
Les éditions Zones (La Découverte) donnent la traduction d'un classique de la critique féministe publié en 1983 aux États-Unis : l'essai de Joanna Russ (1937-2011) Comment torpiller l'écriture des femmes qui dresse un panorama précis des "techniques d'empêchement, d'effacement et de dénigrement qui s'abattent depuis des siècles sur les femmes qui osent prendre la plume". Ce déni d'écriture mobilise en effet tout un arsenal de procédés informels, plus subtils qu'une censure frontale. Cela commence par le travail domestique et la privation de temps qu'il implique. Cela se prolonge par le découragement actif des vocations, les soupçons récurrents d'imposture, le mépris des œuvres et des sujets et, in fine, la relégation des rares écrivaines ayant acquis une certaine notoriété au statut d'anomalie. Tout en attaquant la tradition misogyne, elle trace aussi en pointillé une autre traversée de la littérature anglo-saxonne, sur les pas de Jane Austen, Mary Shelley, Emily Brontë, George Eliot, Emily Dickinson, Virginia Woolf, Adrienne Rich ou Ursula Le Guin. Fabula vous invite à en lire quelques pages…
(Illustr. : Young Girl Writing a Love Letter, c. 1755, Pietro Antonio Rotari (Italian, 1707-1762), Norton Simon Art Foundation)