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Séminaire TIGRE “Mythes et Illustration” : Changer de peau (Christine Ott et Stéphane Dumas)

Séminaire TIGRE “Mythes et Illustration” : Changer de peau (Christine Ott et Stéphane Dumas)

Publié le par Eloïse Bidegorry (Source : Evanghelia Stead)

Christine Ott

            Changer de peau

            L’exposé présentera la poésie de Michelange et mon dernier ouvrage, Cambiare pelle. Soggettività e creatività nella poesia di Michelangelo (Rome, Carocci editori, 2024).

            Ce livre offre une nouvelle perspective sur la poésie de Michelangelo Buonarroti, mettant en lumière les thèmes de la subjectivité, de la créativité et de l’identité qui sont au cœur de l’écriture rhizomatique de l’artiste. De la lecture des poèmes émerge une interrogation anxieuse sur le danger et les possibilités pour le sujet individuel de changer de peau, de transmigrer dans quelqu’un d’autre. Citant les dogmes théologiques et les doctrines philosophiques, mais s’appuyant aussi sur l’imaginaire collectif du double (Doppelgänger), Buonarroti interroge la relation entre le corps et l’âme, entre la beauté, l’individualité et la créativité. 

            Le sujet lyrique de Buonarroti est un Moi-peau : l’autoportrait troublant où le visage de Michel-Ange nous regarde à travers la peau de saint Barthélemy, lu en relation avec les poèmes de l’artiste et les concepts psychanalytiques du Moi-peau (Anzieu) et de l’extimité (Lacan), prend un sens nouveau.

            On fait ainsi un nouveau pari pour allier la rigueur historico-philologique à une perspective actualisante, où la théorie poststructuraliste du sujet et de l’art restitue à la poésie  du XVIe siècle l’importance qu’elle mérite.

Stéphane Dumas

Les peaux créatrices : la peau du satyre musicien Marsyas dans les arts visuels

            Je m’intéresse à la peau du satyre Marsyas, écorché vif par Apollon à la suite d’un duel musical.

            Nous examinerons quelques traductions plastiques de cette peau, de Michel-Ange jusqu’à l’art biotechnologique, de la Renaissance à l’art actuel. 

            Séparée de son corps, cette peau n’est-elle qu’une simple enveloppe morte, destinée au rebut, un trophée témoignant de la victoire du dieu de la musique, de la lumière, du logos et de l’harmonie ? Ou, au contraire, survivant à l’écorchement, est-elle une matière vivante, une peau douée de capacité créatrice ?

            Le problème peut être posé en ces termes : dans le processus de création, la matière est-elle considérée comme un support inerte informé par l’esprit, ou est-elle un substrat vivant, qui contient potentiellement les formes que la création est sensée lui donner ? 

            Le concept de peau créatrice découle de cette problématique. Il permet de penser l’œuvre d’art comme corps de substitution.