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Première Journée de formation doctorale du Centre International de Poésie de Marseille (CIPM)

Première Journée de formation doctorale du Centre International de Poésie de Marseille (CIPM)

Publié le par Université de Lausanne

Vendredi 5 septembre 2025 de 09h30 à 17h30

Cette journée est destinée à accueillir des doctorantes et doctorants de France et du monde entier qui travaillent sur la poésie de langue française des XXe et XXIe siècles. Les prises de parole se feront devant d’autres chercheuses et chercheurs, des membres du Cipm, des spécialistes de poésie et des poètes.

Les avantages de la formule sont nombreux : discuter dans un cadre plus libre en ce qu’il n’est pas soumis à évaluation ; rencontrer des chercheuses et chercheurs travaillant sur des sujets voisins afin de nouer des liens intellectuels et amicaux ; découvrir le Cipm.

Au programme :

en présence de Stéphane Baquey (maître de conférences à Aix-Marseille Université), Michaël Batalla (directeur du Cipm), Giulia Camin (traductrice, bibliothécaire du Cipm), Jean-Patrice Courtois (poète, poéticien), Abigail Lang (maîtresse de conférences HDR, membre du Bureau du Cipm), FD Lespiau (auteur, traducteur, administrateur du Cipm), Danielle Mémoire (présidente du Cipm), Lotfi Nia (auteur, traducteur, interprète français et algérien, membre du Bureau du Cipm), Martin Rueff (professeur des universités, membre du Bureau du Cipm).

Alexis Audren

Les postérités du romantisme dans la poésie française contemporaine

La réception du romantisme par les poètes français contemporains se révèle contrastée et éminemment paradoxale. Il y a revendication ou rejet d’un héritage, sur la base de différentes idées associées au romantisme. À la lumière de ce constat, il conviendra de rappeler brièvement dans un premier temps, avant l’étude de sa réception, la complexité et la diversité du romantisme, qui reste encore à ce jour, semble-t-il, méconnue, ou sujette à trop de malentendus pour être bien comprise dans toute son amplitude.

Nous essaierons ensuite d’examiner à partir de la généalogie du mouvement romantique et de ses caractéristiques ce qu’il subsiste de celui-ci dans la poésie française contemporaine depuis l’après-guerre, et examinerons ses tendances générales en autant de phases correspondant à des aspects différents de la réception du romantisme.

Enfin, nous nous pencherons plus largement sur la dernière phase, des années 1980 à aujourd’hui, à partir du développement de deux tendances dominantes et s’opposant résolument, du moins en apparence, à savoir d’une part les tenants du littéralisme, porté notamment par Jean-Marie Gleize, à priori anti-romantiques et d’autre part, des auteurs apparentés à un «nouveau lyrisme » selon l’expression de Jean-Michel Maulpoix, et à priori pro-romantiques.

Les deux approches feront l’objet d’un examen critique nuancé à partir des paradoxes de leur réception du romantisme et seront mises à l’épreuve des évolutions de poétiques singulières de l’extrême contemporain. Nous examinerons analytiquement dans un dernier temps chez deux auteurs, Jean Christophe Bailly et Jean-Marie Gleize, tant dans leur poésie que dans leur poétique, et notamment dans leurs dernières œuvres (Temps réel de Bailly, et Entre Voir Venise de Gleize) la manière dont ils construisent un lyrisme tacite et un romantisme critique.

• Né en 1991 à Rennes, Alexis Audren vit à Paris. Il travaille avec des peintres (Philippe Cognée, Gilles Du Bouchet, Philippe Agostini, Jean-Michel Marchetti) sous la forme de livres d’artistes et de critiques d’art. Publiant poèmes et critiques dans de nombreuses revues (Europe, Un Rectangle quelconque, La Barque dans l’arbre, La Vie Manifeste, Teste, Place de la Sorbonne, La Forge, Animal, Sitaudis) il a fait paraître deux recueils de poésie à ce jour. Trois autres livres sont à paraître en 2026 et 2027, Parmi le paysage aux éditions l’Étoile des Limites, Dans la bouche aux éditions LansKine, et Voyages visions véloces aux éditions La Lettre volée.

Il est rédacteur en chef de la revue franco-belge l’Étrangère, revue associée à la maison d’édition La Lettre Volée. Également chercheur, il enseigne dans le cadre d’un contrat doctoral à la Sorbonne Nouvelle depuis 2024 et travaille sur les postérités du romantisme dans la poésie française contemporaine (Du Bouchet, Roubaud, Gleize, Prigent, Bailly, Demangeot).

