendre comment s’écrivent, se traduisent et se diffusent les récits de l’urgence écologique depuis les « périphéries » du monde globalisé.
Axes thématiques (indicatifs)
Les propositions pourront s’inscrire, entre autres, dans les axes suivants :
1. Écopoétique, plantation et mémoire de l’esclavage
• Représentations de la plantation, de ses héritages environnementaux et sociaux.
• Figures du marronnage, forêts-refuges, paysages de résistance.
2. Motifs du vivant dans les littératures antillaises
• Mer, cyclone, volcan, mangrove, biodiversité menacée.
• Temporalités écologiques, cycles naturels et formes narratives/poétiques.
3. Traduire l’écopoétique : langues, créolisation, circulation
• Traductions entre français, créoles, anglais, espagnol, etc.
• Gains, pertes, déplacements dans la traduction des imaginaires écologiques.
• Oralité, créolisation et « écologie du langage ».
4. Discours sociaux, médiatiques et politiques de l’écologie aux Antilles
• Analyse du discours (médias, institutions, ONG, militantismes).
• Dialogues et écarts entre récits littéraires et récits publics de l’écologie.
5. Écopoétiques francophones comparées
• Antilles / Afrique / Maghreb / océan Indien / Québec / Pacifique…
• Savoirs écologiques locaux, écologies postcoloniales et justice environnementale.
6. Catastrophes, ruines écologiques et imaginaires de la réparation
• Récits de catastrophes et de désastres (naturels, technologiques, toxiques).
• Poétiques de la réparation, de la survie, de la consolation.
Cette liste est indicative : toute proposition entrant clairement en résonance avec l’argumentaire du numéro sera examinée.
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Modalités de soumission
• Langues du numéro : La revue accueille en priorité des articles en français, mais peut accepter des contributions en anglais ou en arabe (et, le cas échéant, en espagnol), après accord de la coordination du dossier. Dans tous les cas, les auteur·es fourniront au minimum des résumés en français et en anglais (et, si possible, en arabe), accompagnés de mots-clés dans les mêmes langues.
• Format des articles : Les articles proposés devront compter environ 35 000 à 50 000 signes (espaces compris, notes et bibliographie incluses). Ils devront être inédits, ne pas avoir été publiés ni soumis simultanément à une autre revue.
• Normes éditoriales : Les auteur·es sont invité·es à respecter scrupuleusement les consignes aux auteur·es de la revue (présentation du texte, système de références, bibliographie, translittérations, etc.), disponibles sur le site d’Aleph. Tout article ne respectant pas ces normes pourra être retourné pour mise en conformité avant évaluation.
• Évaluation : Les articles seront soumis à une expertise en double aveugle.
L’acceptation définitive dépendra des rapports d’évaluation et, le cas échéant, de la prise en compte des demandes de révision formulées par le comité de lecture.
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Calendrier
• Date limite d’envoi des propositions d’articles complets : 01/06/2026.
• Mise en ligne du numéro (prévision) : Septembre 2026.
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Modalités d’envoi
Les articles complets (au format .docx de préférence) sont à envoyer à :
Soumission en ligne : https://asjp.cerist.dz/en/login
Site de la revue : https://asjp.cerist.dz/en/PresentationRevue/226
En objet du message, indiquer :
Soumission – Numéro « Écopoétiques antillaises » – Nom Prénom.