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La tradition en contexte littéraire et culturel francophone (Univ. de la Polynésie française, Tahiti)

La tradition en contexte littéraire et culturel francophone (Univ. de la Polynésie française, Tahiti)

Publié le par Marc Escola (Source : Carole Atem)

Appel à communications pour un Colloque international

« La Tradition en contexte littéraire et culturel francophone »

Université de la Polynésie française, Tahiti

Les 12, 13 et 14 octobre 2026

Université de la Polynésie française
Unité de Recherche 4241 EASTCO « Études approfondies des sociétés traditionnelles et contemporaines en Océanie »
INSPÉ de la Polynésie française
Service des Relations internationales de l’UPF
Maison des Sciences de l’Homme du Pacifique
Université de la Nouvelle-Calédonie
The University of Melbourne, Australie
The University of Western Ontario, Canada
AIELCEF (Association internationale d’étude des littératures et cultures de l’espace francophone – Canada)

Contexte et objectifs

Quoique son axe principal demeure académique, ce colloque international vise à permettre la rencontre d’universitaires et de non-universitaires, de chercheurs/chercheuses ou de praticiens/praticiennes dans le domaine des arts et des sciences humaines (littérature, spectacle, cinéma, culture, histoire), pour discuter de la pertinence de la tradition comme paradigme culturel dans les espaces francophones contemporains. Ce concept de tradition, en tant que système de pratiques et de coutumes, pourra être envisagé à partir du point de vue artistique et littéraire francophone, aussi bien que sur le plan des connaissances et des savoirs autochtones, ou encore dans la perspective des questions cruciales auxquelles l’humanité fait face en ce temps dit des « changements climatiques ». Le colloque accueille au même titre de validité les savoirs empiriques et traditionnels que le volet théorique ou académique plus largement souligné. L’événement est ouvert aux présentations en langues autochtones autant qu’à celles en français et en anglais.
Quel état des lieux peut-on dresser aujourd’hui quant à la persistance, à la validité, à l’efficience du paradigme de la tradition, notamment dans l’appréhension des faits de culture et de littérature de l’espace francophone ? De quelles manières le fait littéraire dit francophone s’articule-t-il désormais aux fondements culturels autochtones par rapport auxquels il a pu se définir tout au long du XXe siècle? Dans quelle mesure le patrimoine traditionnel des aires francophones résonne-t-il avec les questions philosophiques soulevées par l’enjeu « climatique » en ce début du XXIe siècle? Le colloque cherche également à interroger, dans le contexte contemporain, la pertinence du paradigme de la tradition tel qu’il intervient dans la revendication politique, historique, territoriale, identitaire, autant de questions qui se posent avec une urgence accrue dans les sociétés autochtones soumises aux répercussions de l’histoire coloniale, comme peut en témoigner la situation politique de la Nouvelle-Calédonie, territoire administratif de l’« Outre-mer » français.
Le problème de la revendication identitaire, dans un tel cas, se superpose de fait à l’ensemble du mouvement décolonial que l’actualité planétaire des crises climatiques semble réactiver. Peut-on considérer que la tradition continue de nourrir cette contestation aux allures de quête de sens, à une époque où elle reconduit et reconfigure une dynamique de résilience ou d’adaptation, c’est-à-dire un ensemble de mécanismes parfois séculaires qui ont permis et permettent encore aux communautés traditionnelles de maintenir une forme de pérennité dans leurs environnements d’existence? Certains de ces environnements, entre ouragans et volcans, en passant par les incendies saisonniers, se caractérisent par des conditions naturelles hostiles, lorsque ce n’est pas le fait colonial lui-même qui se manifeste par des rémanences de différents ordres au sein de ces sociétés. Le paradigme de la tradition semble ainsi lié de près ou de loin aux stratégies de résistance, tant vis-à-vis de l’environnement physique que face au poids de l’histoire. Dans la réflexion contemporaine sur les espaces francophones multiculturels, qu’elle soit littéraire, artistique, sociologique ou écologique, la prise en compte du fait traditionnel paraît donc s’imposer. C’est cette corrélation que le colloque cherche à explorer, avec en ligne de mire la possible (re)valorisation du modèle de la tradition, mais aussi la mise en valeur des productions culturelles et littéraires du champ institutionnel francophone qui contribuent à en (ré)activer le paradigme.

