
Giovanna Marini : musique, écriture, politique
Maison des Sciences de l’Homme et de la Société (MSHS) Sud-Est
Nice, 9-10 octobre 2025
Le laboratoire LIRCES de l’université Côte d’Azur, en collaboration avec le laboratoire RESO de l’université Paul Valéry-Montpelier 3, organise un colloque international et interdisciplinaire pour rendre hommage à l’une des figures les plus emblématiques de la création contemporaine italienne, Giovanna Marini (1937-2024), et explorer son oeuvre et son héritage.
Musicienne, chanteuse, compositrice, collectrice de terrain, conteuse et pédagogue, mais aussi artiste engagée, Giovanna Marini a marqué dès les années 1960 la culture italienne et, depuis la fin des années 1970, celle d’autres pays européens, dont la France notamment.
Parmi les protagonistes du mouvement revivaliste des musiques traditionnelles en Italie, Giovanna Marini a su construire un parcours artistique singulier, jalonné d’innombrables rencontres humaines et professionnelles avec des artistes, des intellectuels et, surtout, des « passeurs » de cultures musicales de la tradition orale, hommes et femmes. C’est vers ces derniers, en effet, qu’elle se tourne très jeune, après avoir entendu évoquer pour la première fois la notion de « cultura orale » par Pier Paolo Pasolini. S’ensuivent alors des années riches en voyages et découvertes, qui lui permettent, d’abord au sein du Nouvo Canzoniere Italiano (NCI), puis en tant qu’artiste indépendante, d’atteindre le professionnalisme et de créer sa manière singulière de « faire » de la musique et de la transmettre.
C’est par le biais d’une approche empirique que Giovanna Marini s’approprie et transforme les répertoires et les techniques vocales des musiques de tradition orale qu’elle découvre lors de ses voyages et des enquêtes de terrain qu’elle mène sur le territoire italien, et dont elle contribue également à redynamiser les pratiques, dans une démarche que l’on pourrait qualifier de patrimoniale.
Son oeuvre s’étend sur plus de cinquante ans et comprend des ballades, des musiques de film et de scène, des oratorios, des opéras et des poèmes symphoniques, des cantates, des partitions et des livrets, des enregistrements discographiques, ainsi que des oeuvres auxquelles elle a contribué. Ce corpus hétéroclite est le reflet d’une carrière partagée entre la scène et le terrain, et témoigne à la fois de ses intérêts musicaux – mêlant musique savante occidentale et musiques orales et populaires d’Italie et d’ailleurs – et de son profond engagement politique. Dès ses débuts, elle s’impose comme l’une des figures majeures du militantisme de gauche et de la contreculture. Par sa musique et ses textes, elle décrit et dénonce la condition des plus vulnérables et des marginaux, tout en oeuvrant à la construction d’une « histoire chantée » par le bas.
Cet engagement se traduit également en une série d’actions en faveur de la transmission de la musique, notamment la fondation, en 1975 à Rome, dans un quartier défavorisé, avec la collaboration d’autres musiciens, de la première école de musique populaire d’Italie, la Scuola Popolare di Musica di Testaccio. Véritable lieu de partage et laboratoire d’expérimentation, cette école a formé des centaines de jeunes depuis sa création. Son travail pédagogique est également reconnu à l’étranger. En effet, entre 1991 et 2000, l’Université Paris 8 lui confie un cours d’ethnomusicologie appliquée. Mais dès la fin des années 1970 la France occupe une place essentielle dans son parcours artistique, en reconnaissant son statut de compositrice, ainsi qu’en lui confiant la réalisation de plusieurs oeuvres, dont les Cantate de tous les jours (1980).
Afin de valoriser l’oeuvre de Giovanna Marini, son impact et son héritage à l’international nous souhaitons recevoir des propositions d’interventions autour de trois axes : musique, écriture et politique.
Le programme du colloque alternera communications et tables rondes, avec les témoignages de plusieurs collaborateurs de Giovanna Marini et la projection des films documentaires qui lui sont consacrés.
Modalités de participation
L’appel à communication est ouvert aux chercheuses et chercheurs, aux doctorantes et doctorants, aux jeunes docteures et docteurs, aux artistes, ainsi qu’aux professionnelles et professionnels de la musique.
La participation au colloque est gratuite.
Les langues du colloque sont le français et l’italien, sans traduction simultanée.
Les interventions seront d’une durée de 20 minutes chacune et seront suivies de 10 minutes de questions.
Les propositions d’intervention, en français ou en italien, au format PDF (3500 signes maximum, espaces compris, avec prénom, nom, fonctions et lieu d’exercice, adresse électronique, titre de la communication, axe) ainsi qu’une notice biographique (1000 signes maximum, espaces compris) devront parvenir au plus tard le 20 avril 2025 aux adresses suivantes :
isabelle.felici[at]univ-montp3.fr
raffaele.pinelli[at]univ-cotedazur.fr
Les résultats de l’appel seront communiqués courant mai 2025.
Les frais de déplacement et d’hébergement sont à la charge des participants.
Les actes du colloque feront l’objet d’une publication numérique aux éditions de l’Université Côte d’Azur.
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Pour tout renseignement complémentaire : silvia.paggi[at]univ-cotedazur.fr ou raffaele.pinelli[at]univ-cotedazur.fr