
Le monde contemporain vibre, gronde, tressaute. Une machine infernale, parfois saisissante, souvent chaotique. Alors la machine à écrire s’élance, rumine ce bruit immense puis s’efforce de créer la surprise, la dissonance pour déjouer les couacs et autres fausses notes
d’une société fragmentée.
Avec la collection « Diaporama », l’Imec invite des écrivains à parler de leur propre travail en s’appuyant sur des images de leur choix, à mettre en lumière leurs motifs et leurs processus d’écriture personnels. « Diaporama », ou le roman-photo de la création littéraire aujourd’hui. Après Tanguy Viel, Maylis de Kerangal, Thomas Clerc, Philippe Artières, Olivia Rosenthal, Olivier Cadiot ou Stéphane Bouquet, c’est au tour d'Emmanelle Pireyre de nous proposer son Diaporama.
—
On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article de Pierre Benetti sur cet ouvrage…
[…] Il est aussi question de machine ici, et d’abord d’une ancienne, la télévision : le texte s’organise en dix jours, rendez-vous à 20 h, car quel meilleur horaire pour capter l’auditoire ? Il sera ensuite question de machine à laver, de téléphone, de casque anti-bruit, de domotique, de reconnaissance faciale, d’un grand-père formé par Jules Verne… et surtout du livre comme machine accueillante, susceptible d’inclure « un maximum de monde » et de toujours renouveler la curiosité pour son propre fonctionnement. Alors que « la machine du monde réel, on la connaît déjà suffisamment, on en a soupé ».
Tout cela pourrait conduire à un texte jouant à son propre démontage. Il n’en est rien. Dans un monde où les machines s’en occupent, il est plus difficile de reconstruire des récits que de poursuivre leur démolition : « L’écriture a beaucoup déconstruit, brisé, pulvérisé depuis quelques siècles. Mais voilà la difficulté qui surgit devant nous : qu’est-ce qu’on décompose quand l’ensemble du paysage est déjà désagrégé en fragments hurlants, en fragments gesticulant sur son caillou brûlant ? Il faut recoudre et pacifier. » Faisant corps avec les machines, ce texte non machinal cherche une voie vers « l’anti-machine organisée ». Elle s’ouvre au jour 10." — Pierre Benetti