Le fait littéraire francophone

D’un endroit à l’autre de l’espace planétaire, les écritures dites francophones ont pu être définies par référence à des cultures de revendication, peu ou prou liées à l’histoire coloniale européenne ; ces cultures demeurent intelligibles dans le rapport épistémique qu’elles entretiennent avec les productions du champ considéré, qu’elles se conçoivent comme émanations des espaces d’origine des écrivains/écrivaines, ou qu’elles se construisent par rapport à leurs lieux de résidence, d’élection ou d’adoption. Se pose, dans tous les cas, la question identitaire. Quelle est la pertinence, à son tour, de ce paradigme de l’identité, étroitement en lien avec celui de la tradition, à l’heure des médias sociaux, d’internet, de l’intelligence artificielle ? Comment cette identité se reconfigure-t-elle sous l’effet des évolutions nationales ou face à la persistance du fait historique colonial, comme dans certains Départements et Territoires de l’Outre-mer français ? Que faire, aujourd’hui, de telles notions, celles de culture, d’identité collective, d’ethnoscapes, lesquelles n’excluent pas les nouvelles identifications planétaires dérivées des récentes épistémologies post/décoloniales ou écologiques ? Le colloque voudrait aussi permettre de réfléchir sur ces cadres, nouveaux ou anciens, de référence culturelle des œuvres du champ littéraire francophone, tant dans leur fondement longtemps jugé irrévocable, que dans l’hypothèse de leur obsolescence, comme semble le suggérer une certaine conception de la modernité.

La tradition à l’épreuve de l’Occident

Dans l’esprit philosophique de l’Occident – ce qu’il faudrait appeler alors une épistémologie occidentale –, la tradition est synonyme de passé et, pour cela, est à combattre. La question est loin d’être simplement terminologique, dans la mesure où l’espace occidental, au cours de son histoire, a pu voir émerger des pratiques politiques et idéologiques, parfois extrêmes, qui tiraient leur justification de la tradition. C’est au nom des révolutions qui se sont soulevées contre ces régimes abusifs, que s’est accentuée une désapprobation systématisée du principe de la tradition. De façon concomitante, l’histoire coloniale s’est faite l’écho de cette méfiance radicale. À ce titre, la tradition comme la culture, en son sens fondamental de mécanisme de pérennisation de l’espèce dans sa vie collective, devient un mode privilégié de protestation contre l’arbitraire idéologique, comme l’Occident a pu le vivre dans ses propres révolutions. Si la tradition renvoie à la culture, en tant que catégorie épistémologique mais aussi anthropologique, relevant de la présence du vivant au monde, c’est dans la perspective de ce principe de culture que le colloque voudrait penser la tradition. La tradition, c’est-à-dire la culture, ne saurait être statique, puisqu’elle tire son dynamisme du mécanisme constant qui permet à la collectivité de continuer à vivre. Hier, l’espace occidental infériorisait le sujet ontologique féminin ; aujourd’hui, le même espace repense une telle erreur épistémique, tout comme son rapport économiste au milieu naturel, ainsi que le montre la pensée environnementaliste ou écologique. C’est sur ce socle de pérennisation de la vie collective qu’il s’agit de réfléchir aujourd’hui à partir des différentes formes d’expression culturelle, artistique, littéraire, en contexte francophone.

Axes suggérés

Axe 1 – Conceptualiser la tradition

Les pratiques culturelles, régionales, traditionnelles
La coutume et ses appréhensions épistémiques
La tradition et ses appréhensions épistémiques
La question épistémique (idéologique) de la tradition et de la modernité
La résilience, l’ontologie, la résistance

Axe 2 – Arts, Littératures et perspective critique

La question du fait littéraire et culturel francophone
Le fait francophone et les cultures nationales ou régionales, locales
L’œuvre littéraire et l’œuvre artistique dans leurs interrelations
L’œuvre et l’auteur/autrice, l’artiste, dans la question de la tradition
L’œuvre et ses cadres culturels d’intelligibilité
L’œuvre dans la question de la tradition, de la coutume
L’œuvre dans la question identitaire individuelle, collective
L’œuvre et le militantisme politique
L’œuvre et la question écologique, environnementaliste
L’œuvre et la question régionale, nationale, continentale, planétaire
La question de l’État et de l’identité pour l’œuvre, l’auteur/autrice, l’artiste
L’œuvre et son appréhension critique sous le prisme de la culture
La question épistémologique de la tradition et sa pertinence herméneutique, en théorie ou en critique littéraires