Livres :

Sauf le sauvage, éditions Julien Nègre, avec des peintures de Philippe Agostini, 2025

Bigarrures, Bariolages, éditions Æncrages & Co, avec des peintures de Philippe Cognée, 2023

Disséminations, Bruno Guattari Éditeur, 2023 
Livres d’artiste :

Le regard de l’air, avec des gravures de Thierry Le Saëc, éditions La Canopée, 2025

Le devant du dehors, avec une photographie de Brin, éditions Brin et E., 2025

À fleur de peau, avec des peintures de Philippe Cognée, éditions Trames, 2024

Nous dans la marche, avec des encres de Jean Anguera, éditions Mémoires, 2023

Entre le paysage, avec des lavis de Élisabeth Schubert, éditions des cahiers du Museur, 2022

Parmi le paysage, avec des peintures de Philippe Agostini, éditions Æncrages & Co, 2021

Un devenir de forêt, avec des gravures de Jacky Essirard, Atelier de Villemorge, 2020. 

Guillaume Curtit

L’écopoésie française contemporaine face aux enjeux de la catastrophe écologique et des saccages environnementaux : 

anticapitalisme et décroissance verte

Cette communication aura pour principal objectif d’interroger – à travers les œuvres d’Aurélie Foglia, Fabienne Raphoz, James Sacré et Pierre Vinclair – les différents traitements poétiques contemporains de la crise écologique. Cette crise engendre un désir d’écriture, sous-tendu par un besoin urgent de témoigner de la gravité de la situation actuelle et de dénoncer la catastrophe en cours. Les saccages environnementaux sont perçus comme des effets indésirables et inévitables du capitalisme et de l’individualisme qu’il génère. Ainsi, on peut lire en creux de l’écopoésie un appel à une forme raisonnée de décroissance verte. Cela peut conduire enfin à se questionner sur la pertinence d’envisager, d’après Jean-Claude Pinson, l’existence d’un « poétariat » qui fédèrerait autour de l’idée d’un « communisme du vivant » (Paul Guillibert) un ensemble de poètes engagés dans une lutte contre l’acte écocidaire.

• Guillaume Curtit est doctorant contractuel en Littérature française à l’Université de Strasbourg, sous la direction de Michèle Finck. Son sujet de thèse porte sur l’écopoésie française contemporaine dans les œuvres d’Aurélie Foglia, Fabienne Raphoz, James Sacré et Pierre Vinclair. Il s’intéresse plus largement à la création poétique de nos jours et a fait paraître dernièrement un long article sur l’oeuvre d’Éric Sautou dans Poesibao. Par ailleurs, il est l’auteur de deux recueils, L’aire de rien (Unicité, 2020) et Songe à la douce heure (La Crypte, 2022). En 2026, paraîtront La drôle de joie aux éditions Faï Fioc, ainsi que S’arracher la gueule aux éditions de La Crypte. Début 2025, dans le prolongement de la scène ouverte Haut Parleurs ! à Strasbourg, il a co-crée une microstructure éditoriale dédiée à la poésie contemporaine.

Nathan Gilquin

Les poésies contemporaines de la vie quotidienne : histoire, formes, enjeux

Alors que la poésie semble être devenue un terrain privilégié pour écrire la vie de tous les jours, les études critiques et théoriques qui s’intéressent aux littératures du quotidien lui accordent généralement peu de place. Cela s’explique en partie du fait des critères définitoires de ces littératures, conçus à partir de récits, mais aussi par la persistance d’une compréhension de la poésie récente comme un mouvement d’abstraction et d’impersonnalisation. À partir d’une présentation des poésies contemporaines de la vie quotidienne en France (Bernard Chambaz, Valérie Rouzeau, Milène Tounier…), de leur histoire et de leurs enjeux, cette communication cherchera à réévaluer le statut des pratiques contemporaines au sein des écritures du quotidien et à prendre la mesure de leurs apports.

• Ancien élève de l’École normale supérieure de Lyon et agrégé de Lettres modernes, Nathan Gilquin est doctorant en littérature française à l’Université Lumière Lyon 2 (laboratoire Passages Arts et Littératures (XXe-XXIe)). Sa thèse, encadrée par Laure Michel, propose de cartographier les différents paradigmes qui, du début du XXe siècle à aujourd’hui, revendiquent une articulation de la poésie et de la vie. De l’idée avant-gardiste selon laquelle la poésie se trouve moins dans les textes que dans la vie aux poésies contemporaines de la vie ordinaire, en passant par les usages de la poésie dans la conduite de la vie, il s’agit de comprendre la notion de vie comme une catégorie essentielle de l’histoire et de la théorie de la poésie moderne et contemporaine. 

Anna Levy

La performance littéraire au risque de l’archive :

comment écrire l’histoire de ce qui s’écrie mais ne s’écrit pas ?

