
Appel à contributions scientifiques et artistiques
Europhonie(s) n°2
Dieu(x) – Mystère(s) – Fatalité(s)
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Date limite de soumission des propositions : 30 juillet 2025
Notification d’acceptation des propositions : 1ère quinzaine août 2025
Date de retour des articles : 15 novembre 2025
Date de publication : juin 2026
Langues de rédaction : toutes langues européennes (anglais inclus)
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La raison mystique – en attente – est la raison qui ne sait pas encore, qui choisit de ne pas savoir encore : elle diffère le savoir en un temps à venir, pour l’attendre pleinement présent à sa chair et à son esprit, c’est-à-dire engendré en elle.1
La revue Europhonie(s), créée en 2023, a pour vocation de promouvoir les contributions hybrides mêlant interdisciplinarité et recherche-création. Elle accueille des articles scientifiques « traditionnels » et des créations originales assorties d’un appareil critique et/ou autoréflexif. C’est une heureuse raison mystique, au sens que lui confère Henri Laux, qui invite le second numéro d’Europhonie(s) à penser dans toute leur complexité sémantique les trois thématiques choisies pour l’année 2026. En effet, des dieux aux fatalités, en passant par les mystères, c’est bien une certaine idée mystique qui animera les contributions attendues pour ce volume.
Les propositions de contribution artistiques et/ou scientifiques devront s’inscrire dans l’un des trois thèmes développés ci-dessous.
Dieu(x)
Les contributions proposées dans cette section exploreront la richesse polysémique du mot-concept en tant que moteur d’imaginaires cosmogoniques et mythologiques. Elles pourront également questionner la nature du mot d’un point de vue linguistique. Au-delà de l’iconographie traditionnelle, il s’agira d’explorer la spiritualité et le sacré comme sources des représentations de la transcendance et de l’expérience mystique. Comment appréhender l’angoisse existentielle de l’être sans dieu ou la perte de la foi ? Peut-on penser Dieu ou l’idée même du divin en dehors du cadre religieux, explorer la tension entre foi et loi, ou envisager le texte religieux comme objet littéraire à part entière ? Il pourra par ailleurs s’agir de questionner la tension entre croyances païennes et croyances monothéistes, renvoyant à la confrontation entre sacré et profane. Les approches pourront également puiser dans les études médiévales afin de réfléchir à la dualité de l’expérience divine selon deux axes : l’horizontalité des rapports humains et la verticalité transcendante. En outre, il va de soi que la question de la foi comme moteur artistique et littéraire revendiqué pourra être abordée.
Mystère(s)
Cette section invite à explorer les territoires du doute, de l’inexpliqué, du dissimulé ou du secret réservé aux initiés. Les images subliminales, les anamorphoses et autres apparitions venant troubler notre perception de la réalité sont autant de motifs qui viennent nourrir un esthétisme de la fascination face à l’étrange. Les contributions pourront se déployer à travers une pluralité de genres littéraires allant du fantastique au paranormal, en passant par les littératures de l’occulte et de l’ésotérisme. Elles pourront également puiser dans les arts visuels tels que le cinéma ou la photographie. Comment la notion de mystère se traduit-elle en texte, en image, en son ? Comment les pratiques occultes et les sciences cachées influencent-elles la création (pensons par exemple à l’ordre du Temple de la Rose-Croix) ? Le mystère, comme espace narratif, se décline ainsi en une infinité de possibles qui défient le rationnel et sollicitent l’imaginaire. C’est donc également la réception de l’élément mystérieux, si cher aux romans noirs (on parle de romans à mystère), qui pourra être réfléchie.
Fatalité(s)
Il s’agira dans cette section d’exploiter et de détourner toute la complexité sémantique du terme, de « destin » à « aléa », de la traditionnelle catharsis à la question métaphysique du libre-arbitre. Les contributions pourront examiner ce thème au regard du théâtre et du tragique, convoquant des références fondatrices telles que Sisyphe ou Antigone. Là encore, les références médiévales pourront s’avérer porteuses, notamment par le prisme des rêves prophétiques et des angoisses eschatologiques. Comment les œuvres révèlent-elles ou interrogent-elles une conscience aiguë de la fin, une fatalité inscrite dans l’acte même d’écrire ? Les contributions pourront également analyser les témoignages littéraires de drames intimes et familiaux, ou interroger la présence d’une lucidité quant au destin inéluctable. Nous pensons aux œuvres ultimes (œuvres-testaments, œuvres de la fin) mais aussi aux représentations apocalyptiques. Par ailleurs, il s’agira d’explorer les « fatalités heureuses », motif par excellence du cliché et moteur d’une certaine narration propre à la comédie romantique.
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Les propositions, en littérature et autres arts (cinéma, photographie, musique, arts plastiques, etc.), d’une longueur maximale de 300 mots, accompagnées d’une brève bio-bibliographie (maximum 500 signes, espaces comprises), seront transmises à l’adresse suivante : contributions@europhonies.fr avant le 30 juillet 2025. Au-delà des propositions plus classiques sur le plan scientifique, la revue accueille bien volontiers des propositions en recherche-création.
S’il n’y a pas de forme figée, toute création se devra d’être accompagnée d’un volet réflexif, ou de faire montre d’une certaine hybridité, intégrant de fait la réflexion à la création. Les propositions devront permettre de se faire une idée quant à la forme que prendra ce projet.
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Bibliographie indicative
Hélène ACKERMANS, Qu’est-ce que Dieu ? [En ligne], Bruxelles, Presses universitaires Saint-Louis Bruxelles, 1985. https://doi.org/10.4000/books.pusl.7065.
Carole AUROY, Aude PRÉTA DE BEAUFORT, Jean-Michel WITTMANN [dir.], Roman mystique, mystiques romanesques aux XXe et XXe siècles, Paris, Classiques Garnier, Rencontres, n° 290, 2018.
Catherine BELSEY, Tales of the Troubled Dead: Ghost Stories in Cultural History, Edinburgh, Edinburgh University Press, 2019.
Steven BOYER, « The Logic of Mystery », in Religious Studies, vol. 43, n° 1, 2007, p. 89-102.
Roberto CALASSO, La littérature et les dieux [La letteratura e gli dèi, 2002], Paris, Gallimard, Tel, 2013.
Francis DUBOST, Aspects fantastiques de la littérature narrative médiévale (XIIe – XIIIe siècles), Genève, Slatkine, 1991.
John HICK, « God, Evil and Mystery », in Religious Studies [En ligne], vol. 3, n° 2, 1968, p. 539-546. http://www.jstor.org/stable/20004700.
Edit Anna LUKÁCS, Dieu est une sphère. La métaphore d'Alain de Lille à Vincent de Beauvais et ses traducteurs [En ligne], Presses universitaires de Provence, 2019. https://doi.org/10.4000/books.pup.48593.
Lydie PARISSE, « Ésotérisme, modèle mystique et littérature à la fin du XIXe siècle », in Crises de vers [dir. Marie BLAISE, Alain VAILLANT], Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée, Collection des littératures, 2000, p. 275-295.
Robert C. SOLOMON, « On Fate and Fatalism », in Philosophy East and West, vol. 53, n° 4, 2003, p. 435-54.
Auguste VIATTE, Les sources occultes du Romantisme, tomes 1 et 2, Paris, Librairie ancienne Honoré Champion, 1928.
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Notes
1 Henri LAUX, « La raison mystique », in Topique [En ligne], 2003/4, n° 85, p.63-73. DOI : 10.3917/top.085.0063. URL : https://shs.cairn.info/revue-topique-2003-4-page-63?lang=fr.