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Appel à contributions au numéro 34 de la Revue de la Bnu : Le jeu / les jeux

Appel à contributions au numéro 34 de la Revue de la Bnu : Le jeu / les jeux

Publié le par Léo Mesguich (Source : Valentin Koch)

Argumentaire
Le jeu occupe une place majeure dans les sociétés humaines à travers le monde, ainsi que chez certains animaux. Parfois réduit à une simple fonction de divertissement, le jeu ouvre pourtant des espaces symboliques complexes où peuvent entrer en scène des phénomènes sociaux d’échange, de compétition, de collaboration, et ce à des fins pédagogiques, thérapeutiques ou créatives. Le jeu est ainsi le lieu de l’apprentissage de règles, autant que de leur infraction. Il peut être un puissant vecteur de la reproduction d’un espace social normé (on peut penser au Monopoly ou à la dînette), autant qu’un outil pour repenser celui-ci comme une utopie. Le jeu est aussi un espace de l’imaginaire où il est permis à chacun d’incarner un sujet autre que soi, appelant à décentrer le regard autant qu’à quitter un moment les contraintes matérielles de sa propre existence. Jeu de société, jeu de mots, jeu d’argent, jeu de stratégie, jeu d’adresse ou jeu vidéo : les formes, les fonctions et les contextes du jeu sont multiples et polymorphes, et révèlent des dynamiques sociales et politiques tout aussi complexes.

Par ailleurs, le concept de « ludification » se répand aujourd’hui de plus en plus, et touche des domaines a priori étrangers à l’univers du jeu comme la pédagogie, l’environnement professionnel ou les relations au sein de l’entreprise : qui n’a pas entendu parler de « serious games » ? Quant à son pendant anglais de « gamification », on sait qu’il consiste pareillement à appliquer les codes et mécanismes des jeux vidéo à des secteurs auxquels ils n’étaient pas destinés au départ – rappelons d’ailleurs la place prépondérante prise par le jeu et au premier chef le jeu vidéo dans l’industrie culturelle mondiale. On pourrait citer aussi les « escape games » comme un (des) symptôme(s) d’un escapisme ludique général du monde contemporain.

Tout cela rend-il la société plus joueuse ? Rien n’est moins sûr, mais on ne peut nier la place que le jeu a acquise dans l’expression des rapports sociaux, et ce bien au-delà du monde des enfants, dans lequel il a longtemps été cantonné.

D’un autre côté, l’existence d’institutions muséales consacrées au phénomène nous rappelle une longue histoire, et une histoire aux ramifications complexes qui touchent aussi bien au divertissement adulte qu’à la culture au sens large, voire à la politique : citons ici par exemple le Musée français de la carte à jouer d’Issy-les-Moulineaux (https://www.museecarteajouer.com/) ou encore le Musée suisse du jeu (https://museedujeu.ch/) ; citons encore l’exposition Tarocchi. Le origini, le carte, la fortuna prévue à l'Accademia Carra de Bergame de février à juin 2026 (https://www.lacarrara.it/mostra/tarocchi-2026/), puis à la Morgan Library and Museum de juin à octobre 2026 sous le titre Tarot! Renaissance symbols, modern visions (https://www.themorgan.org/exhibitions/tarot). Enfin, comment ne pas penser au destin des cartes à jouer qui servirent, en France, à cataloguer les ouvrages issus des confiscations révolutionnaires ; aux images d’Epinal et à leur rôle dans l’édification d’une unité nationale dans la France du 19e siècle ; ou encore aux jeux intellectuels des moines qui inspirèrent à Hermann Hesse son Glasperlenspiel (Le jeu des perles de verre) ? Le jeu permet au fond de parler de beaucoup de choses, même pour les bibliothèques (qui d’ailleurs, dans leurs stratégies d’accueil de nouveaux publics, l’utilisent largement), et même pour l’université, si l’on en croit le programme du Groupe de recherche sur le jeu de l’Université de Strasbourg qui s’intitule « Cultures et mondes ludiques » (https://jeu.unistra.fr/) ; c’est pourquoi La Revue de la BNU a choisi de consacrer son dossier du printemps 2026 à ce thème.

Les problématiques abordées pourront être les suivantes (liste non exhaustive) :

·         les bibliothèques, les musées et les collections de jeux : quels ancrages dans la société contemporaine ?