Axe 3 – Connaissances et savoirs autochtones

L’autochtonie et le rapport à la terre/Terre
La problématique historique des peuples autochtones et des savoirs autochtones devant la modernité occidentale
Les « Peuples » d’hier et d’aujourd’hui, dans la question de la coutume
Le contexte postcolonial et global sur la question des traditions autochtones
L’enseignement des savoirs autochtones, des connaissances autochtones (dans les divers cycles universitaires)

Axe 4 – Perspective écologique, perspective écosophique

Écologie, environnementalisme, écosophie
L’écosophie et ses extensions herméneutiques, l’écopoétique, l’écocritique, l’écolinguistique, etc.
La crise de la modernité et ses conditions d’appréhension et de formulation
Le paradigme problématisé de l’Anthropocène

Modalités pratiques

Les communications, qui pourront se faire en français, en anglais ou dans les langues autochtones (dont le tahitien), porteront prioritairement sur le champ littéraire, sans exclure les disciplines artistiques ni les sciences humaines. Elles peuvent aborder la problématique proposée à partir d’œuvres ponctuelles d’écrivains/écrivaines, artistes, à partir de leurs parcours individuels, ou sous l’angle de réflexions théoriques, suscitées notamment par les œuvres, pour déboucher sur une cartographie identifiable du socle de la tradition aujourd’hui.

Les communications se feront exclusivement en présentiel, à l’Université de la Polynésie française (Amphithéâtre A1, Campus d’Outumaoro, Punaauia, Tahiti). Une publication des actes du colloque est envisagée aux Presses universitaires de la Polynésie française, au terme d’un processus régulier d’évaluation des articles issus des communications du colloque.

Envoi des propositions de communications

Les résumés, de 200 à 300 mots, en français ou en anglais, sont à envoyer à carole.atem@upf.pf avant le 15 janvier 2026.
Toute question peut être adressée à carole.atem@upf.pf

Informations prévisionnelles et provisoires

Comité d’organisation

Co-présidents
Dr Carole Atem, Université de la Polynésie française (France)
Dr Eddy Banaré, Université de la Nouvelle-Calédonie (France)
Dr Tess Do, The University of Melbourne (Australie)
Pr Laté Lawson-Hellu, The University of Western Ontario (Canada)

Membres
Dr Florent Atem, Université de la Polynésie française (France)
Pr Samira Belyazid, Université de Moncton (Canada)
Dr Charlotte Mackay, Monash University (Australie)

Comité scientifique
Dr Aïssatou Abdoulahi, Université de Maroua (Cameroun)
Dr Mohamed Aït-Aarab, Université de La Réunion (France)
Dr Ana Maria Alves, Bragança Polytechnic University (Portugal)
Pr Sylvie André, Université de la Polynésie française – Université Sorbonne Nouvelle Paris 3 (France)
Dr Carole Atem, Université de la Polynésie française (France)
Dr Florent Atem, Université de la Polynésie française (France)
Dr Ndeye F. Ba, Toronto Metropolitan University (Canada)
Dr Eddy Banaré, Université de la Nouvelle-Calédonie (France)
Pr Samira Belyazid, Université de Moncton (Canada)
Dr Sandrine Joelle Berthiaume, Baylor University (États-Unis)
Dr Cheikh Mouhamadou S. Diop, Université de Ziguinchor (Sénégal)
Dr Tess Do, The University of Melbourne (Australie)
Dr Samira Etouil, Université Moulay Ismaïl (Maroc)
Pr Laté Lawson-Hellu, The University of Western Ontario (Canada)
Dr Charlotte Mackay, Monash University (Australie)
Pr Buata Malela, Université de Limoges (France)
Dr Joëlle Papillon, McMaster University (Canada)
Dr Diane de Saint Léger, The University of Melbourne (Australie)
Dr Vāhi Sylvia Tuheiava-Richaud, Université de la Polynésie française (France)

Partenaires pressentis
Unité de Recherche 4241 EASTCO « Études approfondies des sociétés traditionnelles et contemporaines en Océanie »
INSPÉ de la Polynésie française – Parcours Master « Art, Culture, Patrimoine et Environnement polynésiens »
Service des Relations internationales de l’Université de la Polynésie française
Maison des Sciences de l’Homme du Pacifique
AIELCEF (Association internationale d’étude des littératures et cultures de l’espace francophone – Canada)
Institut Oceania, The University of Melbourne