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Le feu, matière de l’écriture (Montréal)

Le feu, matière de l’écriture (Montréal)

Publié le par Eloïse Bidegorry (Source : Liliane Ehrhart)

Journée d’étude du CRILCQ

Le feu, matière de l’écriture

UQAM, Département d’études littéraires et CRILCQ (Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture au Québec)

Vendredi 26 septembre 2025 

 

« Et si le feu, c’était l’écriture ? » s’interroge Martine Delvaux dans Pompières et pyromanes

Récemment, de nombreux textes et ouvrages francophones issus de la littérature québécoise et plus largement des littératures d’expression française d’Amérique du Nord ont convoqué le feu pour appréhender les crises climatiques et sociopolitiques passées, actuelles, et à venir. De Oscar De Profundis (2016) de Catherine Mavrikakis à Avant de brûler (2024) de Virginie DeChamplain en passant par le recueil de poèmes Noir de suie (2023) de Monique Deland, le feu est synonyme de fin du monde. À la fois destructeur, créateur, transfigurateur, maîtrisé ou rebelle, le feu est ambivalent et polysémique, il représente autant une force qu’un danger, et inspire un certain nombre d’autrices et auteurs de romans, nouvelles, essais, poèmes, pamphlets contemporains. Subit ou contrôlé, le feu semble catalyser ou accompagner l’expression d’une inquiétude, de la folie, et inciter une prise de parole. 

En 2023, Dalie Giroux publie l’essai et pamphlet Une civilisation de feu pour penser les circonstances qui ont mené à la fragilisation du monde qui est due, en grande partie, à un usage quotidien du pétrole dans les pays développés. Après l’âge sans feu et l’âge du feu, la civilisation connaît un âge de la destruction et de la combustion ; les pays industrialisés sont désormais « en train de se faire sauter ». Confrontés à des incendies dont la portée est sans précédent, les êtres humains sont amenés à concevoir l’urgence climatique, la destruction du vivant, et la crise politique différemment. Dans Pompières et pyromanes : Lettre en état d’urgence (2022), Martine Delvaux remarque d’ailleurs que « les grands feux sont des catastrophes qui nous forcent à penser autrement, hors de la pensée binaire ». Elle observe le feu sous différentes coutures, littérales et métaphoriques. Elle tisse des liens avec d’autres textes et mots, les poèmes de Marjolaine Beauchamp par exemple, et allègue différentes figures de « jeunes filles en feu » à travers le monde. Le 4 juin 1972, l’une de ces « jeunes filles en feu », la poétesse Huguette Gaulin, s’immolait par le feu, à vingt-sept ans, sur la place Jacques-Cartier à Montréal en criant : « Vous avez détruit la beauté du monde ! » Ce cri, entre lamentation et avertissement, traduit son impossibilité d’être au monde, d’appartenir à une société qui ne se soucie pas de l’écologie. 

Le feu travaille les gens et le cours des vies, accompagne, renouvelle, détruit. Même dans Indice des feux (2021) d’Antoine Desjardins, un livre que son auteur décrit « sans feu », le titre du recueil de nouvelles et l’illustration de la couverture par Stéphane Poirier orientent la lecture vers l’incendie et le réchauffement climatique. Signe invisible, mais bien présent, le feu tisse ici encore des liens entre crises environnementales et crises intimes. Il imprègne d’ailleurs de nombreuses œuvres qui n’ont pas de visée écologique. « La question qui revient éternellement est celle-ci : où va le feu ? » constate Michael Delisle dans le récit Le feu de mon père (2014), où le feu désigne à la fois une menace paternelle et le pouvoir du langage. On peut citer la pièce de théâtre Incendies (2003) de Wajdi Mouawad qui met en scène un frère et une sœur devant faire face à des révélations explosives qui vont à jamais changer le cours de leur vie, ou encore la pièce de théâtre Marguerite : Le feu (2022) d’Émilie Monnet qui convoque le feu pour évoquer la lutte de Marguerite Duplessis pour faire reconnaître son droit à la liberté.

Cette journée d’étude propose d’analyser la manière dont le feu incite à envisager le monde contemporain et les crises dans la littérature québécoise et les littératures d’expression française d’Amérique du Nord. Plusieurs pistes de réflexion peuvent être envisagées :

-              Pyroterrorisme (le geste pathologique ou de protestation de provoquer un feu)

-              Les figures liées au feu (pompier·e, pyromane, guetteur·euse d’incendie, etc.)

-              Feux de forêt et mégafeux, crise climatique, réchauffement climatique, sécheresse

-              Pétroculture, énergies fossiles et autres matériaux de combustion

-              Le feu et l’apocalypse

-              L’immolation par le feu

-              Étincelle et embrasement

-              Correspondances entre le feu et la littérature, entre les caractéristiques et dynamiques du feu et celles du langage

-              Le feu comme signifiant pour décrire la révolution, les soulèvements et les perturbations sociales

-              Le feu comme élément pour approcher le vivant, la terre, les habitats

-              Le feu comme matière transformative, alchimique

-              Le feu comme concept pour élaborer une éthique du monde

-              Cycle, renouvellement, équilibre et déséquilibre

-              Fumée, cendre, braise, particules, toxicité de l’air

-              L’asphyxie

Toute communication entrant en résonance avec la thématique sera la bienvenue.

 

La journée d’étude aura lieu le vendredi 26 septembre 2025 à l’UQAM.

Les propositions de communication, rédigées en français, doivent comporter : le titre de la communication, un résumé de 300 mots environ et une courte notice biographique. Elles sont à envoyer en version électronique avant le 25 juin aux trois adresses suivantes :

ehrhart.liliane@courrier.uqam.ca

godin-ouimet.louis-daniel@uqam.ca

seguin-mathieu.penelope@courrier.uqam.ca

Pour toute question, vous pouvez contacter Liliane Ehrhart (ehrhart.liliane@courrier.uqam.ca).