·         les bibliothèques, les musées et les collections de jeux : ce qui peut être conservé en bibliothèque et ce qui ne peut pas l’être ; il faut une base matérielle ou logicielle à conserver, et de nombreux jeux n’en ont pas a priori. La question se pose donc de la représentativité des collections conservées. Et de leur usage : prête-t-on les jeux aux utilisateurs ou pas ?

·         la ludification des univers professionnels : est-ce un bienfait ? Est-ce un risque ? Nos sociétés s’infantilisent-elles ? A qui profite le jeu ?

·         jeu et pédagogie

·         des livres au(x) jeu(x) : le jeu dans les livres, les livres ludiques, « les livres dont vous êtes le héros ».

·         les jeux et le papier / les jeux en papier

·         l’usage ludique du savoir, de l’Antiquité à nos jours. Le jeu comme moteur d’écriture.

·         le jeu vidéo est-il un jeu comme les autres ? Les jeux vidéo doivent-ils faire peur (cf. leur énorme empreinte écologique) ? Faut-il combattre certains jeux ?

·         le jeu et sa dimension politique et/ou l’utilisation satirique du thème du jeu (cf. l’exemple de Squid Game).

Bibliographie sélective
Julian Alvarez, Damien Djaouti, Olivier Rampnoux, Apprendre avec les serious games, Futuroscope, Canopé Éditions, 2016

Pierre-Jean Benghozi, Philippe Chantepie, Jeux vidéo : l’industrie culturelle du XXIe siècle ?,
Paris, Sciences Po ; Ministère de la Culture, Secrétariat général, Département des études, de la prospective et des statistiques (DEPS), 2017

Roger Caillois, Les jeux et les hommes. Le masque et le vertige, Paris, Gallimard, 1958

Anne-Marie Cariou-Rognant, Anne-Françoise Chaperon, Nicolas Duchesne, L’affirmation de soi par le jeu de rôle : en thérapie comportementale et cognitive, Malakoff, Dunod, 2019

Jean-Philippe Dubrulle, Enora Lanoë-Danel, Gaming : sociologie du jeu vidéo, 
[La Tour-d’Aigues] : Éditions de l’Aube ; [Paris], Fondation Jean-Jaurès, 2024

Johan Huizinga, Homo Ludens. Essai sur la fonction sociale du jeu, Paris, Gallimard, 1951 [1938]

Introduction aux théories des jeux vidéo / Sébastien Genvo et Thibault Philippette (éd.), Liège, Presses universitaires de Liège, 2023

Jeux, sports et loisirs en France du XVIe au XXe siècle / sous la direction d’Élisabeth Belmas et Laurent Turcot, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2024

Jeux de savoir : études de l’action conjointe en didactique / sous la direction de Brigitte Gruson, Dominique Forest et Monique Loquet, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2012

Jouer en bibliothèque / sous la direction de Julien Devriendt, Villeurbanne, Presses de l’ENSSIB, 2015

Jean-Alain Jutteau, L’âge du jeu : pour une approche ludique des mutations numériques, Paris, Sciences Po, 2017

Locus Ludi : quoi de neuf sur la culture ludique antique ? / textes réunis et présentés par Véronique Dasen et Thomas Daniaux, Toulouse, Presses universitaires du Midi, 2022

Ludique : jouer dans l’Antiquité [catalogue de l'exposition « Ludique ! Jouer dans l’Antiquité » présentée du 20 juin au 1er décembre 2019 à Lugdunum-musée et théâtres romains] / [Direction de publication et commissariat scientifique Véronique Dasen], Gand, Snoeck ; Lyon, Lugdunum-musée et théâtres romains, 2019

Éric Sanchez, Enseigner et former avec le jeu : développer l’autonomie, la confiance et la créativité avec des pratiques pédagogiques innovantes, Paris, ESF Sciences humaines, 2023

Jacques Sesiano, Les carrés magiques dans les pays islamiques, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2004

Michael Stora, Et si les écrans nous soignaient ? : psychanalyse des jeux vidéo et autres plaisirs numériques, Toulouse, Éditions Érès, 2018

