
Sophie-Valentine Borloz, «L’odorat a ses monstres». Olfaction et perversion dans l’imaginaire fin-de-siècle (1880-1905)
Sens de l’animal, du primitif, de l’irraisonné, l’odorat a de longue date été associé avec l’instinct et la pulsion. Le XIXe siècle en fera l’attribut par excellence de la perversion.
Fétichistes, prostituées, homosexuels ou onanistes: tous ceux que l’époque considère comme déviants se voient attribuer un rapport anormal aux odeurs. Un nez trop fin, une addiction aux parfums ou encore une sensibilité érotique aux senteurs ne sont que quelques-uns des signes auxquels se reconnaîtrait le désordre sexuel. La figure du «pervers olfactif» s’impose alors dans l’imaginaire collectif comme celle d’un individu dangereux et forcément suspect puisqu’il se laisse mener, littéralement, par le bout du nez.
Ce livre s’attache à montrer de quelle façon cette nouvelle catégorie nosologique est le produit de représentations tant médicales que littéraires. Par leurs échanges et leurs inspirations réciproques, scientifiques et écrivains popularisent l’idée que, comme l’écrit Zola, «l’odorat a ses monstres». Et qu’ils sont partout.
Issu d'une thèse soutenue à l'Université de Lausanne sous la direction de Marta Caraion et financée par le Fonds National Suisse pour la recherche scientifique, ce livre est également proposé au téléchargement en open access sur le site de l'éditeur…