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Les données du dessin. Transfert, transposition, transcription (Saint-Étienne)

Les données du dessin. Transfert, transposition, transcription (Saint-Étienne)

Publié le par Marc Escola (Source : Anne Favier)

Les données du dessin. Transfert, transposition, transcription

Colloque international co-organisé par le laboratoire ECLLA de l’Université Jean Monnet (Saint-Étienne) et l’ENSASE,

en partenariat avec la HEAD – Haute école d’art et de design de Genève et l’Assaut de la Menuiserie (Saint-Étienne).

Les 21 & 22 avril 2026, à l'École Nationale d’Architecture de Saint-Étienne 

Les propositions seront étudiées par un comité scientifique constitué d’expert·e·s académiques et non académiques, de chercheur·e·s, d’artistes et de directeur·rice·s d’institution.

À l'heure des embouteillages dans les infrastructures de l'image, que peut-on encore penser de la pratique contemporaine de cet invariant anthropologique qu'est le dessin ?
Dans le cadre d’un colloque associé à une exposition, il s’agira d’abord de considérer le dessin comme un processus néoténique[1], au sens simondonien du terme : un stade ou une partition intermédiaire, qui autorise la reprise, la reconfiguration, le déplacement, la réécriture — afin d’étudier les mécanismes à l’œuvre dans les protocoles de remédiations critiques.

Dans cette perspective, le dessin opère comme matrice et processus de reformulations visuelles, proposant d’autres régimes perceptifs ou temporels, à la croisée de la reproduction, de la retranscription, du codage, de la notation — entre (in)visible et (il)lisible. Il peut aussi s’apparenter à une forme d’écriture secondaire, en continuité avec la notion de scription telle que pensée par Sally Bonn.
Questionnant l’économie iconique, dans un en-deçà ou un au-delà de l’image, le dessin devient appareil plastique de transfert de « données », mise en œuvre transductive, lieu d’intermédiation et de remédiation. Loin d’être une simple technique, le geste du·de la dessinateur·ice apparaît comme un opérateur critique : il interroge l’économie même de l’image, ses régimes de visibilité, ses circulations, sa variabilité, ses reconductions et transmutations.

Ce colloque propose ainsi d’interroger le dessin non plus comme l’objet d’une représentation ou d’une image figée d’un sujet ou d’un projet, mais comme trajet, système ouvert de réécriture, voire comme machine de traduction. À travers les notions de transfert, de transposition et de transcription, il s’agit de mettre en lumière les mécanismes de déplacement et les protocoles de reprise dans les pratiques contemporaines du dessin — qu’il s’agisse de réactivations multiples par transferts de sources iconographiques elles-mêmes dessinées (Didier Rittener et son archive graphique Libre de droits, les transferts rehaussés de Jean-Luc Verna…), de reprises de banques de données iconographiques (les combinaisons d’images dans les dessins au fusain d’Alain Huck, les palimpsestes de Ciprian Muresan, la polygraphie dans l’œuvre de Jérôme Zonder, les archives critiques des Sœurs Chevalme, Vik Muniz et sa série Best of Life, les Dessins d’après de Pierre Buraglio…), de parcours visuels transposés en dessin (comme les oculométries ou eye drawings de Michel Paysant ou, plus récemment, de Julien Prévieux), de transcriptions gestuelles ou sonores sur le mode de la partition (Violaine Lochu, Rémy Jacquier…), ou encore de réécritures, voire de translittérations de matériaux textuels (Nicolas Aiello, Sharka Hyland, Leïla Brett, Marianne Mispelaëre…).

Le dessin est ici pensé comme processus de passage : d’un état à un autre, d’un support à un autre, d’une forme à une autre, d’une écriture à une autre, etc.
Les artistes activent ainsi des protocoles graphiques à partir de sources hétérogènes, des « bases de données » matérielles ou immatérielles,  qu’il s’agit de faire travailler et de reprendre en main par le geste scripteur : images d’archives, iconographie médiatique, données scientifiques, relevés textuels ou sonores, spatiaux, architecturaux...
À travers ses multiples acceptions, comment le dessin contemporain met-il en œuvre et donne-t-il à voir des mécanismes de transposition et de transduction, cette dernière désignant moins une transmission qu’un changement d’état ou de milieu.

Sans s’y limiter le colloque est susceptible d’explorer les problématiques suivantes :

les protocoles de transcription et transposition (du texte, du son, du geste, de l’image) ;
les processus de reprise, réécriture, transfert,  transduction graphiques ;
les formes performatives du dessin comme actions de re-présentation ;
les relations entre dessin et bases de données (matérielles ou immatérielles) ;
la puissance critique du dessin face aux systèmes normatifs de représentation ;
La remédiation graphique du traitement algorithmique de l’information (notamment via les IA génératives).

Modalités de soumission :

Cet appel à contribution est ouvert aux chercheur.e.s (doctorant.e.s et docteur.e.s), aux enseignant.e.s-chercheur.e.s, aux critiques d’art et aux professionnel.le.s du champ de l’art contemporain. Les propositions de communication en lien avec les axes du colloque seront constituées d’un titre, d’un résumé (entre 3000 et 6000 signes), du statut de l’auteur.e et de son organisme de rattachement, ainsi que d’une brève bibliographie. 

Les propositions devront nous parvenir avant le 20 octobre 2025 sous la forme d’un fichier PDF attaché à un courrier électronique et seront envoyées aux adresses mail :

anne.favier@univ-st-etienne.fr

remy.jacquier@st-etienne.archi.fr

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Modalités de présentation :

La durée de chaque communication orale est de 25 environ minutes. 

Calendrier prévisionnel :

Lancement de l’appel à contributions : juillet 2025
La date limite d’envoi des résumés : 20 octobre 2025
Soumission au comité scientifique : à partir du 20 octobre
Avis aux auteur.e.s des propositions : début novembre 2025
 

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[1] «  Parler, comme le fait Simondon, d'un état néoténique de l'image, c'est donc indiquer par analogie qu'il y a quelque chose qui, de même, tend ou tiraille l'image entre plusieurs états. L'image néoténique serait pour ainsi dire une image écartelée entre un état adulte et un état larvaire. Sa tension serait l'état d'une ténie. ». Peter SZENDY. Pour une écologie des images. Éditions de Minuit. 2021. p 39-40.