Audrey Valin, Les jeux de hasard et d'argent : étude sociologique autour de pratiques ludiques : Française des Jeux, casinos, Pari Mutuel Urbain, Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2016

https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/paris-games-week-jeux-video-industrie-succes-game-boy-playstation-nintendo

La Revue de la Bnu
La Revue de la Bnu a été créée en 2010 et paraît deux fois par an, en langue française, au printemps et à l’automne. Sa direction scientifique revient à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg (Bnu), laquelle a institué pour ce faire un comité scientifique, composé de personnalités du monde de l’université et de la culture. Le président en est Simon Dumas-Primbault (Aix-Marseille université – Open Edition). Elle possède également un comité de rédaction, interne à la Bnu. Le rédacteur en chef est Christophe Didier, conservateur général des bibliothèques, délégué à l’action scientifique et aux relations internationales à la Bnu.

Revue émanant d’une bibliothèque, elle a naturellement l’ambition de mettre en valeur l’exceptionnel patrimoine de l’établissement, deuxième bibliothèque de France par l’importance et la diversité de ses collections, et largement marquée, de par son histoire franco-allemande, par une dimension européenne. Mais au-delà, elle veut être un point de rencontre scientifique et culturel sur des sujets qui excèdent largement le seul monde du livre. Elle s’intéresse certes aux collections pour elles-mêmes, mais surtout en ce que celles-ci permettent d’aborder des thématiques plus larges ; il s’agit là, en somme, de faire parler autrement les bibliothèques. En faisant dialoguer ceux qui font la culture d’aujourd’hui – artistes, écrivains, responsables d’institutions culturelles ou chercheurs – et posent ainsi les bases du patrimoine de demain, La Revue de la Bnu se distingue des publications traditionnelles des bibliothèques.

Quoiqu’une certaine souplesse dans l’organisation interne des numéros soit assumée, La Revue s’articule généralement autour d’un dossier central, suscité soit par un fonds de la bibliothèque, soit par une thématique en cours d’étude pouvant intéresser les partenaires potentiels énumérés plus haut. À l’image des collections de la Bnu, tous les domaines des sciences humaines et sociales (ainsi que ceux relevant de l’histoire des sciences) sont potentiellement amenés à faire l’objet d’un dossier. À côté du dossier, des rubriques régulières (dont la publication systématique de textes inédits, anciens comme contemporains) cherchent à rappeler à la fois la variété typologique des documents conservés par les bibliothèques et la diversité des matériaux qu’elles peuvent offrir aussi bien à la recherche qu’à la curiosité.

Plus d’informations sur La Revue de la Bnu, ainsi que les numéros en ligne, sur https://journals.openedition.org/rbnu/

Modalités de soumission
Les propositions d’articles destinées au n° 34 de La Revue de la Bnu seront envoyées au format Word à Christophe Didier : Christophe.Didier[at]bnu.fr, avant le 31 octobre 2025.

Plus précisément, l’envoi comprendra :

  • un résumé de 2 000 signes indiquant la teneur de l’article et son plan prévisionnel
  • un court curriculum vitae de l’auteur, accompagné d’une liste des principales publication

Politique d'évaluation
Les propositions seront examinées par le comité scientifique de la revue, et les réponses (acceptation ou refus) communiquées aux auteurs au plus tard à la fin novembre 2025. Les articles définitifs, d’une longueur de 20 000 signes, espaces compris (tolérance de + ou - 10%), accompagnés de leurs illustrations (5 à 6, de 300 dpi minimum), seront alors à remettre pour le 30 juin 2026.

Délai moyen entre soumission et publication : 52 semaines.

Membres du comité scientifique international et interdisciplinaire
Christine Bénévent (École nationale des chartes)
Alain Colas (Bnu)
Julien Collonges (Evangelische Hochschule Freiburg)
Nicolas Di Meo (Service des bibliothèques ; Université de Strasbourg)
Christophe Didier (Bnu)
Simon Dumas-Primbault (Aix-Marseille université – Open Edition ; président du comité)
Fanny Kieffer (Université de Strasbourg)
François Petrazoller (Archives d’Alsace)
Florence Salanouve (ENSSIB)
Rupert Schaab (Württembergische Landesbibliothek)
Gennaro Toscano (BnF)
Patrick Werly (Université de Strasbourg)
Enrica Zanin (Université de Strasbourg)