Essai
Nouvelle parution
Julie Duprat, Casimir Fidèle. 1748-1796. Parcours d’un affranchi

Julie Duprat, Casimir Fidèle. 1748-1796. Parcours d’un affranchi

Publié le par Marc Escola

Il y a des fantômes qui vous collent aux talons. Le mien était appelé “Casimir Fidèle, nègre traiteur” ». Ainsi commence ce livre qui retrace l’itinéraire de ce « Natif d’Arada, Côte de Guinée », selon l’origine que l’administration française lui a attribuée. Réduit en esclavage à l’âge de 6 ans, celui qui est renommé Casimir par le capitaine qui l’achète à bord du navire l’arrachant à sa terre natale connaît une trajectoire rocambolesque. Débarqué à Nantes, revendu à de nouveaux maîtres parisiens bien décidés à ce qu’il devienne cuisinier, il commence alors une formation qui le mène, une fois libre, à la tête d’un hôtel bordelais où se pressent les élites locales. Jusqu’au bout mêlé aux tumultes de l’Histoire, il connaît l’effervescence autour de l’abolition de l’esclavage en 1794, deux années avant sa mort.

Julie Duprat retrace les multiples déracinements vécus par ce survivant, son affranchissement, son mariage, sa paternité, son rapport aux élites mais aussi à ses compagnons d’infortune, « sans le trahir », au plus près de son vécu. Elle nous confie ses doutes, ses hésitations et ses hypothèses, alors que la vie de Casimir Fidèle est parsemée de vides et de trous documentaires.

Conçu comme une réparation, ce récit permet de faire revivre cette figure tombée dans l’oubli.

On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"Tombeau pour un esclave", par Philippe Artières (en ligne le 30 septembre 2025).

Les recherches sur les mondes de l’esclavage sont particulièrement fécondes pour ce qu’elles nous apprennent des multiples aspects du commerce triangulaire, des conditions d’existence des populations déportées, des rapports maîtres-esclaves, du moment de la première abolition en 1794, de notre rapport aussi à cette histoire. Casimir Fidèle, de Julie Duprat, spécialiste des esclaves et affranchis à Bordeaux du XVIIIe siècle à l’Empire, en est une nouvelle illustration.