Agenda
Événements & colloques
Marginalité(s) de Jean-Édouard du Monin. Une figure interculturelle au crépuscule de la Renaissance (Paris Nanterre)

Marginalité(s) de Jean-Édouard du Monin. Une figure interculturelle au crépuscule de la Renaissance (Paris Nanterre)

Publié le par Marc Escola (Source : Pauline Fabiani )

Argumentaire : 

Né à Gy dans le Comté de Bourgogne en 1557 ou 1559, et mort assassiné à Paris en 1586, Jean-Édouard Du Monin est un poète, dramaturge et traducteur qui, dès son époque, s’est révélé tout à fait clivant —aussi n’est-ce peut-être pas un hasard s’il parvient, plus de quatre cents ans après sa mort, à susciter encore l’intérêt. Initié dès son plus jeune âge aux poètes latins et grecs par son maître d’école, Aizot (qui lui-même avait pris la relève d’un père aussi sévère que cultivé, Claude du Monin), le jeune homme développe une écriture reconnaissable par son emphase, son érudition débordante et son caractère tortueux.

Aussi jeune qu’ambitieux, Du Monin s’attire sans tarder les foudres de ses contemporains, tels Agrippa D’Aubigné qui, dans les Aventures du Baron de Faeneste, le raille à travers la périphrase de « poète des chevaux légers [1] ». Alors qu’il est pourtant mort depuis plus de vingt ans, Pierre de Deimier l’épingle à son tour dans son L’Academie de l’art poëtique [2]. Ces derniers lui reprochent essentiellement son pédantisme et sa verve facile, caractéristiques qui font à leurs yeux de Du Monin le rejeton d’un autre temps.

L’œuvre du poète controversé, restée longtemps dans l’ombre par conséquent, n’en est pas moins aussi vaste que diverse —en 1578, les Mélanges latins [3], en 1582, les Amours (contenues dans ses Nouvelles Œuvres [4]), en 1583, l’Uranologie [5], ou encore, en 1585, le Phoenix [6]. Cependant, ces réticences anciennes à l’endroit de cette œuvre ont perduré et, naturellement, assez peu de travaux ont été menés jusqu’aujourd’hui. Sans avoir la prétention de faire de ce poète, au talent inégal, autre chose que ce qu’il a pu être, cette journée d’étude se donne pour objectif d’interroger l’œuvre, atypique, de Du Monin au prisme de sa potentielle « interculturalité ». 

En cette fin de XVIe siècle, Du Monin est en effet à la fois un humaniste qui, pétri de références savantes, a prêté allégeance à l’Antiquité gréco- latine, un citoyen rattaché à un territoire qui n’est politiquement pas de France [7], tout en pratiquant la langue de ce même pays à travers une grande partie de ses œuvres —œuvres qui, par leurs sources et leurs modalités d'écriture, corroboreraient la dimension provinciale mais aussi « interculturelle » de leur auteur. 

Programme :

Première session (10h-12h) : «  Entre poésie néo-latine et poésie vulgaire, le sujet amoureux comme carrefour culturel »

10h-10h30 : Virginie Leroux (Pr, EPHE, PSL) : La « mythologie philosophique et iatriphysique » : Vénus, Vulcain et Cupidon dans les Erotica de Jean-Édouard Du Monin

10h30-11h : Gautier Amiel (ATER, docteur Sorbonne Université) : "Tissant fil contre fil” : la Palinoderotie de Jean-Édouard du Monin et la construction d’un contre-discours amoureux

11h-11h30 : Pauline Fabiani (ATER, doctorante Paris 10) : "Songeant au songe saint de ce divin Pétrarque" : Jean-Édouard Du Monin et l’autorité poétique du Canzoniere 

11h30-12h : débats

Seconde session (14h-16h) : « Le poète à l’œuvre, l’œuvre du philosophe : poétique de recueil et usages de la langue »

14h-14h30 : Anne-Pascale Pouey Mounou (Pr, Sorbonne Université) : Epistémologie et épithétisme : l'inscription de la science chez Jean-Édouard Du Monin 

14h30-15h : Anne Lemerre-Louërat (doctorante Sorbonne Université) : Le lexique météorologique de l’Uranologie de Jean-Édouard Du Monin

15h-15h30 : Vincent Adams Aumérégie (doctorant Sorbonne Université) : ''Je feroy sortir la maison par les fenêtres’’. La (dé)construction de l’œuvre chez Jean-Édouard Du Monin 

15h30-16h : débats – conclusion de la journée

La journée se déroulera à l'Université Paris Nanterre - Bâtiment Max Weber, salle séminaire 1 

 

[1] Agrippa D’Aubigné, Les Aventures du Baron de Faeneste, Quatrième Partie, Chap. XIV « Les Triomphes », Au Dezert. Imprimé aux despens de l'autheur, In-8, BNF, p. 285.
[2] Cf. Jean Lecointe, « Le ‘langage de la my-nuict’ : la poétique de Du Monin au regard de L’Académie de l’art poëtique (1610) de Pierre de Deimier, » Albineana, Cahiers d'Aubigné, 22, 2010. « Une volée de poètes » : D’Aubigné et la génération poétique des années 1570-1610. p. 269-292.
[3] Miscellaneorum poeticorum adversaria, J. Richer (Paris), In-8, BNF
[4] J. Parant (Paris), In-12, BNF
[5] L'uranologie, ou Le ciel : contenant, outre l'ordinaire doctrine de la sphaere, plusieurs beaus discours dignes de tout gentil esprit, G. Julien (Paris), in-12, BNF
[6] G. Bichon (Paris), in-12, BNF. S’y trouve également, entre autres, sa tragédie, L’orbecc-Oronte.
[7] Le Comté de Bourgogne (Franche-Comté de Bourgogne) est, jusqu’au traité de Nimègue, lié politiquement à l’Espagne, cf. Jean Paul Barbier-Müller, Dictionnaire des poètes français de la seconde moitié du XVIe siècle (1549-1615), Tome II (C-D), Genève, Droz, « Travaux d’Humanisme et Renaissance », 2015