
Sans encore porter ce nom, et modelée en ivoire chez Ovide, Galatée passe au cours des siècles par de nombreuses matières : femme de glaise, comme dans la Bible, façonnée par l’homme ; femme de cire qui se réchauffe sous la main du créateur désirant et se forme à sa volonté ; femme de marbre, hautaine et indifférente à la passion qu’elle suscite ; jusqu’aux femmes-automates, andréides et autres poupées mécaniques qui d’E.T.A. Hoffmann à Villiers de l’Isle-Adam et aux Femmes de Stepford (The Stepford Wives, Ira Levin, 1972 pour le roman et Bryan Forbes, 1975, pour le film) se conforment à ce qui est attendu d’elles. La statue que Claude brise accidentellement dans son atelier dans L’Œuvre (1886) de Zola tombe "d’une chute vivante" tandis qu’il ne parvient pas à donner âme à sa propre œuvre. Quelle que soit la matière dont est fait le corps féminin, c’est bien l’animation, "vice d’artiste" ou perversion masculine, coercition culturelle ou modèle social, désir de modelage ou de manipulation qui est au cœur du mythe. Un volume supervisé par Florence Fix et Corinne François-Denève examine La Revanche de Galatée. Sculptrices : portraits, représentations et personnages au XIXe siècle.