
Édition de Jacques Noiray
Septembre 1891. Zola cherche à échapper au naturalisme, il rêve d’une « peinture de la vérité plus large et plus complexe », ancrée dans la réalité contemporaine. C’est à Lourdes que va naître le renouvellement d’inspiration qu’il attendait. Saisi par ce qu’il voit, il rédige le plan d’un roman sur le pèlerinage et la cité des miracles. Le spectacle de cette foule, dans laquelle se joignent le besoin de surnaturel et la misère physique et sociale, va le hanter durablement. En septembre 1892, il a l’idée des Trois Villes, trilogie romanesque dont le héros est un prêtre, Pierre Froment.
Son trajet le conduira de l’espoir d’un christianisme régénéré à l’acceptation d’une autre religion, celle de la science. À la peinture d’une cour des miracles modernes (Lourdes, 1894, qui sera mis à l’index) succèdent des intrigues vaticanes entrelacées à l’histoire d’une passion dévorante (Rome, 1896), puis les scandales politiques, les attentats anarchistes, la finance, la prostitution, l’art, la « cohue » parlementaire (Paris, 1898).
Outre le texte des Trois Villes, la présente édition donne à lire des transcriptions des manuscrits préparatoires, dont plusieurs sont inédites, ainsi que les Journaux que Zola tint lors de ses voyages à Lourdes et à Rome, et qui sont des chefs-d’œuvre de reportage.
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On peut lire sur nonfiction.fr un article sur cet ouvrage :
"Zola : voir Lourdes et écrire", par Anne Coudreuse…
Lire aussi sur en-attendant-nadeau.fr :
"Zola, notre contemporain ?", par Jean Lacoste (7 août 2025)
Que faire après Les Rougon-Macquart ? Que faire après ce tableau exhaustif et magistral en vingt panoramas de la société du Second Empire ? Que faire quand l’inspiration vient à manquer après avoir été si puissante et qu’une autre génération – celle de Maurice Barrès, de Paul Bourget – semble prendre la relève ? Que faire sinon voyager ? C’est lors d’un voyage dans les Pyrénées, en septembre 1891, que Zola se trouve exposé au choc de la vision de Lourdes, de cette foule de pèlerins exaltés qui viennent du monde entier en quête d’un improbable miracle, d’une intervention divine, celle de la Vierge, pourtant si lointaine, de Bernadette Soubirous, si naïve.