Cette communication souhaiterait s’intéresser à la question des archives dans la performance littéraire à la fois d’un point de vue pratique, épistémologique et esthétique. Il s’agira de réfléchir aux différentes formes que peuvent prendre les archives de performances (textuelles, visuelles, audiovisuelles, sonores, entretiens), le statut que l’on peut leur accorder (œuvre ou trace, c’est aussi la question que pose Anne Bénichou de l’esthétisation du document*) et d’envisager les différents lieux qui peuvent permettre un accès à ces archives (dont fait partie le Cipm) ainsi que les publics auxquels elles s’adressent. Mais toutes les performances ne bénéficient pas de la même couverture archivistique et c’est ici qu’entre en jeu la question du genre qui se pose aussi du point de vue de l’archive.

• Anna Levy est doctorante en littérature française. Agrégée de lettres modernes, elle écrit une thèse sous la direction de Magali Nachtergael intitulée Performeuses de la littérature. Femmes et féminismes dans la performance littéraire des années 1970 à nos jours et s’intéresse aux formes de littérature performées qui ont ouvert un espace de revendication pour les artistes femmes et autrices.

*Anne Bénichou (dir.),

Ouvrir le document – Enjeux et pratiques de la documentation dans les arts visuels contemporains,

Les Presses du réel, 2011.

Viviana Macaluso

La transformation de la matière et le chantier dans l’écriture.

Le travail poétique dans l’œuvre de Nella Nobili (1926–1985) et Thierry Metz (1956–1997)

L’objectif de cette communication est d’examiner le lien entre le travail ouvrier et la poésie dans l’œuvre poétique de Nella Nobili et Thierry Metz. Comme l’illustrent leurs poèmes, l’écriture du travail est une écriture sur le travail poétique – une réflexion métapoétique. Celle-là est le fruit d’analogies et de métaphores, mais aussi de l’utilisation du corps, des outils et des machines du travail dans l’acte scriptural. La « transformation de la matière » que Nella Nobili décrit, peut être interprétée comme un double processus poétique qui se déroule à travers le travail d’usine. Ainsi, Nelli adopte une métaphore basée sur la langue du travail pour concevoir sa poésie. La comparaison avec Thierry Metz révèle une utilisation similaire de l’écriture sur le travail, ici celui du manœuvre au chantier de construction qui devient une métaphore de la poésie. En conclusion, l’intervention se propose de montrer que la poésie ouvrière peut être comprise comme une poétique de la création.

• Viviana Macaluso est assistante scientifique à l’institut des langues romanes de la Freie Universität Berlin. Auparavant, elle a obtenu un master en histoire de l’art et un master en littératures et cultures romanes à l’université de Francfort-sur-le-Main. Depuis 2024, elle rédige une thèse de doctorat sur la poésie ouvrière de langue française et italienne du XXe et XXIe siècle. Ses recherches sont publiées dans la revue Zibaldone (« Der Reichtum der Formen. Stefano Massinis Qualcosa sui Lehman », 2023) et dans les ouvrages collectifs La mobilité à l’ère de l’Anthropocène (« je voyage au-delà des rails. Verse, Schienen und Entgleisungen in Mattia Filices Mécano », à paraître en 2026) et L’habitat en crise en France et en Allemagne aux XXe et XXIe siècles (« Tout dire aux maisons. L’habitat du poète-manœuvre Thierry Metz », à paraître en 2026). En tant qu’auteure, elle a publié dans diverses anthologies des jeunes auteurs allemands.

Caroline Payen

Observer le vivant jour après jour. Les carnets de poètes et les sciences naturelles 

Cette communication propose de considérer certains aspects des carnets de marche des poètes de la seconde moitié du XXe et du XXIe siècle comme des lieux de rencontre avec l'écriture scientifique naturaliste. Ces notations qui documentent les interactions quotidiennes des poètes avec le vivant confrontent, empruntent et combinent certaines conventions, méthodes et expressions des notes de terrain des scientifiques que nous nous proposons d'éclairer : le catalogue et la liste, la note météorologique, la recherche des couleurs, ou encore la rhétorique du « jamais vu », « jamais entendu ». 

• Caroline Payen est doctorante et chargée d'enseignement en littérature à Sorbonne Université et Lyon 2 Lumière. Sous la codirection d'Olivier Belin et de Laure Michel, ses travaux portent sur l'écopoétique et les carnets des poètes de la seconde moitié du XXe siècle jusqu'à aujourd'hui. Elle est membre du comité d'organisation du colloque international sur le poète Philippe Jaccottet qui se tiendra à Rome les 23 et 24 octobre prochains et co-organise les Doctorales de l'association Poemata qui auront lieu à Paris le 10 janvier 2026. Elle s'intéresse également à la traduction et a co-dirigé un numéro de la revue Acta Fabula sur les écrivains traducteurs en 2025.